Aura Aero met 150 millions d'euros pour construire son usine d'avions électriques

Le constructeur aéronautique toulousain Aura Aero va bâtir une usine de 40.000 m2 à l'aéroport Toulouse-Francazal pour produire en série ses aéronefs biplaces et son avion régional électrique de 19 places. Un outil industriel à 150 millions d'euros qui pourrait à terme générer plus d'un millier d'emplois.
Aura Aero va construire une usine de 40.000 m2 à l'aéroport Toulouse-Francazal  pour produire en série son avion régional électrique de 19 places.
Aura Aero va construire une usine de 40.000 m2 à l'aéroport Toulouse-Francazal pour produire en série son avion régional électrique de 19 places. (Crédits : Aura Aero)

Bonne nouvelle pour Aura Aero. Le constructeur aéronautique toulousain vient d'obtenir le feu vert politique pour construire une usine de 40.000 m2 dédiée à la production en série d'avions électriques. Elle sera bâtie sur l'aéroport Toulouse-Francazal, à quelques centaines de mètres du hangar où la jeune société a implanté début 2021 sa première chaîne d'assemblage et à proximité du futur technocampus hydrogène.

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« Il reste encore énormément de chemin mais nous mesurons cette victoire tant la question des bâtiments industriels est complexe en France et prend en général énormément de temps. Nous allons pouvoir continuer à nous développer au même endroit, sur le deuxième aéroport de Toulouse », se réjouit Jérémy Caussade, le président d'Aura Aero interrogé par La Tribune.

Baptisée Aura factory, l'usine regroupera l'ensemble des éléments qui permettront à l'entreprise de fabriquer et livrer ses avions régionaux : le département conception et recherche avancée, des chaînes d'assemblage pour chacun des appareils de sa gamme, des lignes de production de sous-ensembles ainsi qu'un centre de livraisons des appareils sans oublier les équipes administratives, commerciales et de direction.

150 avions par an à pleine capacité

Le site de production doit sortir de terre d'ici fin 2025 avec une montée en cadence progressive pour atteindre à pleine capacité 150 avions par an dont 50 aéronefs de voltige biplaces Integral et 100 modèles ERA, un avion régional électrique de 19 places.

Aura Aero, qui emploie 130 salariés en interne et 70 collaborateurs associés (en freelance notamment), continue actuellement de voir ses effectifs grossir « de dix à quinze personnes par mois ». L'usine pourrait accueillir 1.600 collaborateurs à pleine cadence au cours de la décennie 2030.

L'entreprise s'est adjoint les services du cabinet d'architecte Brunerie pour concevoir un bâtiment bas carbone sans climatisation avec une production locale d'électricité pour combler les besoins « des bâtiments, la recharge des batteries des avions produits et celle des véhicules légers destinés à la logistique ou aux collaborateurs ».

L'opération va demander 150 millions d'euros d'investissements. Le montage financier est en cours d'élaboration avec un soutien significatif attendu de la Région Occitanie et de Toulouse Métropole qui cherche à étendre son emprise foncière à Francazal, comme révélé par La Tribune ce jeudi.

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Plus de 300 précommandes d'avions régionaux électriques

Alors même que son avion régional n'a pas volé, la startup a déjà décroché 330 précommandes de la part de neuf compagnies aériennes et des loueurs d'avions dont une première méga précommande record de 200 appareils de la part de la société de leasing Amedeo. Baptisé ERA (electric régional aircraft), cet aéronef a l'ambition de viser jusqu'à 400 km d'autonomie en 100% électrique. Pour les missions plus longues, l'appareil fera appel à son turbogénérateur.

De quoi fournir une offre alternative pour le marché des vols domestiques. « Nos clients seront les compagnies aériennes, des opérateurs air-taxi, de grands logisticiens. Nous pourrons réaliser du transport de point à point, des liaisons régionales mais également de l'air-taxi. Il existe une quantité de lignes transversales en France qui sont un enfer en matière de mobilité », estimait le dirigeant en 2021. Aura Aero s'était fixé pour objectif de faire voler son premier avion fin 2024 pour une mise en service en 2027. Un calendrier actualisé devrait être communiqué avant l'été.

En attendant, la jeune société s'est entourée de grands noms l'industrie aéronautique. Safran va l'épauler sur l'architecture et la propulsion de ses futurs aéronefs. Et le mois dernier, Aura Aero a annoncé un accord avec Thales pour imaginer une suite avionique spécifiquement adaptée au projet ERA.

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Une levée de fonds « à marche forcée »

En parallèle, l'entreprise poursuit le développement de ses avions de voltige Integral pour lesquels elle dispose d'un carnet de commandes de 100 appareils. En juillet 2020, la société a réalisé un premier vol pour le premier appareil de sa flotte, l'Integral R. Cette version thermique de son avion de voltige biplace est toujours en cours de certification après avoir été endeuillée en avril 2022 par un crash qui avait engendré la mort des deux pilotes à son bord. « Un drame nous est arrivé. C'est encore très dur mais nous nous relevons et nous continuons à avancer », confiait récemment Jérémy Caussade. La société planche toujours sur un premier vol d'Integral E, la version électrique de son avion de voltige.

Dans les prochains mois, Aura Aero espère enfin boucler une levée de 50 millions d'euros même si l'entrepreneur regrette la frilosité des financeurs privés. « Nous le faisons à marche forcée car il existe une difficulté certaine à avoir des financements pour certains industriels dans l'aéronautique en France », remarque Jérémy Caussade qui espère que l'annonce de cette nouvelle usine pourra « être un élément contributif » pour accélérer la levée de fonds.

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Commentaire 1
à écrit le 03/03/2023 à 23:10
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Bonjour Le jour où on maitrisera la fabrication des méga condensateurs au graphene à un prix raisonnable. Quoique en avionique être raisonnable ne sert à rien ça fera des heureux dans cette boîte: autonomie ou charge plus élevée, quasi absence de ...

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