Spatial : le NewSpace français a levé plus de 650 millions d'euros en dix ans

En amont des Assises du NewSpace, Toulouse Space Team a dévoilé un panorama du financement des startups françaises du secteur. Ces dernières ont levé 650 millions d'euros en dix ans alors que l'ensemble du NewSpace européen a collecté plus de 2,2 milliards d'euros sur la même période. Il reste donc une marge de progression très importante pour que la SpaceTech prenne toute sa place dans l'économie française.
Loft Orbital a levé 140 millions d'euros fin 2021.
Loft Orbital a levé 140 millions d'euros fin 2021. (Crédits : Rémi Benoit)

54 millions pour Exotrail, 40 millions pour The Exploration Company... le rythme des levées de fonds dans le NewSpace français est en train de s'accélérer. Un constat confirmé par une analyse conduite par Toulouse Space Team, groupement de consultants indépendants spécialisés dans le spatial, et dévoilée cette semaine alors que se tiennent à Paris les Assises du NewSpace.

Une accélération récente en France

« Depuis 10 ans, le NewSpace français a levé plus de 650 millions d'euros en prise de participation (hors subventions), les premières levées de fonds significatives ayant eu lieu à partir de 2017 », remarque le groupement.

Une accélération récente liée au fait que la France s'est convertie au NewSpace plus tardivement que ses voisins européens, probablement freinée par le poids de l'histoire. « La présence de champions mondiaux tels que TAS, Airbus ou Arianegroup, a développé une culture d'excellence et d'exigences qualité de très haut niveau, peu en ligne avec la logique NewSpace », analysait Toulouse Space Team qui avait dévoilé lors du Space Forum organisé par La Tribune en mai dernier une cartographie inédite de 220 acteurs européens du NewSpace.

Pour autant, depuis 2014, le nombre d'entreprises créées a fortement augmenté en lien avec le basculement des priorités du CNES vers le développement de ce segment. Les plus fortes levées à ce jour en France restent celles de Loft Orbital, la société franco-américaine ayant levé 140 millions d'euros fin 2021 pour développer sa constellation de services partagés et de Kinéis avec un tour de table de 100 millions d'euros bouclé en 2020 pour sa constellation IoT. « On notera le cas exceptionnel de Kinéis qui a bouclé la totalité du financement nécessaire à son développement en un seul tour de table, favorisé par un appui indéfectible du CNES. On se souviendra que Kinéis est la continuation du système Argos, créé par le CNES dans les années 70 », observe Toulouse Space Team.

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Même les annonces médiatiques survenues ces dernières années peuvent impressionner, au total, « seule une trentaine d'entreprises ont levé des fonds depuis dix ans » dans le NewSpace français. Mis à part des sociétés très matures comme Cailabs (créée en 2013) ou Exotrail (créée en 2017) « qui totalisent respectivement cinq et quatre tours de table à ce jour », « la grande majorité des levées restent des premiers tours et un peu moins d'un tiers des seconds tours », note Toulouse Space Team.

« Le nombre d'opérations est à la fois remarquable pour un secteur en création (et le plus souvent perçu comme très risqué), mais reste finalement encore très faible. À titre de comparaison, la France a enregistré en 2022 un total 735 opérations pour 13,5 milliards d'euros levés (tous secteurs confondus, ndlr) contre une vingtaine d'opérations et 180 millions d'euros levés pour le NewSpace.

En revanche, à mi-2023, les montants restent encourageants pour l'année en cours sachant que tous les autres secteurs connaissent un fort ralentissement en termes de levées de financement. On retiendra toutefois que la marge de progression reste à ce stade très importante pour que la SpaceTech prenne toute sa place dans l'économie française », poursuivent les experts.

Peu de fonds spécialisés

Actuellement, comme dans d'autres pans de l'économie, BPI France garde un rôle central avec une participation à plus de 10% des opérations du secteur. Le fonds Definvest, créé par le Ministère des Armées et BPI France, a également apporté un coup de pouce notable au NewSpace. Pour Toulouse Space Team : « Ceci souligne le rôle clef du secteur institutionnel dans le financement du NewSpace, car même si les montants ne sont pas nécessairement importants, BPI France et Definvest ont un effet d'entraînement sur les capitaux privés »

En ce qui concerne les fonds issus du capital-risque et autres fonds, Innovacom et 360Capital font figure de leaders sur le secteur.

« Les fonds spécialisés du NewSpace ont démarré récemment et restent à ce stade encore en retrait. Mais la France manque clairement d'un Seraphim capable de financer massivement ses start-ups du NewSpace. Enfin, le rôle du CNES reste très limité à ce niveau : participation dans Kinéis, mise en place de Cosmicapital, actions de Connect by CNES, création récente du club d'investisseurs Spacely... La montée en puissance de l'agence spatiale nationale se fait attendre, ce point ayant d'ailleurs été relevé dans un rapport récent de la cour des comptes », conclut l'analyse.

Pas encore de licorne du NewSpace en Europe

La marge de progression reste également importante en France au regard des tours de tables bouclés chez ses voisins. Au total, le NewSpace européen a levé environ 2,2 milliards d'euros depuis 2010 (hors OneWeb). Le Royaume-Uni et l'Allemagne se détachent comme les leaders en la matière, deux pays qui ont fait l'objet« d'un démarrage précoce du secteur ».

Dans le top 5 des startups européennes du NewSpace les mieux financées figurent les lanceurs de l'Allemand Isar Aerospace (310 millions d'euros levés depuis sa création), le Finlandais Iceye positionné sur les micro-satellites (274 millions), l'Allemand Mynaric et sa technologie de communications laser pour les constellations (200 millions), l'Italien Nanoracks (160 millions) et Loft Orbital (146 millions). Ces entreprises du Top 5 ont d'ores et déjà été rangées dans la catégorie Soonicorns (les futures licornes).

Toulouse Space Team

(Crédits : Toulouse Space Team)

« À ce stade, il convient de relever qu'aucune entreprise du NewSpace européen n'a été classée dans la catégorie des licornes, alors qu'il y a une bonne dizaine d'entreprises américaines dans cette catégorie, dont SpaceX, Relativity Space ou encore ABL Space, toutes focalisées sur les lanceurs et aussi les constellations pour SpaceX », conclut Toulouse Space Team.

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