Aéronautique : Ratier-Figeac dopé par le redécollage de l'aviation régionale et le boom de la mobilité urbaine

Premier fabricant mondial d'hélices de forte puissance, l'équipementier lotois Ratier-Figeac a retrouvé son niveau d'avant-crise, porté par les fortes remontées de cadences d'ATR et d'Airbus sur le programme A320, les nouveaux besoins des taxis volants de Lilium et les futurs motorisations des petits avions décarbonés. Mais cette forte demande reste contrainte par les tensions d'approvisionnement, les coûts de l'inflation et la pénurie de main d'oeuvre.
L'équipementier lotois Ratier-Figeac a retrouvé son niveau d'avant-crise.
L'équipementier lotois Ratier-Figeac a retrouvé son niveau d'avant-crise. (Crédits : Ratier-Figeac)

« Ici nous recrutons ». Depuis quelques mois, une banderole trône à l'entrée du site de Ratier-Figeac. Implanté depuis plus de 110 ans dans le Lot, l'équipementier aimerait garnir ses effectifs de plusieurs dizaines de personnes pour faire face à un nouvel envol de son activité après le creux de la crise sanitaire.

« Nous observons une très forte augmentation de la demande liée à la reprise du trafic aérien mondial en particulier sur les avions régionaux qui ont été remis en service plus rapidement par les compagnies aériennes que les gros porteurs. Quand le trafic augmente, notre activité après-vente, maintenance, réparation et rechange augmente aussi beaucoup. C'est le cas en particulier sur les avions ATR et Dash 8, des flottes relativement anciennes qui ont été fortement mises à contribution par ce rebond.

Et puis, il faut suivre l'augmentation des cadences de production des constructeurs principaux, ATR et Airbus en particulier sur la chaîne A320 », analyse Jean-François Chanut, président de Ratier-Figeac et directeur général de Propeller Systems.

Cette entité, qui regroupe Ratier-Figeac, son antenne au Maroc et un site de production à Windsor Locks aux États-Unis), a réalisé 500 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2022, avoisinant son niveau d'avant crise, et escompte 10 à 15% de croissance supplémentaire en 2023.

Lire aussiRatier-Figeac résiste à la crise aéronautique grâce à son activité militaire

Des équipements pour le futur taxi volant de Lilium

Au-delà de la reprise du trafic aérien, l'équipementier lotois s'attèle à répondre aux nouveaux besoins de la mobilité urbaine. Ratier-Figeac développe ainsi un mini-manche pour piloter les futurs taxis volants de la startup allemande Lilium.

Le groupe compte aussi mettre à profit son nouveau centre d'excellence à Figeac (inauguré fin 2021) pour accélérer le développement de la prochaine génération d'hélices. « Ces hélices vont être intégrées sur des aéronefs avec une motorisation soit totalement électrique, comme c'est le cas sur plusieurs projets de mobilité urbaine, soit des avions hybrides qui demandent la production d'hélices spécifiques ou de systèmes plus efficaces en termes d'aérodynamique. Nous travaillons aussi sur des matériaux plus légers, réutilisables ou recyclables ainsi que sur la réduction du bruit des hélices », développe le dirigeant. Autant d'innovations susceptibles d'équiper un jour les constructeurs établis (Airbus, ATR, De Havilland) tout comme les acteurs émergents, notamment dans la région toulousaine. 

Lire aussiRatier-Figeac inaugure son centre d'excellence pour la prochaine génération d'hélices

Un hiver sans avoir besoin de chauffage dans une usine grâce à des travaux d'isolation

Malgré ce renouveau attendu de l'aviation à hélices, Ratier-Figeac doit toujours composer avec des tensions d'approvisionnement sur certains matériaux. « Les temps d'acheminement augmentent. Sur les aciers ou les composants, les délais chez nos fournisseurs sont passés de six à douze mois. Le taux de qualité s'est aussi dégradé », décrit Jean-François Chanut. Sans compter la flambée des coûts de l'énergie qui va faire passer la facture d'électricité de l'entreprise de deux millions à près de six millions d'euros entre 2021 et 2023.

Pour gagner en efficacité énergétique, Ratier-Figeac a mis plus de six millions d'euros pour des travaux d'éclairage et de réfection des toits de son site lotois. Ce qui lui a permis de passer l'hiver dernier sans chauffer son centre d'usinage. « L'isolation du bâtiment et la chaleur légère dégagée par les machines suffisaient à chauffer les bâtiments. Cette isolation fonctionne aussi très bien aussi au niveau de la chaleur extérieure. Nous avons pu étendre les zones climatisées sans augmenter considérablement la facture d'électricité », salue Jean-François Chanut.

Le groupe doit enfin composer avec la pénurie de main d'oeuvre touchant l'ensemble de la filière aéronautique. « Nous sommes actuellement 1.400 et notre objectif est d'augmenter l'effectif de plusieurs dizaines de salariés. Nous nous appuyons notamment sur le centre de formation de Cambes pour aller chercher des personnes qui ne travaillaient pas auparavant dans l'industrie ou dans l'aéronautique », témoigne le président de Ratier-Figeac. Le groupe a récemment embauché des anciens artisans et des bouchers pour accompagner sa croissance.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 06/09/2023 à 17:19
Signaler
Rude concurrence pour recruter à Figeac entre Ratier et Figeac Aéro deux leaders de l'industrie aéronautique !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.