L'aéroport Toulouse-Blagnac s'allie avec TotalEnergies pour proposer du carburant d'aviation durable

Depuis le mois de mars, l'aéroport Toulouse-Blagnac fait venir par camion d'un site de TotalEnergies à Bordeaux des carburants d'aviation durable produits à partir d'huiles de cuisson usagées. Les SAF représentent désormais 4% des carburants disponibles sur le quatrième aéroport régional français. Même s'ils restent plus chers que le kérosène classique, ces carburants connaissent un intérêt grandissant auprès des compagnies aériennes pressées de montrer leur engagement dans la décarbonation du secteur.
Depuis le mois de mars, l'aéroport Toulouse-Blagnac fait venir de Bordeaux des carburants d'aviation durable produits par TotalEnergies.
Depuis le mois de mars, l'aéroport Toulouse-Blagnac fait venir de Bordeaux des carburants d'aviation durable produits par TotalEnergies. (Crédits : Rémi Benoit)

Après Le Bourget, Clermont et Bordeaux-Mérignac, c'est au tour de l'aéroport Toulouse-Blagnac de s'allier avec TotalEnergies pour s'alimenter en carburant d'aviation durable (SAF). Depuis le début du mois de mars, le quatrième aéroport régional français achemine deux fois par semaine depuis la raffinerie de Bassens, en Gironde, un biocarburant produit à partir d'huiles de cuisson usagées et mélangé à hauteur de 30% avec du carburant traditionnel (JET-A1).

4% de l'avitaillement total de la plateforme

Le carburant est transporté par camion à raison de deux chargements de 40 m3 par semaine. « Cette nouvelle filière SAF représente désormais 4% de l'avitaillement total de la plateforme (sachant que l'aéroport se fait livrer au total 2.000 m3 par semaine, ndlr), soit deux fois plus que ce qu'exigent les mandats européens en 2025 », a salué Philippe Crébassa, le président du directoire de l'aéroport le 26 mars dernier.

 Le règlement européen Refuel adopté en septembre 2023 imposera dès 2025 d'incorporer 2 % de SAF - biocarburants et carburants synthétiques - dans le kérosène des vols en et au départ de l'Europe. Puis 6 % en 2030 avant 34% en 2040 puis 70 % à l'horizon 2050.

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« Ce projet est le point d'amorce pour démarrer l'avitaillement des avions en carburant d'aviation durable. Cela permet de répondre aux compagnies aériennes qui nous demandaient si l'on avait du SAF à Toulouse », commente Alain de la Meslière, directeur général des opérations de l'aéroport de Toulouse Blagnac.

Plus cher mais meilleur en termes d'image

Très rare, ce carburant coûte encore au moins le double du kérosène classique. Mais ce prix élevé est compensé en partie. « En termes d'image, les compagnies aériennes l'affichent comme une volonté d'être plus dynamique dans cet essor de la décarbonation, ajoute-t-il. La présence à Toulouse d'Airbus qui est un très gros client sur certaines lignes et qui a mis en place une politique de transport pour ses salariés plus vertueuse nous épaule pour peser sur l'essor d'un transport plus propre. » Les vols entre Toulouse et Hambourg, où Airbus dispose de lignes d'assemblage, font ainsi partie des cibles envisagées pour développer les SAF.

A terme, l'aéroport de Toulouse aimerait acheminer du biocarburant pur (non dilué dans du kérosène) et réaliser le mélange au plus près de l'aéroport pour souci d'optimisation.

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Centrales photovoltaïques et hydrogène

Outre l'arrivée des SAF, l'aéroport Toulouse-Blagnac entend atteindre zéro émission nette d'ici 2029 sur les émissions directes liées à la combustion d'énergies fossiles sur l'aéroport (c'est ce qu'on appelle le scope 1) mais aussi les émissions directes liées à sa consommation d'électricité (scope 2). « Nous avons quatre leviers d'action : le chauffage, l'électricité, les groupes électrogènes et la flotte de véhicules de l'aéroport », liste Philippe Crébassa.

« L'aéroport va commencer par construire cette année deux centrales photovoltaïques en ombrières sur les parcs éco qui entreront en service en 2025. La première servira quasi exclusivement à la consommation de l'aéroport et fournira plus de 25 % de ses besoins d'électricité. La seconde va réinjecter l'électricité produite sur le réseau. Près de 17 millions d'euros seront investis pour la construction de ces deux centrales qui fourniront 16.000 mégawattheure, soit la consommation annuelle de plus de 1.000 foyers », détaille le président du directoire.

Par ailleurs, la plateforme a renouvelé l'éclairage de plusieurs parkings en investissant un million d'euros pour un passage aux LED qui permet d'économiser 40% d'énergie. L'aéroport a aussi investi six millions d'euros pour le passage en LED de l'éclairage côté pistes.

Depuis décembre dernier et l'inauguration de la station HyPort, l'hydrogène vert est utilisé dans les opérations aéroportuaires pour deux bus à hydrogène qui contribuent au transport de passagers vers les avions (côté piste) et les parcs autos (côté ville). La station permet aussi de recharger des groupes électrogènes qui alimentent les avions en électricité lorsqu'ils sont au sol (démarrage, conditionnement des cabines, chauffage, climatisation), mais aussi des équipements de soutien au sol (tracteurs de chariots, bagages, élévateurs, chargeur de fret...).

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