Usine Bosch de Rodez : accord de transition signé entre la direction et les syndicats, cap sur l'hydrogène

Tous les syndicats et la direction de Bosch se sont mis d'accord sur l'accord de transition concernant l'usine Bosch de Rodez. Si 700 emplois sur 1200 vont être supprimés d'ici fin 2025, ceux-ci se feront sans licenciements contraints. Par ailleurs, les représentants du personnel ont obtenu un plan de charges pour les salariés tourné en grande partie vers une pile à combustible à hydrogène pour le transport frigorifique. Le groupe allemand promet "plusieurs dizaines de millions d'euros" sur le site ruthénois pour ce projet. Le PDG de Bosch France-Benelux prend la parole dans La Tribune pour justifier ces décisions.
Les salariés de l'usine Bosch de Rodez ont approuvé l'accord de transition signé entre les syndicats et la direction.
Les salariés de l'usine Bosch de Rodez ont approuvé l'accord de transition signé entre les syndicats et la direction. (Crédits : Pierrick Merlet)

C'est en quelque sorte le dilemme où nous pouvons voir le verre à moitié plein... ou à moitié vide. La totalité des syndicats de l'usine Bosch de Rodez (CFE-CGC, CFDT, SUD et CGT) ont signé jeudi 9 décembre un accord de transition avec la direction de l'équipementier allemand, après près de neuf mois de négociations. Celui-ci officialise dès lors la suppression de 700 emplois sur 1.200 au sein du site ruthénois, d'ici fin 2025, comme annoncée en mars dernier.

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À l'heure où le thème de la ré-industrialisation de la France prend de plus en plus d'ampleur dans le débat public, notamment depuis le début de la crise sanitaire, il peut être regrettable de constater que 700 emplois vont disparaître dans une usine qui en comptait encore plus de 2.000 il y encore quelques années. Surtout dans un département rural comme l'Aveyron, déjà confronté à la fermeture prochaine de la fonderie SAM et ses 350 emplois.

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Néanmoins, ce site qui était totalement dépendant du marché du diesel il y a encore quelques mois (qui a mené d'ailleurs à ce plan social), en produisant en grande majorité des injecteurs pour ce type de moteurs, va totalement pivoter vers une technologie d'avenir, à savoir l'hydrogène. Un secteur qui offre certainement une meilleure pérennité aux 500 postes de travail sauvegardés dans le chef-lieu de l'Aveyron.

"Je ne suis pas enthousiaste en raison de la gravité de la situation avec les emplois supprimés, mais tout de même content d'avoir trouvé un accord avec tous les représentants du personnel. C'est tout ensemble que nous allons arriver à faire un grand projet", a réagi auprès de La Tribune Heiko Carrie, le PDG de Bosch France Benelux.

Une alternative en cas d'échec sur la diversification hydrogène du site

Pour garantir la pérennité du site, cet accord de transition qui court jusqu'à la fin de l'année 2028 est "basé sur la diversification", selon le dirigeant. Au-delà du maintien de quelques produits diesel "notamment pour les poids lourds" et des services dans l'industrie 4.0, l'équipementier allemand mise sur un projet de pile à combustible à hydrogène pour le transport frigorifique. Actuellement en phase de tests sur route avec ses partenaires sur ce projet que sont le groupe STEF et Lambert, cette pile, subventionnée avec France Relance dans son développement, doit remplacer les groupes froids à motorisation diesel, bruyantes et polluantes.

"L'usine de Rodez devient l'usine mère à l'échelle du groupe, dans le monde entier, pour la production de cette pile à combustible. Bien que nous sommes pour le moment qu'à une phase de tests, nous allons enclencher les investissements nécessaires sur place pour que ce projet soit une réussite. Nous mettrons les moyens nécessaires et cela se chiffrera en plusieurs dizaines de millions d'euros", tient à préciser Heiko Carrie, voulant rassurant les salariés et les élus locaux qui attendent des précisions sur les investissements futurs sur le site ruthénois.

En cas de retard (voire d'échec) dans le développement de ce produit, qui pourrait débarquer sur le marché en 2025, l'accord de transition signé entre les syndicats et la direction prévoit que la perte d'activité pour les 500 salariés de "La Bosch" soit compensée par des activités alternatives qui se trouvent déjà dans le groupe. Par ailleurs, l'équipementier allemand a déjà investi dix millions d'euros pour internaliser la production de sept produits jusqu'alors sous-traitée et ce paramètre pourrait aller jusqu'à douze.

"La CFDT reste cependant sceptique sur la vision industrielle et notamment les risques pschycosociaux, le projet formation, la charge de travail, à la suite du départ progressif de 750 salariés", a fait savoir le syndicat dans un communiqué.

Pas de licenciements contraints mais...

Pour réduire le nombre d'emplois sur place, les représentants du personnel ont négocié actuellement avec la direction les contours d'un plan de départs à la retraite anticipés de 450 personnes, en plus d'un plan de départs volontaire, "très attractif" selon le PDG de Bosc Benelux-France. En plus de ces portes de sortie, les syndicats ont obtenu gain de cause sur leur principal combat, à savoir l'engagement que la direction ne procédera à aucun licenciement contraint jusqu'à la fin de l'année 2028. "C'est une ligne rouge", avait prévenu il y a quelques semaines auprès de La Tribune Pascal Raffanel, le délégué syndical CFE-CGC de l'usine Bosch à Rodez. En l'échange de quoi, les salariés vont abonder un fonds de réserve pour financer l'éventuel sureffectif à fin 2025, date limite pour arriver aux 500 salariés.

"Notre cible est d'atteindre exactement les 513 salariés à fin 2025. Jusqu'à 550 personnes, c'est Bosch qui financera le surcoût, au-delà ce sera ce fonds de réserve abondé notamment par le gel des salaires. Mais s'il n'est pas utilisé, il sera évidement restitué aux salariés", promet le dirigeant de Bosch.

Un modèle que semble avoir accepté les salariés de l'usine de Rodez à la majorité. Sur les 72% qui ont participé à un référendum organisé par les syndicats, près de 87% ont validé les contours de cet accord, qui doit promettre un avenir à certains d'entre eux. Cet accord de transition prendra effet dès le mois de janvier.

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Commentaire 1
à écrit le 11/12/2021 à 10:28
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En France on ne ferme pas une usine directement mais progressivement. 700 sur 1200 c'est comme si on avait 2 usines de 700 et 500 et on ferme l'usine de 700 personnes. Tremery est passé doucement de 6000 à 1500 avec la délocalisation en tchequie. Et ...

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