L'Enac s'allie avec Air Caraïbes et French Bee pour mieux comprendre les attentes des passagers

À Toulouse, l'École nationale de l'aviation civile (Enac) lance la première chaire mondiale dédiée aux nouvelles attentes des passagers. Depuis la crise sanitaire, les consommateurs sont notamment beaucoup plus vigilants à l'impact environnemental du transport aérien. Une série d'enquêtes sera menée sur cinq ans pour tester de nouvelles options de voyage. Ces travaux pourront servir aux compagnies aériennes comme Air Caraïbes et French Bee à adapter leur programme de vol et leurs services d'intermodalité.
L'École nationale de l'aviation civile (Enac) lance la première chaire mondiale dédiée aux nouvelles attentes des passagers.
L'École nationale de l'aviation civile (Enac) lance la première chaire mondiale dédiée aux nouvelles attentes des passagers. (Crédits : Rémi Benoit)

Avec cinq milliards de passagers attendus et près de 1.000 milliards de chiffre d'affaires, le transport aérien va connaître la plus forte année de son histoire d'après les chiffres de l'Association internationale du transport aérien (Iata), enterrant définitivement le précédent record datant de 2019 avec 400 millions de passagers supplémentaires - et par là même la crise sanitaire.

Première chaire mondiale sur le comportement des passagers

Pour autant, « depuis le Covid, la demande structurelle des consommateurs a évolué avec une prise de conscience de l'impact environnemental du secteur aérien », remarque Estelle Malavolti. Cette professeure à l'ENAC, par ailleurs chercheuse associée à TSE (Toulouse School of Economics) spécialisée dans la concurrence entre compagnies aériennes, est à la tête de la nouvelle chaire de l'École nationale de l'aviation civile consacrée aux nouvelles attentes des passagers. « La chaire Travel (pour susTainable aiR mobility and new pAssenger behaViour modELisation) est la première en France appliquant les sciences économiques au transport aérien et la première au monde à orienter ses travaux sur le comportement des passagers », indique l'établissement.

Formation de référence en France pour les pilotes de ligne et les contrôleurs aériens, l'Enac avait déjà créé ces dernières années deux autres chaires (sur les drones et une autre dédiée à la sécurité aérienne) avec le soutien notamment d'Airbus avant de lancer il y a an sa propre fondation Cela permet d'asseoir la double casquette de l'école avec à la fois l'enseignement supérieur et notre capacité à accompagner l'écosystème dans ses travaux de recherche », Olivier Chansou, directeur général de l'Enac.

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Sonder les consommateurs sur de nouveaux modèles économiques

Pendant cinq ans, une série d'enquêtes sera menée auprès des consommateurs pour évaluer leurs attentes en matière de transport. « Nous allons les interroger sur les voyages déjà effectués et les tester sur différentes options de trajet. Par exemple, que privilégient-ils entre un vol à 8h du matin qui correspond parfaitement à leurs contraintes d'organisation et un vol à 9h du matin qui décale légèrement leur planning mais qui s'effectue à bord d'un avion ultra moderne avec des émissions de CO2 réduites », développe Estelle Malavolti. Les chercheurs vont aussi tester les choix de voyage des participants par rapport à une évolution du prix du billet d'avion.

Autant de données qui seront scrutées de près par les compagnies aériennes, à commencer par Air Caraïbes et French Bee, qui ont apporté un soutien à la chaire.

« Les consommateurs ont parfois une perception du prix de l'aérien très éloignée de la réalité. Nous avons notamment démocratisé l'usage de l'avion à Tahiti en lançant une offre biclasse. Par ailleurs, French Bee opère une flotte d'avions modernes très économiques en CO2 », relève Christine Ourmières-Widener, PDG d'Air Caraïbes & présidente de French Bee.

Autre paramètre qui pourrait être testé, les attentes des voyageurs en matière d'intermodalité. Air Caraïbes a déjà mis en place avec la SNCF une offre Train+Air avec une seule réservation incluant un vol et un acheminement en TGV au départ ou à l'arrivée de Massy TGV, la gare la plus proche de l'aéroport de Paris Orly. « Nous observons une progression timide à l'échelle du potentiel de clients qui pourraient être intéressés par une telle offre », remarque Christine Ourmières-Widener. D'autres opportunités combinées entre avion et rail pourraient s'ouvrir avec l'arrivée le 24 juin du prolongement de la ligne 14 du métro parisien jusqu'à l'aéroport de Paris-Orly.

La dirigeante souligne l'importance d'avoir des données scientifiques sur le comportement des passagers « face aux investissements énormes consentis par les compagnies pour réaménager les cabines et remanier l'offre produits ». « Cela demande un amortissement sur plusieurs années », ajoute-t-elle.

Des discussions sont déjà engagées avec d'autres organisations (compagnies aériennes, aéroports, organisations du transport routiers ou du rail) qui pourraient également soutenir également la chaire à terme.

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