Dans l'Aveyron, comment le maroquinier Bleu de Chauffe fidélise ses salariés

Le maroquinier Bleu de Chauffe produit l'ensemble de ses pièces depuis son atelier aveyronnais. A l'opposé de la production de masse, l'entreprise prône un mode de production artisanal et haut de gamme. Un élément qui l'aide à attirer et fidéliser ses salariés d'autant que Bleu de Chauffe mise sur leur confort. Découverte.
Le maroquinier Bleu de chauffe, installé non loin de Millau, mise sur le bien-être de ses salariés.
Le maroquinier Bleu de chauffe, installé non loin de Millau, mise sur le bien-être de ses salariés. (Crédits : Rémi Benoit)

« Nous ne sommes pas une usine. Nous faisons du travail en atelier où le rythme est différent et plus humain », affirme le co-fondateur et designer de Bleu de Chauffe, Alexandre Rousseau.

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Des sacs en cuir et en toile cirée fabriqués dans l'Aveyron

Cette marque de sacs en cuir née 2009 dans l'Aveyron a une place atypique dans la filière française de maroquinerie, qui totalisait un chiffre d'affaires de 3,3 milliards d'euros en 2022 d'après le Conseil national du cuir. Bleu de Chauffe avoisine les quatre millions d'euros de chiffre d'affaires avec plus 24.000 pièces vendues en 2023. L'ensemble de la production est entièrement réalisée par une vingtaine d'artisans depuis un atelier de 1.000 m2 ouvert en 2017 à Saint-Georges-de-Luzençon, avec une vue imprenable sur le viaduc de Millau.

Bleu de chauffe

Au total, une trentaine de salariés travaille pour la jeune marque de maroquinerie, qui fait du made in France son identité (Crédits : Rémi Benoit).

Malgré les volumes, ici, pas question de faire du travail à la chaîne. Les salariés ne sont pas pressés dans leur rythme de production et peuvent prendre le temps nécessaire sur les sacs et autres pièces proposées pour assurer un article d'une qualité haut de gamme. Ainsi, chaque couturier assemble un sac puis le signe personnellement. Après un design du dirigeant Alexandre Rousseau, les prototypes sont réalisés en collaboration par les artisans. Un vrai moyen pour les couturiers de s'épanouir dans leur créativité, puisqu'ils sélectionnent des matières et participent ainsi au développement de nouvelles références.

« Ce système de production sort de la production de masse. Nous ne fonctionnons pas tellement selon la demande. Nous n'avons pas un rythme de travail ni un modèle qui nous permet de multiplier par deux la croissance tous les ans », soutient le designer.

« Le maximum est fait pour fidéliser les salariés »

Avec l'inflation, les salaires ont été revus à la hausse pour garder les employés, mais le dirigeant ne souhaite pas s'étaler sur le sujet. Autre avantage, les artisans les plus anciens ont des voitures de fonction. « Le maximum est fait pour fidéliser les salariés », insiste-t-il. « Ce sont des conditions agréables, que ce soit l'environnement intérieur ou extérieur », déclare Alexandre Rousseau, qui mène la visite. Face au viaduc de Millau et entourés de collines, l'atelier a des jardins en permaculture, mis à disposition de ses travailleurs, qui peuvent s'y servir pour s'approvisionner en fruits et légumes. À l'intérieur, c'est un grand espace ouvert avec des postes individuels, où les salariés peuvent écouter de la musique en travaillant et parler entre eux.

Avec cet environnement de travail, l'entreprise a réussi à attirer au total une vingtaine de salariés à la production, que ce soit en coupe ou en contrôle qualité. La volonté est de valoriser ce retour, surtout artisanal des métiers de la mode. « Ce sont des métiers qui reviennent, affirme Alexandre Rousseau. De plus en plus de travailleurs préfèrent fabriquer de beaux produits de qualité plutôt que de remplir des fichiers Excel toute la journée ».

C'est ce qui a motivé Charlie, couturier chez Bleu de Chauffe à travailler ici. « Il y a une bonne ambiance de travail. Dans le jardin, nous pouvons même se servir en légumes. C'est clairement de bonnes conditions », atteste-t-il. Cet ancien vendeur dans un magasin de mode s'est reconverti dans l'artisanat. Les conditions de travail le motivent à continuer au sein de cette entreprise. Bleu de Chauffe a également mis en place la semaine de quatre jours avec des horaires qui peuvent être aménagées suivant les contraintes personnelles des salariés : « C'est idéal pour les parents qui ont besoin de leurs mercredis après-midi », ajoute le salarié. Charlie et ses collègues pourraient accueillir une à deux recrues au cours de l'année 2024.

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