La Tribune : Que change pour Brico Privé l'arrivée comme actionnaire majoritaire du groupement Les Mousquetaires ?

Julien Boué : C'est avant tout un changement d'actionnaire puisque nous avions déjà dans notre capital le groupe Florac qui a cédé sa participation au groupement Les Mousquetaires. L'évolution majeure vient de la structure de notre actionnariat avec l'arrivée d'un partenaire industriel. Notre partenaire financier Florac nous apportait beaucoup de choses mais pas 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le secteur du bricolage, ce que réalise le groupement Les Mousquetaires qui dispose de trois enseignes : Bricomarché, Bricorama et Brico Cash.

Avec ce partenariat, serez-vous justement plus présent dans les magasins tels  que Bricomarché ?

Il peut être très intéressant de développer le "click and collect". Les Mousquetaires est le troisième groupe d'enseignes de bricolage en France derrière le groupe Adeo (Leroy Merlin, Bricoman) et Kingfisher (Castorama et Brico Dépôt) et le premier des indépendants.

Le "click and collect" permet au client d'aller chercher les commandes réalisées sur notre site internet dans de bonnes conditions puisque ces enseignes disposent toutes d'un parking et de quoi charger les produits volumineux. C'est plus pratique que de récupérer un colis en centre-ville dans un point relais ou à La Poste. Ce système intéresse aussi les points de vente puisque cela génère du trafic en magasin.

Quelles sont les autres synergies envisagées ?

Le partenariat avec Les Mousquetaires nous ouvre beaucoup de portes comme la vente de produits difficiles à commercialiser sur internet, comme par exemple la vente de matériaux ou la vente de produits pondéreux (qui pèsent un poids très élevé). Nous avons acquis au sein de Brico Privé un savoir-faire en matière de ventes privées. Depuis deux ans, nous développons également un stock de produits permanents accessibles dans un délai court. Le groupement Les Mousquetaires peut nous aider à avoir du stock sur ces petits produits de bricolage, comme la colle, le silicone, les vis, où les clients ont besoin d'être livrés très rapidement. Nous assumons de ne pas être leader face des mastodontes comme Amazon, Leroy Merlin ou même Mano Mano qui ont fait le choix d'être des market places avec une logique de volumes. Nous pensons au contraire qu'il n'y a pas besoin de recenser trois millions de références et qu'avec quelques dizaines de milliers de référence, nous couvrons 90% des besoins des bricoleurs. Brico Privé fait plutôt le choix de sélectionner les meilleures marques aux meilleurs prix.

Huit ans après sa création, où en est Brico Privé ?

Brico Privé, c'est deux enseignes Bricoprivé.com et Racetools.fr. La première s'adresse plutôt au client particulier autour de trois univers : le bricolage, le jardinage et l'aménagement de la maison. Racetools est pour le moment très centré sur l'outillage électrique de marque professionnelle pour de petites entreprises du bâtiment. Nous avons aujourd'hui 200 salariés avec une vingtaine de recrutements prévus d'ici la fin de l'année avec des embauches pour le marketing et des développeurs. En 2021, le service client va embaucher une douzaine de collaborateurs. Au niveau du chiffre d'affaires, nous avons atteint sur le dernier exercice 150 millions d'euros et nous visons 200 millions pour 2021.

Quel impact a eu le confinement sur votre activité ?

 Au mois d'avril, Brico Privé enregistré plus +150% de croissance, +100% en mai et nous restons aujourd'hui à +50%. Les gros produits comme le mobilier de jardin se sont beaucoup plus vendus sur internet, les magasins étant fermés.

Vous allez bientôt déménager dans votre nouveau siège social. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous allons déménager le siège social (basé à L'Union et qui regroupe 120 personnes) en janvier 2021 en face de La Cité des startups à Toulouse pour intégrer cet écosystème d'entreprises innovantes. La surface des bureaux va doubler, passant de 1 000 à 2000 m2 , de quoi accueillir les nouvelles personnes recrutées pour notre développement.