
"Le besoin d'avions à hélices va être amené à se développer dans les prochaines années. Les hélices pourront être associées à des moteurs à hydrogène ou électriques. De quoi générer un renouveau de l'aviation à hélices dans le futur. C'est la raison pour laquelle nous avons investi dans ce nouveau centre d'excellence", lance Jean-François Chanut, président de Ratier-Figeac et directeur général de Propeller Systems (l'entité qui regroupe Ratier-Figeac, son antenne au Maroc et un site de production à Windsor Locks aux États-Unis).
3.000 m2 et une centaine de salariés
Implanté depuis plus de 110 ans dans le Lot, Ratier-Figeac ouvre une nouvelle page dans son histoire avec la mise en service de son centre d'excellence hélices à Figeac. Ce dernier est réparti en deux bâtiments pour une surface totale de 3.000 m2 : le premier est dédié à la fabrication en série d'hélices, le second accueille sur deux étages des bureaux pour les équipes d'ingénierie mais également des bancs de tests.
"Ce centre d'excellence doit nous permettre de mettre au point des hélices plus efficaces, autrement dit d'obtenir la même traction avec moins de puissance et en consommant moins d'énergie, de générer moins de vibrations et de bruit. Le but est que la prochaine génération d'hélices soit moins chère et réparable plus facilement", ajoute Jean-François Chanut.
Ratier-Figeac a inauguré son centre d'excellence hélices en présence du Premier ministre Jean Castex (Crédits : Florine Galéron).
Pour améliorer les réparations, Ratier-Figeac mise notamment sur la maintenance prédictive. Le groupe a mis au point des algorithmes pour détecter dans les opérations de l'avion ou l'environnement de l'hélice ce qui affecte la performance des hélices pour programmer des opérations de maintenance avant la survenue d'une panne.
Ce centre où travaille actuellement une petite centaine de salariés va demander 32 millions d'euros d'investissements. Ratier-Figeac le mobilise autour de deux programmes, Helios et Pharos, pour lesquels le groupe a reçu deux millions d'euros de la région Occitanie et du Grand Figeac ainsi que 6,5 millions d'euros via la DGAC.
Parmi les ruptures engagées dans le développement des hélices, Ratier-Figeac fait partie des pionniers en matière de pales en matériaux composites avec l'hélice NP2000 qui va équiper les avions C130 de l'US Navy et un autre programme pour l'A400M.
Une crise amortie par l'activité militaire
Premier fabricant mondial d'hélices, Ratier-Figeac a amorti le choc de la crise grâce à une activité militaire très soutenue.
"Avant la crise, l'aviation civile représentait 60% de notre chiffre d'affaires. Aujourd'hui, c'est l'aviation militaire qui pèse 60% grâce à une période de forte activité militaire. D'une part, en tant que hélicier de l'A400M, nous devons réaliser une révision générale des hélices quelques années après l'entrée en service des appareils et nous sommes justement dans cette période. Cela génère une charge de travail importante entre 2020 et 2022.
D'autre part, sur les avions C-130 de Lockheed, deux programmes ont demandé une activité importante. Nous avons connu une forte demande de rechange, en particulier de la part de l'US Air Force sur des hélices d'origine sur des appareils fabriqués dans les années 60-70. En parallèle, Ratier-Figeac a connu une montée en cadence pour assurer un programme de rétrofit des hélices des C-130 de l'U.S. National Guard", analyse le président de Ratier-Figeac.
Tensions sur les recrutements
Au final, Propeller Systems a vu son chiffre d'affaires passer de 530 à 430 millions de dollars entre 2019 et 2020, soit une baisse d'activité de l'ordre de 20%. Cet amortissement de la crise a permis de limiter la casse sociale. Le groupe n'a pas fait appel à un PGE (prêt garanti par l'État) pour traverser la crise et n'a pas non plus mis en place de plan social. L'effectif de l'entreprise a été légèrement revu à la baisse avec 1.251 salariés aujourd'hui dans le Lot avec le non-renouvellement des contrats CDD et intérim et quelques départs à la retraite. Mais dès cet été, le groupe a recommencé à embaucher.
"Nous avons recruté plus de 40 personnes depuis cet été et nous avons actuellement 30 postes ouverts. Nous avons quelques difficultés à recruter notamment en matière de compétences pour les composites. Il va falloir recourir à de la formation", indique François Mestre, directeur des opérations.
Par ailleurs, Ratier-Figeac compte rapatrier dans le Lot la fabrication de pièces complexes nécessaires à la confection des hélices que l'équipementier achetait jusqu'ici auprès de fournisseurs en dehors de l'Europe. Le groupe va investir six millions d'euros dans ce projet pour lequel il a reçu un soutien de la part de France Relance à hauteur de 1,5 million d'euros. Rapatrier la production représente plusieurs avantages : l'acquisition de certaines technologies de fabrication pour des pièces critiques, la maîtrise des produits et de la chaîne logistique, mais aussi la création d'activité et d'emplois en Occitanie sur le site de Figeac. Entre 20 et 40 emplois pourraient être créés dans les prochaines années par ce biais.
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