Aéronautique : Rossi Aero passe sous le contrôle de Tikehau pour préparer la reprise

Rossi Aero, sous-traitant aéronautique de rang 1 basé près de Toulouse, va passer sous le contrôle de Tikehau qui devient son actionnaire majoritaire. L'entreprise familiale a été durement impactée par la crise mais son expertise dans la fabrication de composants à la demande dans des délais courts pourrait être très prisée dans l'optique de la remontée des cadences annoncée par Airbus.
Rossi Aero va recentrer l'activité de son usine d'Eurocentre sur la fabrication d'urgence de pièces aéronautiques.
Rossi Aero va recentrer l'activité de son usine d'Eurocentre sur la fabrication d'urgence de pièces aéronautiques. (Crédits : Rossi Aero)

Après Figeac Aero qui annonçait en septembre dernier l'entrée d'Ace Capital Partners dans son capital, c'est au tour d'une nouvelle entreprise familiale clé de la sous-traitance aéronautique d'annoncer un bouleversement de son actionnariat. Rossi Aero fait entrer Tikehau Ace Capital pour une prise de participation majoritaire au sein du groupe.

Fondée en 1976 par la famille Rossi, l'entreprise s'est imposée comme un sous-traitant aéronautique de rang 1 pour Airbus, Stelia et Safran en misant sur le speedshop, autrement dit la fabrication de composants à la demande dans des délais très courts (parfois de seulement quelques heures). Il y a dix ans, la société avait engagé une diversification vers la fabrication de plus grandes séries, la maintenance, la réparation et le maintien en condition opérationnelle. À l'étroit dans son site historique de Saint-Caprais, à 25 km au nord de Toulouse, Rossi Aero avait investi 20 millions d'euros pour construire en 2017 un nouveau site de production de plus de 7.000 m2 au sein du pôle logistique Eurocentre avec l'ambition de lancer trois lignes de production robotisées pour de grandes séries de pièces en aluminium, en plastique et en métaux durs.

Un essor plombé par la pandémie

La crise sanitaire a totalement bouleversé les projets de développement du sous-traitant.

"Nous avions des fonds historiques avec qui tout se passait bien et du travail pour 300 collaborateurs mais la pandémie est arrivée. Les avions ont arrêté de voler et donc nous n'avions plus de production de pièces. Mais cela tenait à coeur à la direction de ne pas faire de PSE. Nous n'avons pas pu garder les CDD et intérimaires et il y a eu une trentaine de départs volontaires. Nous avons pu conserver 200 familles à nos côtés", explique Céline Rossi, directrice de la communication du groupe.

Le chiffre d'affaires de Rossi Aero est passé de 32 millions d'euros en 2019 à 20 millions d'euros en 2020. Pour compenser cette perte d'activité, l'entreprise a obtenu un PGE (prêt garanti par l'État) d'environ six millions d'euros. Mais ce soutien financier n'était pas suffisant pour passer la crise et se préparer à la reprise. Le site historique de Saint-Caprais a été vendu ainsi que les lignes de production robotisées de sa nouvelle usine d'Eurocentre. Dans cette dernière, la production a été complètement réorganisée pour se recentrer sur la fabrication d'urgence de pièces. Le site de Muret, spécialisé dans la tôlerie et la chaudronnerie, a également été conservé.

Une expertise clé pour la remontée des cadences

Son expertise dans le speedshop pourrait être très prisée dans l'optique de la remontée des cadences annoncée par Airbus. "La fabrication à la demande de composants dans des délais courts sera essentielle pour éviter toute interruption de la chaine d'approvisionnement. En tant qu'acteur majeur dans les activités de réactivité, le groupe Rossi Aéro jouera un rôle déterminant dans la reprise des cadences de production au sein de l'industrie aéronautique civile", estime Guillaume Benhamou, CEO deTikehau Ace Capital.

Airbus a annoncé au mois de mai des remontées de cadences spectaculaires. Sur l'A320 NEO, le rythme de production était descendu de 60 à 40 appareils par mois pendant la crise mais l'avionneur européen veut remonter à une cadence de 45 avions mensuels au quatrième trimestre 2021 et compte atteindre 65 appareils par mois d'ici mi-2023. Et des études sont d'ores et déjà en cours pour tendre vers 70 à 75 avions par mois. Une dynamique qui pourrait aider Rossi Aero à rebondir dans les prochaines années.

Lire aussi 13 mnAéronautique : les trois défis majeurs de la remontée des cadences de la supply chain

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