Aéronautique : alerte sur le foncier à Toulouse avec la loi zéro artificialisation nette

La loi ZAN (Zéro artificialisation nette) peut-elle mettre à mal le développement de l'industrie aéronautique ? Alors qu'Airbus a enregistré un record de commandes et que les projets d'avions verts prennent leur envol à Toulouse, le secteur risque de pâtir de la raréfaction du foncier.
(Crédits : Rémi Benoit)

« Il ne manquerait plus qu'un Aura Aero ou un Beyond Aero ne puisse pas construire une usine et donc créer des emplois sur le territoire parce qu'il n'y a plus d'espace foncier disponible », s'inquiète Jean-François Portarrieu auprès de La Tribune. Le député centriste de la 5ᵉ circonscription de la Haute-Garonne a tiré la sonnette d'alarme fin février devant l'Assemblée nationale sur les conséquences pour le secteur aéronautique toulousain de la loi ZAN (Zéro artificialisation nette).

Toulouse en manque de foncier avec la ZAN

Le texte vise à diviser par deux la consommation d'espace foncier en France d'ici 2030 (soit passer de 250.000 hectares artificialisés entre 2011 et 2020 à 125.000 hectares artificialisés entre 2021 et 2030), afin d'atteindre le Zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050. Une disposition qui inquiète à Toulouse où il est déjà difficile de trouver du foncier pour construire des usines.

 D'après les calculs du spécialiste de l'immobilier d'entreprise Arthur Loyd, plus de 100.000 hectares vont manquer en France métropolitaine d'ici à 2030, avec l'application de cette loi qui vise à lutter contre l'étalement urbain dont plus de 3.000 hectares rien qu'à Toulouse figurant en tête du top 20 des villes françaises en nombre d'hectares pour l'urbanisation. Ce qui alarme davantage le député Jean-François Portarrieu, c'est que pour le moment aucun site aéronautique ne figure par les grands projets d'envergure nationale qui vont bénéficier d'une enveloppe dérogatoire de 12.500 hectares pour construire.

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« Parmi les projets retenus, figurent déjà une usine de paracétamol dans le centre de la France et une gigafactory de batteries de voitures électriques dans le Nord. J'alerte sur le fait qu'une fois que la totalité de cette enveloppe aura été consommée, il n'y aura plus d'hectares supplémentaires attribués », indique Jean-France Portarrieu qui craint que « la raréfaction des terrains disponibles pour accueillir la croissance de l'industrie aéronautique risque rapidement de devenir un frein au développement ».

La filière aéronautique toulousaine est en pleine ébullition pour répondre aux remontées de cadences impressionnantes annoncées par Airbus. L'avionneur européen a réalisé un record absolu dans le transport aérien de plus de 2.000 commandes nettes en 2023 et a désormais plus de 8.000 avions à livrer.

Airbus a déjà transformé son usine Lagardère, bâtie pour l'A380, qui accueille depuis l'été dernier une nouvelle ligne d'assemblage sur le programme A320 amenée à être dupliquée en 2026. Le constructeur a aussi agrandi son Delivery Center dans la Ville rose pour accélérer les livraisons avec l'ouverture à l'automne d'un nouveau bâtiment, le Terminal D. L'avionneur estime avoir besoin de près de 80 hectares supplémentaires sur la zone aéroportuaire toulousaine pour faire face à ses besoins à venir.

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Des nouveaux acteurs en quête d'usines

« Pour autant, mon alerte vise moins Airbus qui aura plus de facilités pour communiquer avec la puissance publique que les startups comme Aura Aero ou Beyond Aero qui font des efforts pour aller vers une aviation décarbonée. Si dans quelques années ces dernières ont besoin de mètres carrés pour construire des usines, ce serait un comble de les empêcher de produire dans la région toulousaine des avions décarbonés et qu'elles trouvent des lieux plus accueillants ailleurs dans le monde », précise le député.

Le constructeur toulousain Aura Aero entend construire sa future usine d'avions électriques de 40.000 m2 à l'aéroport Toulouse-Francazal pour employer à terme 1.500 personnes et qui cherche en parallèle un site de production complémentaire aux USA en soutien au marché américain. Pour sa part, la startup Beyond Aero vient de réaliser le premier vol d'un avion ultra-léger doté d'une pile à combustible à hydrogène et de batteries électriques. Une étape avant le développement d'un avion d'affaires de quatre à huit places attendu avant 2030. Le député a sensibilisé ces entrepreneurs sur la nécessité de se positionner sur les projets d'envergure nationale. Quant au ministre des Transports, Patrice Vergriete, celui-ci avait précisé dans l'hémicycle que la liste des projets d'envergure nationale était « évolutive », bénéficiera « d'une révision au cours de l'année 2026 » et que la Région peut aussi mutualiser la consommation du foncier.

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