Bosch Rodez : une baisse des salaires pour éviter les licenciements secs en 2025 ?

Plusieurs mois après l'annonce d'un plan social de 700 postes supprimés au sein de l'usine Bosch de Rodez, les négociations patinent encore en raison du risque de licenciements contraints à horizon fin 2025. Néanmoins, une majorité de salariés se dit prête à couper dans leur rémunération pour financer un éventuel sureffectif, via la création d'un fonds de réserve. Ce que n'acceptent pas certains syndicats. Explications.
Les salariés de l'usine Bosch de Rodez veulent éviter les licenciements contraints.
Les salariés de l'usine Bosch de Rodez veulent éviter les licenciements contraints. (Crédits : Pierrick Merlet)

Impactée par la baisse des ventes de moteurs diesels dans le parc automobile, l'usine Bosch de Rodez (Aveyron) fait l'objet d'un plan social devant supprimer 700 emplois (sur 1.200) d'ici à fin 2025. Néanmoins, depuis l'annonce de cette réduction d'effectifs début mars, les négociations patinaient en raison de la menace de licenciements contraints brandie par la direction de l'équipementier en cas de sureffectifs à cette échéance. "La direction de Bosch montre peu de bonne volonté sur ce point", regrettait-on dans les rangs du conseil régional d'Occitanie, impliqué dans les négociations, encore à la fin du mois d'août.

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Trois semaines plus tard, ce point ne semble toujours pas réglé et face à l'inquiétude entourant leur avenir, une majorité de salariés de l'usine aveyronnaise seraient prêts à faire des concessions pour éviter des licenciements contraints dans quatre ans.

"La direction a proposé un système à l'allemande, à savoir une baisse proportionnelle du salaire à la charge de travail. Mais juridiquement, en France, c'est impossible. Alors, Bosch a mis sur la table la création d'un fonds de réserve chez le notaire pour financer le sureffectif éventuel et éviter ainsi les licenciements contraints. La direction a dit c'est à prendre ou à laisser", rapporte à La Tribune Pascal Raffanel, le délégué syndical CFE-CGC de l'usine Bosch à Rodez.

Suite à cette proposition, les syndicats ont consulté les salariés du site industriel spécialisé dans les injecteurs pour moteur diesel. Selon le syndicaliste, seulement 56% des salariés seraient pour ce fonds de réserve, et parmi ceux qui votent non, 70% se disent prêts à se mobiliser contre le fonds des négociations.

Division entre les syndicats sur le sujet

Joint par La Tribune, la direction du groupe Bosch précise que "la signature d'un accord majoritaire avec les représentants du personnel est une condition essentielle à la concrétisation des éléments du projet industriel et à l'implantation des mesures sociales proposées". Une précision loin d'être anodine car l'intersyndicale semble se fissurer, alors que le plan social doit prendre effet au 1er janvier 2022. Pour le moment, les syndicats SUD et CGT sont opposés à l'idée d'un fonds de réserve financé par les salariés, tandis que la CFE-CGC se dit prête à négocier les contours de ce mécanisme complexe.

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La première version de ce fonds consiste à prélever en 2022, 2023 et 2024, à chaque salarié et par année, une somme de 1.000 euros sur la prime d'intéressement. Un apport auquel il faut ajouter une partie de la cotisation au CE de l'entreprise. "Un sytème inéquitable", pour Pascal Raffanel, dont l'organisation a proposé une autre approche. La CFE-CGE propose un gel des futures augmentations de salaire et des hausses du salaire de base. "Avec ce modèle, les salariés actifs comme les pré-retraités y participeraient", poursuit le syndicaliste.

Si fin 2025, l'usine Bosch de Rodez ne compte plus que 550 salariés (une tolérance de 50 postes a été proposée par la direction), alors l'argent récoltée sera restituée, sinon elle permettra de financer les surplus d'effectifs. Pour réduire le nombre d'emplois sur le place, les représentants du personnel négocient actuellement avec la direction les contours d'un plan de départs à la retraite anticipés de 450 personnes. De plus, un plan de départs volontaires est aussi en négociations.

"Les discussions avec les représentants du personnel concernent aussi l'élargissement d'accès au plan de départs à la retraite anticipée et la possibilité de meilleures indemnités financières pour les candidats au départ volontaire", commente la direction de Bosch.

Un projet dédié à l'hydrogène qui avance

En contre-partie, les syndicats doivent obtenir un plan de charges pour les salariés sur au moins six ans. En plus de la ré-internalisation d'activités sur le site de Rodez, Bosch veut faire de celui-ci une vitrine de son savoir-faire en matière d'hydrogène.

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Le groupe allemand promet ainsi une trentaine de millions d'euros d'investissement pour le site industriel de l'Aveyron, autour d'un projet nommé Fresh 2. Ce dernier a par ailleurs déjà reçu un soutien financier dans le cadre de France Relance et les collectivités locales devraient en faire de même par la suite.

Ce projet développé dans l'Aveyron depuis plusieurs mois consiste en la mise au point d'un pile à combustible à hydrogène pour le transport frigorifique. Récemment, dans un communiqué, Bosch a annoncé le lancement d'une phase d'essais en route avec le groupe STEF, en France.

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