Rodez : Emmanuel Macron espéré à "La Bosch"

Le président de la République, Emmanuel Macron, est en déplacement à Rodez, jeudi 26 septembre pour lancer son grand débat national sur la réforme des retraites. Seulement, dans la capitale ruthénoise, l'usine Bosch, premier employeur privé du département de l'Aveyron, et ses 1500 emplois sont menacés par la chute des ventes des moteurs diesel. Ses salariés espèrent pouvoir échanger avec le chef de l'État, en plus de la rencontre prévue avec le ministre de l'Économie.
Emmanuel Macron se rendra-t-il, comme en 2016, sur le site Bosch de Rodez ?
Emmanuel Macron se rendra-t-il, comme en 2016, sur le site Bosch de Rodez ? (Crédits : Pierrick Merlet)

Le grand débat citoyen pour préparer la réforme des retraites sera lancé jeudi 26 septembre, à 18h30, à la salle des fêtes de Rodez. Ce premier débat, qui doit réunir des centaines de participants pour échanger sur ce prochain bouleversement social, sera animé par Emmanuel Macron lui-même.

Seulement, ces derniers mois, la ville de Rodez et le département de l'Aveyron sont au centre de l'actualité automobile. La capitale du département abrite sur son territoire "La Bosch", comme elle est appelée par les habitants. Cette usine, qui compte 1 500 emplois et qui en fait le premier employeur privé de l'Aveyron, est spécialisé sur la production d'injecteurs pour moteur diesel. Des emplois menacés par la chute des ventes de ce type de moteur.

Rien que dans l'Hexagone, le diesel équipait 40 % des véhicules vendus en 2018, selon les estimations du Comité des constructeurs français d'automobiles, contre 73 % en 2012. Une telle dégringolade n'est pas sans conséquence pour le site ruthénois.

Lire aussi : Enquête : Rodez redoute la fermeture de "La Bosch"

"En 2003, nous étions 2 300 salariés contre 1 540 aujourd'hui, et 300 emplois sont menacés à l'échéance 2021", exposait récemment à La Tribune Yannick Anglarès, délégué syndical CGT au sein de l'usine.

"Nous produisions 3,2 millions d'injecteurs en 2015 avec deux lignes et le projet de Bosch est de passer à 1,5 million de pièces produites annuellement avec une seule ligne à l'horizon 2020-2021", ajoutait même Cédric Belledent, délégué syndical Sud.

Par conséquent, 300 emplois sont menacés d'ici 2021. La direction du groupe allemand s'est engagée à trouver des axes de diversification pour les sauver (aéronautique notamment, ndlr). Mais au final, Bosch table sur 500 emplois menacés à horizon 2025 face aux perspectives du marché européen sur le diesel.

Une manifestation face au débat sur les retraites ?

Devant cette situation, les syndicats de l'usine espèrent rencontrer le président de la République pour lui faire part de leurs inquiétudes. D'ailleurs, Emmanuel Macron s'était rendu sur le site industriel au début du mois d'août 2016, encore à l'époque ministre de l'Économie, quand les premières inquiétudes sur l'avenir du site apparaissaient.

Pour le moment, seule une réunion de 1h30 était prévue dans la matinée du 26 septembre, à la préfecture de l'Aveyron, avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, pour les représentants du personnel de "La Bosch". Celui-ci a déclaré à l'issue de celle-ci "ne pas être satisfait de la situation de l'usine" et a demandé "à rencontrer rapidement le président de Bosch pour voir ce qu'il est possible de faire".

"La situation de l'usine se dégrade de semaine en semaine... Nous avons énormément insisté pour essayer d'obtenir une rencontre et lui faire part de deux aspects majeurs. Tout d'abord, nous attendons un arbitrage sur le classement en vignette Crit'Air 1 des nouveaux moteurs diesel suite à une étude indépendante en cours de réalisation (des ventes à la hausse pour les moteurs diesel sont espérées avec un tel classement, ndlr).

Les résultats étaient annoncés pour décembre 2019, finalement ils seront connus pas avant le dernier trimestre 2020, ce qui est bien trop loin pour nous. Enfin, nous souhaitons que l'État accompagne l'usine dans la recherche d'axes de diversification d'activité", expliquait mercredi 25 septembre Pascal Raffanel, délégué syndical CFE-CGC Bosch Rodez.

"Nous ferons en sorte de nous faire entendre quoi qu'il arrive si nous n'obtenons pas ce rendez-vous", promet Yannick Anglares, le secrétaire de la CGT au sein de l'usine. Ainsi, une assemblée générale est prévue devant les portes de l'usine, en début d'après-midi, pour faire un compte-rendu aux salariés du rendez-vous avec Bruno Le Maire. Par la suite, un vote sera organisé pour savoir si les salariés et les syndicats organisent une marche jusqu'au lieu du débat sur les retraites où est attendu Emmanuel Macron en fin d'après-midi.

"La situation est aujourd'hui connue, elle est grave et nécessite tant pour l'avenir de la Sam (Société Aveyronnaise de Métallurgie) que pour le site de Bosch, une rencontre avec le Président de la République et les ministres concernés à Rodez, le 26 septembre", insiste Jean-Louis Chauzy, le président du Conseil économique, social et environnemental d'Occitanie (Ceser).

Un autre site industriel de l'Aveyron en danger

En effet, il n'y a pas qu'au sein de "La Bosch" que la situation est inquiétante... Au sein de la Sam, sous-traitant automobile situé à Viviez près de Decazeville, vient d'être annoncée la suppression prochaine de 250 emplois, soit la moitié des effectifs.

Reprise en 2017 par le groupe chinois JinJiang, cette entreprise doit faire face à une baisse importante des commandes de ses donneurs d'ordres, dont le groupe Renault, son principal client. Les syndicats ont eux aussi été reçus à la préfecture par le ministre de l'Économie, mais ils espèrent également une entrevue avec le chef de l'État.

"Si le timing pour nous voir est trop serré, il serait juste que le maire de Rodez (faisant régulièrement part de son inquiétude pour notre usine) annule, à notre profit, la cérémonie à 16h30 au cours de laquelle Emmanuel Macron doit lui remettre la Légion d'Honneur", estime Yannick Anglares.

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