Toulouse voit naître le premier centre européen d'hydrologie spatiale

A Toulouse, de grands noms du spatial comme le CNES, CS Group, Magellium ou la startup VorteX-io se sont alliés pour créer HydroVenture, le premier centre européen d'hydrologie spatiale. Face au changement climatique, l'idée est de créer des services à partir des données spatiales pour mieux gérer les inondations, les sécheresses et la qualité de l'eau.
(Crédits : Rémi Benoit)

C'est l'un des plus grands fleuves d'Afrique. S'étendant sur 4.700 km de long et avec une largeur pouvant aller parfois jusqu'à 30 km, le Congo reste pourtant encore mal connu. Le nombre de stations d'observation installées sur le terrain a été drastiquement réduit ces dernières années pour tomber à une quinzaine, couvrant difficilement les trois millions de kilomètres carrés du bassin. En cause : le coût élevé pour entretenir ces infrastructures, la complexité à organiser des déplacements vers leurs emplacements parfois difficiles d'accès. Le Congo n'est pas un cas isolé, le nombre de relevés in situ ne fait que décliner d'après le Global Runoff Data Centre. D'où l'idée de faire appel au spatial pour pallier cette déficience de données.

Le spatial en renfort face au changement climatique

A Toulouse, des grands noms du spatial comme le CNES, CS Group, Magellium ou la startup VorteX-io se sont alliés pour créer HydroVenture, le premier centre européen d'hydrologie spatiale. Face au changement climatique, l'idée est de créer des services à partir des données spatiales pour mieux gérer les inondations, les sécheresses et la qualité de l'eau.

Les enjeux sont colossaux : « La demande mondiale en eau va grandir de plus de 50% d'ici 2050 et la population exposée aux inondations devrait augmenter de 20% d'ici 2050. Le risque d'inondation est le premier risque naturel en France où un tiers de la population est exposée », rappelle Guillaume Valladeau, co-fondateur de VorteX-io.

« Aujourd'hui, les données in situ sont insuffisantes et nous voulons répondre à ce besoin de gestion et de suivi de l'eau en utilisant les données spatiales. Ces dernières fournissent une source croissante de données d'observation de la Terre à l'échelle globale. Elles continuent à s'améliorer et à être de plus en plus opérationnelles, et nous allons nous appuyer dessus pour créer des services à forte valeur ajoutée », avance Joël Dorandeu, responsable de l'unité observation de la Terre de Magellium.

Jumeaux numériques des cours d'eau

Une poignée de services sont déjà opérationnels et portés par les membres fondateurs d'HydroVenture. CS Group a reçu un soutien de France 2030 pour s'appuyer sur les données spatiales pour réaliser l'inventaire et de suivi des stocks d'eau, Magellium surveille la qualité des plans d'eau. Pour sa part, VorteX-io s'est inspirée de technologies du spatial pour créer des jumeaux numériques des fleuves et rivières afin de proposer, à moindre coût, un service de surveillance en temps réel et de prédiction des crues ou des sécheresses.

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La création de la joint-venture partenariale HydroVenture vise à allier les efforts des acteurs pour peser davantage dans les appels d'offres lancés par la commande publique. Mais l'ambition est aussi d'offrir des services à destination d'un large panel d'acteurs privés. A commencer par les assurances qui font face à une explosion du montant des dommages liés aux risques naturels, ouvrant un débat sur l'assurabilité des biens. La caisse centrale de réassurance estime ainsi que pour le péril inondation, le coût moyen annuel devrait augmenter de 15% par an d'ici à 2050 en raison de l'aléa climatique, soit plus de 148 millions d'euros.

« Il existe par exemple un projet avec le CNES pour détecter l'arrivée d'inondations jusqu'à l'évaluation des dommages post inondations et l'évaluation des actifs impactés grâce à la complémentarité entre les disciplines spatiales, cite Guillaume Valladeau. Mais d'autres applications émergent dans l'agriculture, la navigation fluviale intelligente, l'énergie, la surveillance des barrages hydrauliques... »

HydroVenture vise 40 à 50 millions d'euros de revenus annuels d'ici 2031 via le déploiement de ce type de services.

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