
L'aéroport Toulouse-Blagnac veut moins dépendre des fluctuations du trafic aérien. Le quatrième aéroport régional français a engagé depuis des années des activités de diversification, via notamment des projets immobiliers pour accueillir des entreprises et la construction d'un hôtel cinq étoiles. L'effondrement du trafic durant la crise sanitaire (le trafic à Toulouse a chuté de neuf à deux millions de passagers en 2020 avant de repasser la barre des sept millions en 2022) n'a fait qu'accélérer cette recherche de nouvelles sources de revenus. L'aéroport devra aussi faire face dans la prochaine décennie à la concurrence de la LGV reliant Toulouse alors que le trafic vers Orly et Roissy pèse 34% de ses revenus.
ATB affiche l'ambition de devenir un hub pour la production d'énergie verte. « Nous sentons bien que l'aéroport peut aussi être un acteur énergétique au service de son territoire », a commenté Philippe Crébassa le 21 mars lors de la présentation annuelle de ses résultats de la plateforme.
Deux parkings équipés en 2025
Dès 2025, l'aéroport Toulouse-Blagnac mettra en service deux centrales photovoltaïques en équipant deux parkings d'ombrières. La première centrale sera dotée d'une puissance de 7,2 mégawatts crête pour une production d'environ huit gigawattheures par an ce qui comblera 25 % des besoins de la plateforme en électricité. Le second projet de centrale photovoltaïque disposera d'une puissance de 8,3 mégawatts crête pour une production annuelle de 9,5 gigawattheures par an.
« La grande différence, c'est que l'électricité produite ne sera pas utilisée par ATB mais sera revendue sur le réseau électrique général. Nous espérons encore faire ce que l'on appelle des accords d'achats d'énergie en bilatéral avec des acteurs industriels locaux. En tout cas, il y a un intérêt assez vif des industriels, et pas seulement notamment des municipalités, qui sont un peu plus contraintes par des procédures de marchés publics », observe Philippe Crébassa.
Avant d'ajouter : « C'est bien sûr une question d'économie sur nos consommations énergétiques mais aussi nous permettre d'accéder à une autonomie et d'une certaine manière à une souveraineté énergétique au-delà des enjeux de décarbonation. »
Avec la flambée des coûts de l'électricité et les difficultés d'approvisionnement en gaz avec la guerre en Ukraine, de plus en plus d'entreprises cherchent à produire elle-même l'énergie nécessaire à leur activité pour ne plus dépendre d'aléas extérieurs. Ce qui porte dans le Tarn par exemple le groupe Amarenco.
Une station de recharge ultra rapide de 16 places
L'aéroport Toulouse-Blagnac va installer une station de recharge électrique d'une capacité de 16 places en collaboration avec la société française Electra. (Crédits : ATB)
Outre ces centrales solaires, l'aéroport Toulouse-Blagnac va installer dès l'été 2023 une station de recharge électrique ultra-rapide d'une capacité de 16 places en collaboration avec la société française Electra.
« C'est une première pour un aéroport français et c'est aussi à notre connaissance la plus grande station de recharge ultra rapide tout véhicule du Grand Sud-Ouest. Cette station sera bien sûr accessible à tout client mais aussi celui qui n'a pas envie de venir prendre l'avion. Les automobilistes pourront bien sûr profiter d'autres services au sein de l'aérogare pendant le temps de recharge. Il faut compter à peu près 20 minutes pour recharger en moyenne entre 60 et 80 % de sa batterie », développe Philippe Crébassa.
Montée en puissance d'Universal Hydrogen
En parallèle, l'aéroport veut participer à l'émergence d'une filière locale hydrogène. La startup californienne Universal Hydrogen, qui vient de réaliser aux États-Unis le premier vol d'un Dash 8 doté de modules d'hydrogène, occupe l'un des hangars historiques de la concession aéroportuaire. La société verra en 2023 s'installer dans le même bâtiment un partenaire spécialisé pour la conversion des avions, la société ARTS Solutions.
Toujours en matière de diversification immobilière, l'aéroport Toulouse-Blagnac, qui dispose d'un foncier de 710 hectares, va débuter en 2023 la commercialisation d'un nouveau parc industriel et d'affaires. Baptisé Héméra, ce dernier occupera environ 9 hectares et verra le jour en 2025.
Enfin en matière de décarbonation, ATB a signé le 27 janvier dernier avec la région Occitanie, Airbus, ATR et Aerospace Valley une déclaration commune pour accélérer le développement, la production et l'utilisation de carburants d'aviation durables. « Nous avons prévu de faire évoluer notre chaîne logistique pour pouvoir fournir ces carburants durables et ces produits dès 2023. Et aussi de fédérer nos deux partenaires compagnies aériennes, assistant pétrolier, ravitailleur autour de mécanismes incitatifs, en particulier financiers », indique le président du directoire.
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