Ratier-Figeac veut rapatrier en France la fabrication de pièces pour ses hélices

L'équipementier lotois Ratier-Figeac a amorti le choc de la crise grâce une activité militaire très soutenue sur les avions A400M et C-130. Une bonne santé qui a permis à l'entreprise de maintenir l'investissement de 32 millions d'euros prévu pour la construction d'un centre d'excellence dédié à la nouvelle génération d'hélices d'avions. Grâce à un soutien du programme France Relance, Ratier-Figeac veut aussi fabriquer en France des pièces jusqu'ici achetées en dehors de l'Europe avec à la clé la création de dizaines d'emploi.
Ratier-Figeac a connu une forte charge d'activité sur les hélices pour l'A400M et le C-130.
Ratier-Figeac a connu une forte charge d'activité sur les hélices pour l'A400M et le C-130. (Crédits : Ratier-Figeac)

C'est l'un des acteurs historiques de l'aéronautique dans le Lot. Implanté depuis plus de 100 ans dans le département, Ratier-Figeac, filiale du groupe américain Collins Aerospace, fabrique des hélices pour ATR, Airbus, Bombardier... Mais contrairement à beaucoup d'acteurs de la filière aéronautique dans le Sud-Ouest, et notamment son voisin Figeac Aéro, Ratier-Figeac a mieux résisté à la crise sanitaire.

Forte activité sur l'A400M et le C-130

"Même si nous avons été particulièrement impactés par la chute du trafic aérien et les baisses de cadence des constructeurs sur notre production pour Airbus et ATR, l'aviation civile ne représente que 60% de notre chiffre d'affaires. Les 40% restants sont réalisés dans le militaire. Et nous avons connu une période de forte activité militaire. D'une part, en tant que hélicier de l'A400M, nous devons réaliser une révision générale des hélices quelques années après l'entrée en service des appareils et nous sommes justement dans cette période. Cela génère une charge de travail importante entre 2020 et 2022.

D'autre part, sur les avions C-130 de Lockheed, deux programmes ont demandé une activité importante. Nous avons connu une forte demande de rechange, en particulier de la part de l'US Air Force sur des hélices d'origine sur des appareils fabriqués dans les années 60-70. En parallèle, Ratier-Figeac a connu une montée en cadence pour assurer un programme de rétrofit des hélices des C-130 de l'U.S. National Guard. Ces trois programmes nous ont permis de maintenir une activité importante et donc d'amortir de façon significative la chute de l'activité", décrit Jean-François Chanut, président de Ratier-Figeac et directeur général de Propeller Systems (l'entité qui regroupe Ratier-Figeac, son antenne au Maroc et un site de production à Windsor Locks aux États-Unis).

Lire aussi 4 mnRatier-Figeac résiste à la crise aéronautique grâce à son activité militaire

Au final, Propeller Systems a vu son chiffre d'affaires passer de 530 à 430 millions de dollars entre 2019 et 2020, soit une baisse d'activité de l'ordre de 20%. Cet amortissement de la crise a permis de limiter la casse sociale. Le groupe n'a mis en place aucun plan social. L'effectif de l'entreprise a tout de même été revu à la baisse avec 1.200 salariés aujourd'hui contre 1.300 début 2020 avec le non-renouvellement des contrats CDD et intérim et quelques départs à la retraite. Ratier-Figeac n'a pas non plus fait appel à un PGE (prêt garanti par l'État) pour traverser la crise.

Le centre d'excellence des hélices inauguré à l'automne

Le groupe a décidé de maintenir le plan d'investissement de 32 millions d'euros annoncé au printemps 2019 pour créer un centre d'excellence des hélices d'avions. L'entreprise a terminé la construction d'un bâtiment de 2 300 m2 dédié à la conception, les tests, la fabrication et la maintenance des nouvelles générations d'hélices.

"L'aviation verte est ancrée dans notre ADN, tout comme dans celle des constructeurs d'avions à hélices. Ces derniers sont beaucoup plus propres, en tout cas beaucoup moins impactant sur l'environnement, que d'autres types d'appareils. Nous travaillons dans ce centre sur de nouvelles briques technologiques pour améliorer la performance des hélices en elles-mêmes et d'autre part aussi l'intégration d'une hélice sur un moteur hybride-électrique", présente Jean-François Chanut.

Des premières équipes d'ingénieurs ont déjà commencé à y travailler. Le centre sera lui officiellement inauguré à l'automne.

Deux programmes soutenus par France Relance

En parallèle de cet investissement, Ratier-Figeac a été retenu en juillet dans le cadre du programme France Relance pour deux projets. Le premier vise à rapatrier dans le Lot la fabrication de pièces complexes nécessaires à la confection des hélices que l'équipementier achetait jusqu'ici auprès de fournisseurs en dehors de l'Europe.

"Nous allons investir six millions d'euros dans ce projet pour lequel nous avons reçu un soutien de la part de France Relance à hauteur de 1,5 million d'euros. Pour rapatrier la production, nous devons acheter une nouvelle machine à usinage et moderniser une partie de notre usine. Mais cette opération représente des bénéfices multiples : l'acquisition de certaines technologies de fabrication pour des pièces critiques, la maîtrise de nos produits et de notre chaîne logistique, mais aussi la création d'activité et d'emplois en Occitanie sur le site de Figeac", fait valoir le dirigeant.

Le deuxième projet soutenu par France Relance vise à créer une ligne pilote dédiée au traitement de surface pour se conformer à la nouvelle réglementation européenne Reach (qui vise à remplacer dans l'industrie certaines substances chimiques toxiques). Ratier-Figeac a reçu une aide de 330.000 euros pour ce programme. Le groupe espère avec ces deux projets créer une centaine d'emplois dans le Lot dans les prochaines années.

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Commentaires 3
à écrit le 28/08/2021 à 18:19
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"Ratier-Figeac veut rapatrier en France" Et ben vas-y.

à écrit le 28/08/2021 à 15:02
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Je connais un ingénieur concepteur de commande de vol électrique qui travaille chez Ratier FIgeac depuis plus de 22 ans. Sacré bail et boulot formidable de l'ingénieur, même promo que moi en 1997 à Paris. ratier figeac est un pilier de l'aeronautique...

à écrit le 28/08/2021 à 1:10
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Ratier Figeac n'est plus français depuis 1998, si ma mémoire est bonne.

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