
« À l'origine, nous nous battions pour que notre boulot ne soit pas délocalisé à l'étranger. Aujourd'hui, nous savons que c'est foutu mais nous ne voulons pas partir avec des miettes », lance un monteur-ajusteur à quelques pas de l'usine.
Depuis plus d'une semaine, la production de l'usine du futur de Latécoère à Toulouse-Montredon est bloquée par plusieurs dizaines de salariés en grève. « Toutes les machines de l'usinage sont à l'arrêt. Plus aucune pièce n'est fabriquée. Sachant que la production de Montredon alimente les autres sites du groupe, la grève impacte aussi les sous-traitants et les clients », font remarquer Jean-Yves et Michel, usineurs au sein du groupe aéronautique. Les salariés et la CGT, qui soutient cette grève illimitée, espèrent avec ce mouvement faire pression pour obtenir de meilleures conditions de reclassement et de départ.
Rassemblement devant l'usine de Latécoère à Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).
« Des indemnités bien supérieures » d'après FO
Dans le même temps, quatre mois après l'annonce de la délocalisation de cette usine du futur inaugurée en 2018 vers le Mexique et la République Tchèque, la direction de Latécoère a annoncé avoir signé mardi un accord avec les syndicats majoritaires du groupe (FO et la CFE-CGC). Le texte portant sur la GEPP (gestion des emplois et des parcours professionnels) prévoit un certain nombre d'aménagements pour les 109 salariés concernés par la réorganisation de l'usine.
« Nous avons obtenu des mesures d'accompagnement pour les formations en interne, des projets personnels et pour ceux qui seraient susceptibles de partir vers d'autres entreprises. Le montant des indemnités varie en fonction de l'âge de 4.000 à 11.000 euros avec une prime complémentaire de 11 000 euros. C'est bien supérieur à ce que la direction avait proposé au début des négociations », estime Stéphane Faget, secrétaire du syndicat FO Latécoère (deuxième syndicat du groupe aéronautique après la CFE-CGC).
Par ailleurs, le syndicat se félicite d'avoir obtenu le maintien au sein de l'usine toulousaine de certaines activités qui devaient à l'origine être transférées à l'étranger. « Cela concerne le speedshop, c'est-à-dire un petit îlot de machines outils, le laboratoire qui permet de mener des essais sur les pièces, l'imprimante 3D et le contrôle tridimensionnel. Nous nous sommes battus avec la direction pour prouver qu'il s'agissait de secteurs d'activité qu'il fallait absolument conserver », précise Stéphane Faget.
Neuf machines d'usinage vont être transférées en République Tchèque et au Mexique. (Crédits : Rémi Benoit)
Le réorganisation prévoit désormais « le transfert, à proximité des installations clients, de huit machines d'usinage cinq axes de Toulouse-Montredon vers l'usine Latécoère de Prague et d'une machine d'usinage trois axes vers l'usine d'Hermosillo », indique la direction. « Planifiée à moyen terme, cette évolution représente pour le site de Toulouse-Montredon la perspective de renouer durablement avec la croissance et la rentabilité », ajoute-t-elle.
Le groupe aéronautique a présenté aux syndicats des éléments chiffrés montrant que l'activité actuelle de l'usine n'est pas rentable. « Nous n'avons toujours aucun élément sur le projet industriel. La direction a seulement présenté une page de powerpoint » considère pour sa part Florent Coste, secrétaire général CGT de Latécoère. Le syndicaliste imagine déjà d'autres actions dans les prochaines semaines pour interpeller la direction. Une mobilisation qui pourrait prendre un tournant politique puisque lors du rassemblement organisé devant l'usine ce mercredi matin les députés Nupes Anne Stambach-Terrenoir et Christophe Bex ont apporté leur soutien à la grève et pourraient contribuer à l'organisation de futures actions.
Deux députés Nupes étaient venus soutenir le rassemblement (Crédits : Rémi Benoit).
Sujets les + commentés