Actia fait appel à l'intelligence artificielle pour gérer la pénurie de composants électroniques

Le fabricant toulousain d'équipements électroniques pour la mobilité lourde et l'aérospatial se relève peu à peu de la crise des composants. Mais le peu de références manquantes l'oblige à revoir son organisation industrielle en s'appuyant notamment sur de l'intelligence artificielle. L'IA est également au coeur de nouveaux produits à l'instar d'une solution de détection d'anomalies à bord des trains.
Actia se relève peu à peu de la crise des composants.
Actia se relève peu à peu de la crise des composants. (Crédits : Florine Galéron)

« Chez Actia, nous devons gérer 30.000 références de composants électroniques. Les références manquantes peuvent être remplacées par plusieurs produits. Lorsque l'on veut réorganiser la production, le nombre de combinaisons possible est tellement important qu'il est impossible à traiter par le cerveau humain. L'intelligence artificielle nous aide à reprogrammer notre fabrication face à la pénurie de composants », explique Jean-Louis Pech, président d'Actia.

Une pénurie de composants en voie d'amélioration

Le fabricant toulousain d'équipements électroniques pour les transports, l'aéronautique et le spatial (près de 4.000 collaborateurs dans le monde dont un millier en France) a été lourdement impacté par la pénurie mondiale de composants électroniques. D'après Actia, la crise d'approvisionnements lui a fait perdre près de 100 millions d'euros sur l'année 2022 avec un chiffre d'affaires de près de 500 millions d'euros l'an passé. « Sans cette crise des composants, nous aurions dépassé les 600 millions. Aujourd'hui, le problème n'est pas d'avoir le carnet de commandes, puisque le nôtre est plein, mais d'avoir les composants qui nous permettent de livrer nos clients », décrivait le président d'Actia il y a tout juste un an.

Aujourd'hui, la situation s'est nettement améliorée même si « la pénurie des composants a occasionné un retard de production de 10 millions d'euros sur le premier semestre 2023 », indique Actia. « Alors que nous avons dû faire face à 700 références de composants manquantes au pic de la crise, désormais nous avons des difficultés sur seulement une cinquantaine de références. Pour autant, un seul composant manquant peut stopper la production », souligne Catherine Mallet, directrice générale du groupe.

Lire aussiLa crise des composants fait perdre à Actia près de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires

Cette atténuation des tensions d'approvisionnement permet à Actia de projeter 15% de croissance en 2023 et de dépasser les 800 millions d'euros de chiffre d'affaires à fin 2025. Le groupe toulousain met un point d'honneur à réinjecter une large part de ses revenus dans la R&D (près de 15% de son chiffre d'affaires en 2022), ce qui lui permet de continuer de proposer des équipements de pointe.

L'IA pour détecter les anomalies dans les trains

Actia a notamment développé une solution s'appuyant sur l'intelligence artificielle pour détecter les anomalies à bord des trains. Les algorithmes sont utilisés pour repérer sur les images des caméras embarquées dans les wagons une situation problématique : bagage abandonné, comportement dangereux d'un voyageur... Contrairement aux méthodes traditionnelles où les caractéristiques pertinentes d'une image doivent être sélectionnées manuellement, le Deep learning permet d'éliminer cette étape en traitant directement les images et d'envoyer une alerte aux opérateurs chargés de traiter les images de vidéoprotection depuis un centre d'hypervision. La solution équipe déjà les trains régionaux de la Région Auvergne-Rhône-Alpes mais Actia a l'ambition de conquérir de nouveaux marchés à l'export avec cette technologie qui a fait partie des innovations sélectionnées pour l'exposition du Fabriqué en France organisée à l'Élysée en juillet dernier.

De la même manière, le groupe est nominé au prochain salon international Busworld pour une solution de numérisation du poste de conduite pour les autocars. « Les chauffeurs de cars doivent faire face à une multiplication d'écrans sur leur poste de conduite. Notre solution a pour but qu'ils ne soient pas noyés sous les informations et qu'ils aient la bonne alerte », précise Jean-Louis Pech.  Le tableau de bord numérique mis au point par Actia permet de centraliser l'ensemble des fonctionnalités  à bord du véhicule et de gérer les fonctionnalités apparaissant sur les afficheurs de contrôle.

Cap sur le NewSpace

 Historiquement positionné sur l'automobile et la mobilité lourde, Actia veut aussi grandir sur le secteur spatial et ne pas passer à côté de l'essor du NewSpace. L'ETI toulousaine, qui a déjà décroché des contrats pour les constellations OneWeb et de Telesat, a annoncé à la mi-septembre vouloir mettre la main sur la PME Steel Electronique, dotée d'un savoir-faire reconnu dans le spatial.

Pour répondre à ces nouveaux projets, Actia avançait au printemps dernier un plan de recrutement de 180 personnes en France sur lequel une cinquantaine de postes n'ont pas encore trouvé preneur. Face à la pénurie de compétences sur certains métiers de production comme opérateur ou monteur-assembleur, le groupe a décidé de lancer en fin d'année sa propre académie qui devrait former une vingtaine de personnes par an.

Lire aussiSpatial : Actia veut racheter Steel Electronique pour accentuer son virage vers le NewSpace

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