Aéronautique : Collins Aerospace va doubler son activité nacelles à Toulouse d'ici 2026

REPORTAGE. Cinquante ans après avoir livré sa première nacelle, Collins Aerospace continue de faire grandir son activité aérostructures à Toulouse. Porté par la nouvelle ligne d'assemblage d'Airbus dédiée à l'A320 NEO dans la Ville rose et la montée en cadence sur le programme A350, le groupe prévoit un doublement de son activité nacelles d'ici 2026.
Collins Aerospace prévoit un surcroît d'activité sur les nacelles avec l'arrivée de la nouvelle ligne d'assemblage de l'A320 NEO à Toulouse.
Collins Aerospace prévoit un surcroît d'activité sur les nacelles avec l'arrivée de la nouvelle ligne d'assemblage de l'A320 NEO à Toulouse. (Crédits : Florine Galéron)

En février dernier, Airbus dévoilait la nouvelle vie de l'usine Lagardère à Toulouse. Le mythique site de production de l'A380 a été transformé et modernisé pour accueillir la nouvelle ligne d'assemblage de la famille A320 NEO à Toulouse, programme qui vise des niveaux records au milieu de la décennie. Cette contribution toulousaine aux perspectives de production affichées par l'avionneur européen profite également à ses fournisseurs. C'est le cas notamment de Collins Aerospace qui dispose dans la Ville rose d'un site de production de nacelles et d'un centre de réparation associé.

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 Du moteur nu à la nacelle

« La première nacelle a été livrée il y a cinquante ans, en juillet 1973. La 1.000e en 1988, la 10.000e en 2007 et nous devons atteindre aujourd'hui environ 16.000 exemplaires livrés depuis la création du site », retrace Patrick Galopin, directeur général de Collins Aerospace Aerostructures.

Avant de développer :

« Nous recevons un moteur nu et notre boulot est d'installer tout l'habillage autour. Une nacelle est composée de trois éléments principaux : l'entrée d'air, le capot fan qui protège le moteur des intempéries et qui assure l'aérodynamisme et l'élément le plus important, c'est l'inverseur de poussée utilisé lors de l'atterrissage de l'avion. Notre travail consiste aussi à installer tous les systèmes (pompes à carburant, pompes hydrauliques...) qui font le lien entre la génération primaire et le pylône de l'avion qui lui ensuite va distribuer l'air, l'électricité... »

Une fois terminées, les nacelles sont acheminées vers les lignes d'assemblage d'Airbus situées à quelques encablures de l'usine. Collins Aerospace est le seul fournisseur de nacelles du constructeur européen sur les moteurs Rolls-Royce de l'A350, un programme qui représente à lui seul la moitié de son activité aérostructures. En revanche, le groupe américain forme un duopole avec Safran sur la fourniture de nacelles sur l'A320 NEO. Outre cette activité historique, Collins Aerospace assemble depuis près de dix ans des éléments majeurs de l'avion comme des trains d'atterrissage pour l'A350-1000 et a remporté récemment la fabrication de nacelles pour le Falcon 6X de Dassault.

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La production de nacelles pour l'A350 représente la moitié de l'activité de Collins Aerospace Aerostructures (Crédits : Florine Galéron).

Doublement d'activité avec la nouvelle ligne de l'A320 NEO à Toulouse

Après un creux d'activité durant la crise sanitaire, le groupe affiche d'importantes perspectives de croissance sur les années à venir.

« Nous avons connu une très forte accélération juste avant le Covid. En 2019, notre année record, les cadences étaient montées à dix avions par mois sur l'A350 contre cinq aujourd'hui, mais il existe de belles perspectives pour remonter à neuf avions. Sur l'A320 NEO, le site de Toulouse produisait trois nacelles et demi par jour en 2018.

Grâce à la nouvelle chaîne d'assemblage de l'usine Lagardère et au fait qu'il y a une recentralisation sur Toulouse de la production de l'A321, nous allons doubler notre volume de production d'ici 2026. Tous programmes confondus, nous produisons aujourd'hui 280 nacelles et 14 jeux de trains d'atterrissage par an et nous prévoyons de quasiment doubler ce volume d'ici deux ans et demi », retrace Patrick Galopin.

Même l'activité d'assemblage de trains d'atterrissage pourrait voir son rythme de production décupler au cours de la décennie. Ces cadences spectaculaires n'affolent pas le groupe américain dont l'usine toulousaine est déjà dimensionnée pour produire jusqu'à 550 nacelles par an.

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Lignes mobiles, zéro papier et séchage par infrarouge

Au prix de lourds investissements, le site s'est doté de lignes mobiles pour assembler plus vite les nacelles de l'A320 NEO. « C'est comme dans l'automobile, le moteur est juché sur un chariot et avance sur la ligne à une vitesse de trois mètres par heure », commente Patrick Galopin. Discrètement, Collins Aerospace a progressivement hissé le site au niveau de tous les standards de l'usine 4.0. Le groupe a opté pour une organisation zéro papier.

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Collins Aerospace dispose de lignes mobiles pour la confection des nacelles de l'A320 NEO (Crédits : Florine Galéron).

Des clés intelligentes développées en interne permettent de livrer automatiquement le bon couple de serrage des pièces. Les opérateurs ont à disposition dans une mallette sur leur poste de travail le nombre exact de vis nécessaires aux opérations. « Cela permet de contrôler les pièces que l'on consomme et surtout de ne pas perdre de pièces. Un moteur, c'est hyper pointu. Il suffit de perdre une vis pour qu'elle aille se coincer dans le moteur et cela peut avoir des conséquences dramatiques pour l'avion », rappelle Patrick Galopin. Collins Aerospace a aussi conçu une solution de séchage des nacelles par infrarouge.

Six millions d'euros pour une nouvelle cabine de peinture

Cette année, le groupe a engagé six millions d'euros pour se doter d'une nouvelle cabine de peinture qui sera opérationnelle courant 2024. Suivront des travaux d'isolation des bâtiments et l'installation de panneaux solaires sur le parking. Collins Aerospace est engagé avec d'autres partenaires sur des programmes européens portant sur la conception d'un réservoir à hydrogène, d'un nouveau type d'aile ou encore d'un moteur où serait injecté de l'eau pour diminuer les sources de pollution des moteurs.

Pour le moment, les perspectives de croissance du groupe se heurtent seulement aux difficultés de recrutement communes à l'ensemble de la filière. Collins Aerospace emploie sur ses deux sites 500 personnes (380 sur l'usine de production et 120 sur le centre de réparation) et projette de porter l'effectif à 650 collaborateurs d'ici 2026.

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