ADP entre au capital du Toulousain Waltr qui quantifie la pollution dans les aéroports

Des caméras pour mesurer la pollution au sol générée par les avions dans les aéroports, c'est l'innovation développée par la société toulousaine Waltr. Elle vient de lever deux millions d'euros dans un tour de table avec, pour chef de file, Aéroports de Paris. Roissy teste depuis un an la solution qui intéresse de près les aéroports français, pressés de réduire leur empreinte environnementale.
Depuis plus d'un an, l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle a installé des caméras de la startup toulousaine Waltr qui permettent de mesurer précisément les émissions générées par ces moteurs auxiliaires de puissance des avions.
Depuis plus d'un an, l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle a installé des caméras de la startup toulousaine Waltr qui permettent de mesurer précisément les émissions générées par ces moteurs auxiliaires de puissance des avions. (Crédits : Christian Hartmann)

Atteindre l'objectif zéro émission nette de CO2 au plus tard en 2050 et sans compensation, c'est l'objectif que se sont fixés en 2019 plus de 200 aéroports européens. Pour réduire la pollution au sol sur les plateformes aéroportuaires, l'un des leviers envisagés est d'optimiser l'utilisation des moteurs auxiliaires de puissance des avions (APU). Ces derniers fournissent l'énergie pour la climatisation et le chauffage des appareils après l'atterrissage ou avant le décollage lorsque les moteurs principaux de l'avion sont éteints.

Quantifier les émissions en sortie de moteur

Depuis plus d'un an, l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle a installé des caméras de la startup toulousaine Waltr qui permettent de mesurer précisément les émissions générées par ces systèmes.

« Ces caméras sont des imageurs qui permettent d'identifier la signature chimique des gaz en sortie de réacteur des avions et de les quantifier. L'idée est d'accompagner les aéroports à réduire leurs émissions à travers une utilisation plus raisonnée de ces moteurs auxiliaires », explique Arnaud Dedieu, cofondateur de la jeune pousse, créée en 2018.

Les caméras sont installées à 250 mètres des avions et peuvent capter les émissions de plusieurs postes avions en même temps. L'usage des moteurs auxiliaires fait l'objet de restrictions et le règlement européen impose aux aéroports d'opter progressivement pour des solutions de substitution en équipant leurs postes avions en électricité.

En plus d'expérimenter la solution, Aéroports de Paris vient d'entrer au capital de la jeune pousse toulousaine de 20 salariés, par le biais de son fonds corporate ADP Invest, à l'occasion d'une levée de fonds de deux millions d'euros à laquelle se sont joints Expansion Ventures, Spacefounders France, Pays de la Loire Participations et Centrale Innovation.

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Des aéroports français et étrangers intéressés

Après Roissy, Nice va bientôt tester la solution et Waltr est en discussion avec les aéroports de Toulouse-Blagnac, Nantes, Marseille... A l'international, des plateformes turques et japonaises regardent également de près cette innovation.

« Le secteur aéronautique est attaqué sur la question de la pollution et cherche des solutions pour réduire ses émissions. Outre les solutions de moyen à long terme via l'utilisation d'hydrogène dans les avions, il existe des moyens d'action sur l'optimisation des moteurs qu'on peut mettre en place à court terme », plaide Arnaud Dedieu.

La startup, qui veut devenir leader autour du suivi des émissions aéroportuaires, compte également faire de l'analyse de qualité de l'air par satellite sur les plateformes. La startup entend ainsi apporter une offre complémentaire aux informations délivrées par les organismes de mesure qualité de l'air comme Atmo, qui mesurent la concentration de pollution à partir de stations fixes.

« Grâce aux données satellitaires, nous voyons les polluants se déplacer et remonter in fine à la source d'émission », éclaire le dirigeant.

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Au-delà des aéroports, Waltr perçoit un intérêt grandissant des ports pour ses caméras. Les bateaux peuvent générer des émissions importantes et les ports tendent à électrifier leurs quais. La société a déployé ses caméras sur un port de la métropole niçoise pour quantifier les émissions de dioxyde d'azote et de particules fines en sortie de cheminées de bateau.

En parallèle, la société poursuit à Toulouse une étude sur la pollution sur l'île du Ramier. Depuis 2021, plusieurs caméras, cette fois hyperspectrales, ont été installées pour mesurer l'impact du plan de revégétalisation de ce quartier qui a pour objectif de diminuer de 25% les particules fines et de réduire de 15% le CO2 émis par le trafic routier.

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