La filière avicole va-t-elle connaître une nouvelle fin d'année compliquée ? En raison d'un pic épidémique d'influenza aviaire (ou grippe aviaire) sur les canards en France, et particulièrement dans le Sud-Ouest, la profession avait acté un « vide sanitaire » et donc un arrêt de la production en fin d'année 2022. Ce mardi 5 décembre, en début de matinée, un article est paru au Journal officiel annonçant que la France passe désormais en niveau de risque « élevé ».
« Alors qu'un d'un premier foyer en élevage a été décelé dans le Morbihan fin novembre, et que la dynamique d'infection en Europe se poursuit, le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a pris la décision d'élever à son maximum le niveau de risque épizootique vis-à-vis de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) », annonce le ministère de l'Agriculture.
Plus précisément, deux foyers de contamination ont été détectés en France : un dans la Somme et un dans le Morbihan, comme le rappelle le ministère de Marc Fesneau. « Pour l'instant, ce n'est pas notre filière qui est concernée. Ce sont deux élevages de dinde qui sont contaminés, et non pas de canards. Néanmoins, nous sommes vigilants et dans l'observation », souligne Marie-Pierre Pé, joint par La Tribune, la directrice du Cifog, le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras.
Premières dispositions sur le terrain
Bien que pas concernés pour le moment, les producteurs de foie gras et les structures d'accompagnement sont en pleine effervescence ces dernières heures. « Nous avons fait partir un sms d'alerte et d'information de changement de statut du risque sanitaire à plus de 2.000 contacts », précise Philippe Everlet, le responsable du pôle aviculture à la Chambre d'agriculture du Gers, l'un des gros territoires producteurs de fois gras en France (plus de 106 millions d'euros de chiffre d'affaires annuels dans le département).
Concrètement, cette nouvelle élévation du risque sanitaire de l'influenza aviaire, « une semaine après une première élévation du niveau de risque » comme le précise le ministère de l'Agriculture, entraîne l'instauration de mesures de précaution sur le terrain.
« Dès maintenant, cela implique la mise à l'abri des animaux, aussi appelée confinement sanitaire. Nous demandons également un transport bâché des animaux pour éviter que des plumes puissent s'échapper du convoi. Les rassemblements et marchés de volailles et palmipèdes, comme celui très connu de Samatan (Gers) sont désormais arrêtés. Aussi, nous augmentons la fréquence de dépistage des animaux avant leurs divers transferts », décrit le dirigeant. « Ce sont des mesures de biosécurité qui doivent permettre de minimiser au maximum les contacts avec les oiseaux migrateurs », ajoute Marie-Pierre Pé.
Mais à la différence des crises précédentes, et particulièrement celle de 2022, la filière foie gras bénéficie d'une nouvelle arme : la vaccination des canards, lancée le 2 octobre. « Nous espérons que la vaccination sera un rempart suffisant à la grippe aviaire. Sur le terrain, elle se passe bien. Dans le Gers, nous estimons que tous les élevages seront pleinement vaccinés à la fin du mois de janvier », témoigne Philippe Everlet. Malgré cette nouveauté, la prudence est de mise pour les producteurs de foie gras qui, dans le Gers, ont connu un important de foyer de contamination à l'influenza aviaire lors des fêtes de Noël.
Les prix du foie gras encore en hausse
Cette nouvelle alerte sanitaire aura-t-elle des conséquences sur la disponibilité du foie gras pour les fêtes de Noël, célèbre produit de fête et symbole de la gastronomie française ? Sur ce point, les deux professionnels sont unanimes : le foie gras des fêtes de fin d'année est déjà dans les rayons.
« Le foie gras sera disponible en plus grande quantité sur cette fin d'année 2023 qu'en 2022. Néanmoins, il est toujours disponible de manière moins importante que son année de référence en 2019. Malgré cette situation, la demande est toujours là et les premiers bilans de vente sont plutôt bons d'après ce que nous disent les producteurs de foie gras », analyse le responsable du pôle aviculture gersois.
Seulement, selon le professionnel de la chambre d'agriculture du Gers, si le kilos de foie gras est autour des 40 euros dans une année normale, il est proposé aujourd'hui à environ 60 euros par les producteurs. De plus, il risque de prendre quelques euros supplémentaires les derniers jours avant Noël.
« Après une inflation des prix d'environ 15% en 2022, en raison d'une offre assez faible, nous allons sensiblement suivre l'inflation et avoir des prix qui vont augmenter de 5% pour cette période de fêtes », estime Marie-Pierre Pé du Cifog.
Selon la directrice de la structure professionnelle, les consommateurs anticipent leurs achats de foie gras en 2023 pour ces fêtes de fin d'année, ce qui permet aux producteurs de se projeter sur le bilan de leur année. Une période cruciale pour eux, durant laquelle ils réalisent pas moins de 75% de leurs ventes.
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