Waltr installe des caméras à Toulouse pour mesurer la pollution à l'échelle de la rue

La startup toulousaine Waltr va installer d'ici début 2022 des caméras hyperspectrales aux quatre coins de la Ville rose pour mesurer plus finement la pollution de l'air sur quatre années. La jeune société va déployer le même dispositif sur un port de la Côte d'Azur et à l'aéroport de Roissy pendant les JO de 2024.
Waltr va mesurer à une échelle très fine la qualité de l'air à Toulouse.

"Je me promenais un dimanche avec ma femme et mes enfants sur les hauteurs de Pech David. Nous avions une superbe vue de Toulouse mais surtout nous pouvions voir à l'oeil nu la pollution aux particules fines, c'était assez impressionnant cette nuée marronâtre. Pourtant, il n'y avait aucune alerte de pollution ce jour-là, le diagnostic est arrivé quelques jours plus tard, a posteriori", se remémore Eric Péquignot. En poste depuis 12 ans au Cnes, il décide de mettre à profit son expérience dans le spatial au service de la qualité de l'air. En 2018, il fonde la société Waltr. "Notre but est d'aider les villes, les industries, les entreprises et aussi les investisseurs à mesurer, réduire et compenser leurs émissions polluantes", explique l'entrepreneur. 

La startup veut apporter une offre complémentaire aux informations délivrées par les organismes de mesure qualité de l'air comme Atmo. "À Toulouse, Atmo dispose par exemple de neuf stations. Ces structures fixes coûtent chacune 600.000 euros. Elles sont extrêmement précises mais comme il y en a assez peu, cela ne permet pas d'avoir des données détaillées sur l'ensemble de la métropole. Or, plusieurs études scientifiques ont montré que d'un quartier à l'autre, la taux de polluants de l'air peut varier de 800% ", fait remarquer Eric Péquignot.

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Analyser la pollution pendant quatre ans

Waltr a été sélectionné par la Ville rose pour tester un dispositif alternatif. Dans le cadre du projet Parc Garonne qui vise notamment à raser le Parc des expositions pour verdir l'Ile du Ramier, la société va déployer trois caméras hyperspectrales. La première va être installée dès ce mois de novembre sur une tour de Bagatelle, deux autres sont attendues d'ici début 2022 aux Minimes et sur la Côte Pavée.

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Grâce à un réseau de caméras, Waltr sera capable de quadriller la métropole toulousaine avec une précision à l'échelle de la rue (Crédits : Waltr).

"Ces caméras vont nous permettre de quadriller cette zone de 40 km2 sur laquelle nous serons capables de mesurer en 3D la pollution à l'échelle de la rue. Les caméras spectrales permettent de capter différentes longueurs d'ondes. Chaque composé chimique ayant une signature à une certaine longueur d'ondes, cette technologie nous permet d'identifier l'ozone, le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote et les particules fines (PM10, PM2,5). Les caméras sont très haut de gamme, c'est le même type de produit utilisé dans le spatial dont on va se servir au sol", précise le CEO de Waltr.

Mesurer la pollution à proximité des ports et des aéroports

L'expérimentation va durer quatre années. De quoi observer au long cours notamment les effets sur la qualité de l'air du projet de réaménagement de l'Ile du Ramier qui a pour objectif de diminuer de 25% les particules fines et de réduire de 15% le CO2 émis par le trafic routier.

En parallèle, Waltr va déployer ses caméras sur un port de la métropole niçoise dans le cadre d'un projet mené en partenariat avec la CCI Côte d'Azur et AtmoSud. "Les bateaux à quai peuvent générer des émissions assez importantes. La tendance est à l'électrification des quais, la réglementation impose également d'avoir des carburants moins soufrés. Nous allons installer des caméras pour mesurer ce qu'il sort des cheminées des bateaux et analyser comment les polluants sont transportés vers les zones d'habitation", poursuit le dirigeant.

"Pourquoi ne pas revoir les approches de port en fonction de la manière dont le panache de pollution se déplace vers la ville ? Cela permettrait d'essayer d'avoir un impact le plus faible possible des bateaux", ajoute Arnaud Dedieu, responsable du développement de Waltr.

La 5G au service de l'environnement

Par ailleurs, la startup installera des caméras sur l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle pour les JO de 2024. Un projet qui s'inscrit dans le cadre du programme européen Green Deal pour lequel ADP a piloté un consortium. Enfin, Waltr a reçu le soutien de plan de relance pour un projet à Angers autour de la 5G mené par l'opérateur toulousain Alsatis.

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"La 5G est perçue comme une technologie permettant de regarder plus de vidéos sur YouTube. Nous voulons montrer qu'il est possible de trouver des usages plus environnementaux pour le bien commun. Grâce au débit fourni par la 5G, nous pourrons mesurer en temps réel la pollution de l'air", avance Eric Péquignot.

La société a également approché de grands industriels soucieux de mieux mesurer leurs émissions.

"Deux aspects les intéressent. Outre l'aspect de mesure de la qualité de l'air, c'est justement de montrer aux citoyens qui habitent autour d'un site industriel le réel impact de leur activité qui peut être très minime par rapport à la perception des riverains. Ce n'est pas parce qu'il y a une cheminée que la pollution est importante, d'autant que les industriels investissent lourdement pour améliorer la filtration de l'air.

Un système de caméras disposé sur une zone de cinq kilomètres carrés va également permettre d'augmenter la résolution et de voir des fuites de méthane, de gaz potentiellement dangereux pour les salariés. Aujourd'hui, ces industriels utilisent des caméras portatives. Ce type de matériel coûte cher. Notre solution apporterait une couverture en permanence d'un site industriel dans le but de le sécuriser", détaille Arnaud Dedieu.

La jeune société veut aussi proposer aux industriels des solutions pour faire baisser leurs émissions de polluants et compenser celles qui ne peuvent être diminuées. Pour les sociétés avec des moyens plus modestes, Waltr compte proposer des mesures de pollution par satellite avec une précision de l'ordre du kilomètre. Installée à Ramonville, l'équipe de sept collaborateurs compte recruter un développeur et un ingénieur d'ici la fin de l'année.

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