Figeac Aéro : "Nous avons touché le fond et maintenant nous remontons à la surface"

Premier sous-traitant aéronautique européen, Figeac Aéro est lourdement impacté par la crise. Son chiffre d'affaires a chuté de 58% entre avril et septembre et son Ebitda a plongé de 116%. "Les difficultés sont derrière nous", assure son PDG Jean-Claude Maillard alors que les perspectives s'améliorent avec notamment la remise en service du Boeing 737 Max. Mais les négociations se poursuivent autour du PSE qui prévoit 320 suppressions de postes à Figeac et le groupe envisage toujours de participer à la consolidation de la supply chain.
Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aéro, pourrait passer la main d'ici quelques années.
Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aéro, pourrait passer la main d'ici quelques années. (Crédits : Rémi Benoit)

"Figeac est l'un des sous-traitants les plus touchés par cette crise car nous travaillons pour les sous-ensembliers, les équipementiers et les constructeurs aéronautiques qui ont des stocks de nos pièces. Malgré la violence de la crise qui s'est abattue sur nous, depuis quelques semaines, apparaissent des éléments positifs. Nous avons touché le fond et nous sommes en train de remonter à la surface de la piscine, même si nous ne savons pas à quelle vitesse nous allons remonter", résume Jean-Claude Maillard, le PDG de Figeac Aéro à l'occasion de la présentation des résultats semestriels de sa société.

Le chiffre d'affaires chute de 58%

Fondée en 1989 par le dirigeant lotois, la société a connu une croissance fulgurante, passant de 19 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2000 à 445 millions en mars 2020 et devenant ainsi le premier sous-traitant aéronautique en Europe. Mais Figeac Aéro a été extrêmement touché par la crise du transport aérien. Entre avril et septembre (période du premier semestre de la société), son chiffre d'affaires à chuté de 58% passant de 224 millions au S1 2019 à 94 millions. Dans le même temps, son Ebitda (bénéfices avant impôts) a lui aussi plongé de 116% : il était de 39 millions d'euros au premier semestre 2019 contre - 6,7 millions au premier semestre 2020.

Pour autant, "les difficultés sont derrière nous", assure Jean-Claude Maillard. Depuis septembre, les voyants repassent au vert. Des bonnes nouvelles sont arrivées. En Chine, le trafic aérien a déjà retrouvé son niveau d'avant-crise, le Boeing 737 Max va reprendre du service, et le lancement des campagnes de vaccination pourrait relancer le marché. Figeac Aéro a aussi décroché deux contrats majeurs en 2020 avec Collins Aerospace (contrat de 250 millions de dollars) et Rolls-Royce (60 millions de dollars). "Dans les cinq ans qui viennent, Figeac Aéro retrouvera son chiffre d'affaires d'avant la crise avec j'espère un niveau de rentabilité équivalent", estime le dirigeant.

320 emplois en sursis à Figeac, 21 à Méaulte et 742 postes supprimés à l'étranger

Pour autant, le sous-traitant lotois poursuit sa restructuration. "742 postes ont été supprimés à l'étranger depuis le début de la crise. En France, 320 postes seront supprimés au siège à Figeac (sur un effectif de 900 personnes, ndlr) et 21 postes à Méaulte (Picardie)", précise Didier Roux, le directeur général adjoint de Figeac Aéro.

Lire aussi : Figeac Aéro prévoit de supprimer un tiers de ses effectifs dans le Lot

D'après des sources syndicales, concernant l'usine lotoise, l'activité partielle de longue durée permettra de sauvegarder 20 postes et 22 départs en retraite anticipée sont prévus. Mais la direction ne souhaite pas officialiser ces chiffres avant la fin des négociations prévues le 15 janvier. Actuellement, le taux d'activité dans l'usine est remonté à 50% (contre 35% durant le confinement du printemps).

"Nous n'avons pas les moyens financiers de racheter des concurrents"

Enfin, concernant la consolidation de la supply chain, Jean-Claude Maillard avait indiqué dans une interview à La Tribune le 8 septembre dernier : "Soit nous restons comme nous sommes et nous rejoignons un groupe plus important, soit nous fusionnons avec d'autres sociétés pour constituer une entreprise plus grande. Figeac Aéro a su être fort seul pendant 31 ans. Pour rester forts demain, il faut probablement collaborer davantage avec les autres acteurs de la supply chain."

Le dirigeant reste aujourd'hui sur la même ligne, en précisant :

"Je ne serai pas impliqué en tant que leader tout simplement parce que nous n'avons pas les moyens financiers de racheter des concurrents. Je pourrais être un acteur au travers de ACE management qui est aujourd'hui le restructurateur officiel de la supply chain. Il y a eu des discussions très générales mais nous ne sommes pas rentrés dans plus de détails sur ce que nous pourrions faire."

Lire aussi : Comment le fonds de soutien à l'aéronautique va participer à la consolidation de la supply chain

Jean-Claude Maillard profitera-t-il de cette restructuration pour passer la main ? Peut-être. "J'ai bientôt 64 ans, pas d'enfant qui prendra ma suite donc ma durée de vie à Figeac Aéro est relativement limitée, de l'ordre de un à dix ans. Si elle était d'un an, cela veut dire que je vendrais mes 76% de capital dans l'entreprise. Si c'est dix ans alors je serais impliqué dans la consolidation du marché", conclut-il.

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