Aéronautique : Figeac Aéro redresse la barre

Après avoir vu son chiffre d'affaires chuter de moitié avec le Covid, Figeac Aéro remonte progressivement la pente. Premier sous-traitant aéronautique européen avant la crise, le groupe lotois affiche une progression de 25% sur le premier semestre et vise les 330 millions d'euros sur l'année. Une reprise freinée par la pénurie de main d'oeuvre, les tensions d'approvisionnement en titane et la flambée des coûts de l'énergie.
Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aéro.
Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aéro. (Crédits : Rémi Benoit)

Petit à petit, Figeac Aéro retrouve des couleurs. Le groupe lotois fondé en 1989 avait connu avant le Covid une croissance fulgurante, passant de 19 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2000 à 441 millions en mars 2020 et devenant ainsi le premier sous-traitant aéronautique en Europe. La crise sanitaire a mis un net coup d'arrêt à cette dynamique, la société ayant vu son activité chuter de moitié pour s'établir à 205 millions d'euros au printemps 2021.

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Depuis, le sous-traitant remonte progressivement la pente. À fin mars 2022, le groupe lotois avait réalisé un chiffre d'affaires annuel de 282 millions d'euros. Figeac Aéro a annoncé fin décembre viser au printemps prochain la barre des 330 millions après une progression de l'activité de 25% sur le premier semestre.

Remontée des cadences

« L'amélioration se confirme par les montées en cadences chez les principaux clients donneurs d'ordres et un trafic aérien proche du niveau d'avant crise », se réjouit le groupe. Airbus a notamment annoncé une accélération des niveaux de production sur l'A320 NEO. Alors que le rythme sur ce programme était descendu de 60 à 40 appareils par mois pendant la crise, l'avionneur européen a confirmé son ambition d'atteindre 75 appareils par mois d'ici le milieu de la décennie. Figeac Aéro est aussi porté par la remise en service du Boeing 737 MAX avec une relance progressive de la production. L'un des principaux défis des prochains mois sera de constituer « des stocks stratégiques pour sécuriser les montées en cadence et ainsi délivrer le carnet de commandes élevé », observe le sous-traitant.

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Autre bonne nouvelle, « la dynamique commerciale sur le semestre ne fléchit pas », souligne-t-on du côté de Figeac Aéro. Le sous-traitant a ainsi renouvelé jusqu'en 2030 l'un des contrats les plus significatifs du groupe : l'usinage et l'assemblage des planchers d'une portion de l'A350 avec Spirit Aero System. Par ailleurs, la société compte annoncer dans les prochaines semaines « des accords dimensionnants dans l'activité systèmes et moteurs ». Figeac Aéro totalise un carnet de commandes de plus de trois milliards d'euros sur les dix années à venir.

Difficultés de recrutement et d'approvisionnement en titane

Pour autant, la reprise d'activité se heurte à plusieurs freins. Jean-Claude Maillard, le PDG de Figeac Aéro mentionne « une résilience dans un contexte de marché perturbé par les pressions inflationnistes fortes, la crise en Ukraine et les difficultés de recrutement ». D'après une étude de l'Insee parue en décembre, près de huit entreprises sur dix dans la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest ont du mal à embaucher. Le groupe, qui emploie environ 3.000 personnes dans le monde, espère « maintenir son attractivité auprès de talents toujours plus sollicités ».

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Dans les prochains mois, Figeac Aéro s'est fixé comme priorité de sécuriser ses contrats d'énergie face à la flambée des prix de l'électricité. Le groupe lotois envisage aussi de « négocier des avances de cash avec ses principaux clients pour sécuriser notamment l'approvisionnement en titane », la filière aéronautique européenne étant encore très dépendante du titane russe.  Malgré ces freins, Figeac Aéro entrevoit une amélioration de son activité d'ici le printemps prochain et escompte toujours dégager des free-cash flows positifs sur l'ensemble de l'année.

Consolidation de la supply chain

Sur le plan financier, l'endettement de la société s'élève à 293 millions d'euros mais le groupe a pu dégager de la trésorerie grâce à l'arrivée dans son capital de Tikehau Ace Capital qui lui a permis l'an dernier de réaliser une augmentation de capital de 58,5 millions d'euros. De quoi avoir les reins financiers plus solides face à la vague de consolidation dans la supply chain aéronautique.

Pour le moment, Figeac Aero ne s'est pas lancé dans une boulimie d'acquisitions. Le fabricant a seulement annoncé cet été la cession d'une usine au Mexique au profit de Latécoère et l'acquisition des actifs industriels de la société américaine Kaman Aerospace au Mexique. Ce site de production est spécialisé dans la fabrication de pièces de tôlerie complexes pour l'aviation civile et militaire, l'usinage de pièces issues de profilés et l'assemblage de sous-ensembles aéronautiques.

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Âgé de 65 ans, le PDG de Figeac Aero Jean-Claude Maillard, pourrait être amené à passer la main dans les prochaines années. Mais la priorité est d'abord au redressement économique avant de trancher entre le rachat de plusieurs sociétés ou la fusion avec le nouvel ensemble formé par Mecachrome pour créer un mastodonte des pièces aéronautiques.

« Je veux retrouver le chiffre d'affaires d'avant Covid-19 et nous devrions y arriver en mars 2026. Avec ce chiffre d'affaires, nous étions aussi gros que WeAre et Mecachrome réunis. Aujourd'hui, je reste donc focalisé sur cet objectif. À partir de 2025-2026, nous verrons. Si le géant évoqué veut racheter Figeac Aéro, il lui faudra beaucoup d'argent », estimait le dirigeant en juillet dernier.

Seul ou accompagné, Figeac Aéro maintient son ambition de devenir le numéro un mondial de la sous-traitance de pièces aéronautiques métalliques.

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