Spatial : le centre d'excellence de l'OTAN à Toulouse prêt à décoller

Le 14 juillet dernier, le centre d’excellence de l’OTAN pour l’Espace à Toulouse a été officiellement accrédité. Dans un échange exclusif pour La Tribune, le colonel Thierry Chapeaux revient sur la montée en puissance de cette nouvelle entité qui regroupera 42 personnes d'ici 2025, des militaires français mais également des profils issus d'une quinzaine de pays alliés, pour affiner la doctrine et la formation de l'AIliance en matière de spatial.
Le site toulousain devient le 29e centre d'excellence de l'OTAN dans le monde.
Le site toulousain devient le 29e centre d'excellence de l'OTAN dans le monde. (Crédits : DR)

La Ville rose affirme un peu plus sa place de premier plan en matière de spatial. Deux ans et demi après l'annonce par l'OTAN de la création d'un centre d'excellence pour le spatial à Toulouse, cette nouvelle entité amorce sa montée en puissance. La création du centre d'excellence a fait l'objet d'un mémorandum d'entente en janvier dernier et ce dernier a été officiellement accrédité le 14 juillet par l'OTAN pour acquérir le statut d'organisation militaire internationale.

Le site toulousain devient le 29e centre d'excellence de l'OTAN dans le monde. L'Organisation du traité de l'Atlantique nord disposait déjà de centres adressant des domaines aussi variés que la cyberdéfense, la médecine militaire, la lutte contre les engins explosifs improvisés, etc. En France, jusqu'à présent, seule la ville de Lyon hébergeait le centre d'analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes (CASPOA). Mais depuis 2019, l'OTAN a également reconnu l'espace comme milieu d'opérations, au même titre que les milieux aérien, terrestre, maritime et cyber. La France, qui venait de lancer son commandement de l'Espace, a proposé la création d'un centre d'excellence dédié.

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« Il ne s'agit pas d'une unité centrée sur les opérations militaires mais d'un lieu d'expérimentation axé sur quatre piliers. Le premier est de faire germer et des idées liées aux besoins de l'OTAN et aux évolutions technologiques. Le deuxième pilier, c'est la doctrine, autrement dit le mode d'emploi de ces nouvelles idées, et la standardisation des processus et des technologies. Le troisième élément, c'est tout ce qui est formation et entraînement à l'application de la doctrine. Enfin, le centre va réaliser des retours d'expérience sur ces nouvelles applications », explique le colonel Thierry Chapeaux, directeur du centre d'excellence toulousain.

Une équipe internationale de 42 personnes en 2025

Le haut-gradé laissera sa place fin août au colonel Sylvain Debarre qui sera chargé de diriger l'équipe internationale. « Le centre va monter en puissance. Nous sommes actuellement onze personnes dont deux internationaux (allemand et espagnol) mais dès septembre, le centre disposera d'une trentaine de personnes dont une dizaine d'internationaux. Il est prévu d'atteindre un effectif de 42 personnes en 2025 », décrit le colonel Thierry Chapeaux. Le centre regroupera une moitié de militaires français issus de l'armée de l'air, de terre, de la marine ou de la Direction générale de l'armement (DGA) et une proportion équivalente de profils issus des pays de l'Alliance. Pour l'instant, le COE est animé par 15 nations européennes mais devrait être rejoint rapidement par les États-Unis.

Actuellement hébergé dans des locaux provisoires au sein du CNES, le centre d'excellence de l'OTAN (COE) disposera de son propre bâtiment de 2.000 m2 co-localisé dans les futurs locaux du Commandement de l'espace qui commenceront à sortir de terre à l'automne sur un terrain de trois hectares sur la partie sud du centre spatial toulousain. Ce chantier à 80 millions d'euros prévoit aussi de sécuriser l'ensemble des bâtiments par un poste d'accueil et de filtrage géré par une équipe de gendarmes de l'air.

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Cette proximité avec le Commandement de l'espace pourrait faire naître des synergies. « L'idée est de s'appuyer sur l'expertise du CDE pour faire monter en compétence notre personnel. C'est dans cette optique que j'ai engagé du personnel pour contribuer à l'exercice spatial militaire AsterX. Mais inversement, le centre d'excellence a vocation à rayonner au-delà de la France et de synthétiser ce qui se fait de mieux dans le monde au profit de l'OTAN et des nations de l'Alliance donc des synergies pourraient émerger dans les deux sens », précise le colonel Thierry Chapeaux.

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De nouvelles opportunités pour l'écosystème spatial toulousain

Au-delà du CDE, le centre d'excellence de l'OTAN compte s'appuyer sur l'expertise de l'écosystème spatial toulousain. Une délégation de l'OTAN dirigée par le lieutenant-général Dave Julazadeh, chargé de promouvoir les centres d'excellence de l'Alliance à travers le monde, s'est rendue à Toulouse la semaine dernière dans les hauts lieux du spatial de la Ville rose : CNES, Cité de l'espace mais aussi dans les locaux de la startup franco-américaine Loft Orbital. Quatre sociétés ont également pitché devant les représentants de l'Alliance.

Pour les entreprises toulousaines, l'arrivée du COE pourrait aussi générer de nouvelles opportunités économiques. « C'était l'occasion d'ouvrir les portes de l'OTAN à ces entreprises pour voir comment, ultérieurement, elles pourraient collaborer avec l'Organisation. L'Alliance dispose de laboratoires d'innovation et de fonds à destination des entreprises donc autant en faire bénéficier la Base industrielle et technologique de défense (BITD) des forces françaises et européennes », conclut le colonel Thierry Chapeaux.

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Commentaires 3
à écrit le 02/08/2023 à 9:50
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ça claque mieux de dire "ouverture d'un centre d'excellence " que de dire "implantation d'une base de service de renseignement ennemie sur le sol français qui volera les technologies et les avancements des chercheurs français qui travaillent sur le ...

le 06/08/2023 à 17:35
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Bonjour , Excellente commentaire... Personnellement, je me demande a quoi ce truc vas servir....sa risque de coûter tres chères et être totalement inutile... Bien sur ils ne faut pas le dire...

à écrit le 01/08/2023 à 16:53
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Plus fort qu'ELON MUSK qui a réussi à faire décoller son "pas de tirs", l'OTAN veut faire décoller un centre spatial...

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