Semi-conducteurs : le Toulousain Recif racheté par le Singapourien Accuron

Leader européen dans les robots manipulant les plaques de silicium dans les usines de semi-conducteurs, la PME toulousaine Recif Technologies vient d'être rachetée par l'industriel singapourien Accuron. L'opération signe une nouvelle étape pour cette société au bord de la faillite il y a quinze ans, avant de connaître un important redressement et de s'imposer comme un acteur-clé dans l'univers des semi-conducteurs.
La PME Recif Technologies s'est imposée comme le leader européen dans les robots manipulant les plaques de silicium dans les usines de semi-conducteurs.
La PME Recif Technologies s'est imposée comme le leader européen dans les robots manipulant les plaques de silicium dans les usines de semi-conducteurs. (Crédits : Silmach)

Une nouvelle page se tourne pour Recif Technologies. La discrète société toulousaine, qui s'est imposée comme l'un des deux premiers fabricants au monde de robots manipulant les plaques de silicium dans les salles blanches des usines de semi-conducteurs (wafer sorter), vient d'être rachetée par l'industriel singapourien Accuron Technologies au cours d'une opération pilotée par le cabinet Oaklins France.

Fondée en 1985 par un ancien ingénieur de Motorola Freescale à Toulouse, Recif Technologie s'est d'abord développée en produisant des équipements basiques pour les semi-conducteurs. L'entreprise prospère, jusqu'à compter un millier de salariés, au point de réaliser une introduction en bourse au début des années 2000. Mais ensuite, l'activité s'effondre et la société est placée en redressement judiciaire en 2005 avant d'être reprise par le groupe Gorgé. Trois ans plus tard, la situation de l'entreprise restant critique, Alain Jarre prend la direction de Recif Technologies et opère en quinze ans l'important redressement de l'entreprise.

Triplement de l'activité depuis 2015

« Quand je suis arrivé en 2008, j'ai changé le modèle économique de l'entreprise. Alors que nous avions des usines en Tunisie et en Biélorussie, j'ai fait le choix de relocaliser la production en France auprès de sous-traitants situés à deux ou trois heures de voiture de Toulouse. En interne, nous avons gardé l'assemblage final, le réglage et l'expédition des machines chez le client. Cela nous a permis de garantir le contrôle de la qualité de la fabrication. Avec cette nouvelle organisation, l'effectif est passé de 600 personnes à 60 salariés dont une quarantaine à Blagnac, une dizaine dans notre filiale commerciale à Taiwan et cinq personnes dans la filiale américaine. Après cette restructuration, Recif a initié en 2012 une première phase de R&D en s'appuyant sur les projets collaboratifs au niveau européen grâce au support de Bpifrance Occitanie et a été labellisée Bpfrance Excellence. L'entreprise a connu une forte croissance ces dernières années. Entre 2015 et aujourd'hui, le chiffre d'affaires a été multiplié par 3,5 (Recif Technologies réalise entre 15 et 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, ndlr) », se remémore Alain Jarre.

Ancien cadre de STMicroelectronics, le dirigeant est monté progressivement dans le capital de l'entreprise jusqu'à devenir majoritaire lors d'une opération de LBO menée en 2017 au cours de laquelle BNP Développement et BPI sont arrivés dans le capital avant de passer le relais en 2021 à Yotta Capital Partners et Sofiouest.

Chef de file au niveau européen

Aujourd'hui, Recif Technologies livre ses robots pour les mastodontes de la fabrication de puces électroniques à l'image en France de STMicroelectronics ou du géant taiwanais TSMC, la plus importante fonderie de semiconducteurs au monde. Son principal concurrent est le Japonais Rorze, fournissant un panel plus large d'équipements pour les usines de semi-conducteurs et qui paradoxalement est très présent en Europe. Recif Technologies s'est imposé comme un acteur-clé dans l'univers des semi-conducteurs et a été chef de file de grands programmes collaboratifs européens dans le sillage de la loi européenne sur les semi-conducteurs (Chips for Europe) aux côtés notamment du géant néerlandais des semi-conducteurs ASML.

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 Un succès qui a précipité le rachat de l'entreprise. « En 2023, nous avons été sollicités par plusieurs sociétés et retenu Accuron tout simplement parce que c'est un acteur industriel stratégique. Adosser Recif Technologies à Accuron va permettre à l'entreprise d'être moins un acteur de niche sur un secteur précis, dans un domaine précis, et d'être vu de façon plus large auprès de ses clients internationaux pour rester leader européen et continuer à croître », commente Alain Jarre. Cette nouvelle phase de croissance sera conduite par Laurent Salanqueda, nouveau directeur général de Recif Technologies, qui a rejoint l'équipe il y a un an et qui remplace désormais Alain Jarre.

Le marché de la PME n'est pas près de se tarir au vu de l'explosion du marché des semi-conducteurs. « Dans ce secteur des semi-conducteurs, on parle même de super cycles de croissance. Depuis le Covid, le monde entier s'est rendu compte qu'il y avait un problème de capacité globale dans le monde à fabriquer des puces et de la nécessité de se doter de capacités de fabrication en Europe. Il existe de gros projets de construction d'usines de semi-conducteurs, ce qui génère de forts besoins d'équipement dans les usines. Il est remarquable qu'une société à Toulouse s'impose parmi les leaders mondiaux dans un équipement très technique au sein des usines de semi-conducteurs », conclut Raphaël Petit, managing partner d'Oaklins France.

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Commentaires 8
à écrit le 13/01/2024 à 22:34
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Il est très urgent de créer un fond de pension Français. On ne peut plus se contenter de créer des pépinières et laisser les autres nations les faire grandir en forêts. Pour ça il faut des capitaux. Les Anglo Saxons en particulier avec leurs fonds de...

à écrit le 13/01/2024 à 22:29
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Et pourquoi cette entreprise est en faillite, si leur domain d'activité n'est pas atractif pourquoi les chinois vont l'acheter

à écrit le 13/01/2024 à 15:49
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Il parait qu'il faut réindustrialiser la France et l'Europe...

à écrit le 13/01/2024 à 11:48
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De nombreuses entreprises européennes ne sont que européennes. Ils appartiennent souvent à des entreprises ou à des investisseurs d'Amérique ou d'Asie. Ceux-ci ne sont pas intéressés à renforcer la base industrielle en Europe, mais uniquement dans le...

à écrit le 13/01/2024 à 0:56
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Financé par bpi - donc nos impôts ou endettement- et finalement vendu à un faux nez chinois … euh singapourien lol et on nous parle de reindustrialisation ? Mensonge ou non - professionnel … ou sont les réussites que de l’ affichage Que fout Lemai...

le 13/01/2024 à 1:33
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Rien, il ecrit des romans pornos.

le 13/01/2024 à 10:35
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"Financé par bpi " Oui et BNP Paribas Développement .

à écrit le 12/01/2024 à 18:39
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Naïf: Pas grave; il nous reste les conducteurs.

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