Le sous-traitant aéronautique Aertec vise 10 millions de masques chirurgicaux en 2021

COVID-19, UN AN APRÈS - Il y a près d'un an, le sous-traitant aéronautique Aertec convertissait son atelier de confection de rideaux pour les avions d'Airbus et de Boeing pour se lancer dans la fabrication de masques lavables. Cette activité pèse aujourd'hui 13 % de son chiffre d'affaires et la société a décliné toute une gamme de produits : masques pour les chanteurs, pour les enfants et dernièrement un masque inclusif avec une fenêtre transparente. Aertec a également investi dans une machine qui automatise la fabrication de masques chirurgicaux avec l'ambition d'une production massive pour concurrencer les tarifs chinois.
Cécile Lafon, directrice commericale et Philippe Billebault, président d'Aertec devant la machine automatisée de masques chirurgicaux.
Cécile Lafon, directrice commericale et Philippe Billebault, président d'Aertec devant la machine automatisée de masques chirurgicaux. (Crédits : Rémi Benoit)

Dans le grand atelier, plusieurs rangées de machines à coudre sont disposées. Une quinzaine de salariés d'Aertec s'affairent pour confectionner des masques lavables. L'année dernière à la même époque, cette même pièce était utilisée par le sous-traitant aéronautique de 250 salariés pour fabriquer des rideaux plissés pour les cabines d'avions et des kits de moquette (pour ATR, les Boeing 777 et 787, ainsi que les Airbus A330).

Entre mai et décembre 2020, Aertec a produit et vendu depuis Toulouse 1,4 million de masques lavables auprès de grands comptes comme Eiffage, Total, Vinci et des collectivités locales (Toulouse Métropole, les départements des Alpes-Maritimes, de la Haute-Garonne, des Pyrénées-Orientales, la région Auvergne Rhône-Alpes, etc). La vente auprès des particuliers s'est également développée avec le lancement d'un site internet en juin dernier. Cette nouvelle activité "masques" pèse aujourd'hui 13% de son chiffre d'affaires.

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Production de masques lavables en février 2021 chez Aertec (Crédits : Rémi Benoit).

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 Atelier de confection de rideaux d'avions au sein de l'usine Aertec en 2019. (Crédits : Rémi Benoit)

Des déclinaisons pour les enfants, les chanteurs et les enseignants

La PME ne s'est pas arrêtée pas sur sa lancée et au fil des mois, elle a étoffé sa gamme de produits sanitaires avec des masques pour enfant. Puis, des masques "chanteurs" qui promettent de ne pas altérer la qualité de la prise de son et qui ont été portés le week-end dernier par les commentateurs de France Télévisions lors de la rencontre de rugby France-Italie. "Nous avons eu également des commandes de Radio France. Des chorales, des centres de musiques achètent également ces produits", fait remarquer Cécile Lafon, la directrice commerciale d'Aertec.

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Masque inclusif fabriqué par la société Aertec. (Crédits : Rémi Benoit)

En ce mois de février, Aertec lance également la commercialisation sur son site internet d'un masque inclusif doté d'une fenêtre transparente pour laisser entrevoir les expressions de la bouche. "Nous avons des commandes de beaucoup de particuliers, en général des personnes âgées ou des personnes malentendantes. Nous allons également nous positionner sur des marchés publics pour toucher le corps enseignant et les crèches. La communication non-verbale est très importante dans l'apprentissage de la langue", pointe la dirigeante.

Cette année, Aertec compte également s'attaquer à la production massive de masques chirurgicaux grâce à une machine qui automatise tout le processus de fabrication. Au début de la chaîne, sont disposées les bobines avec les matières premières du masque, une pour le meltblown et la deuxième pour le spunbond. Les deux couches se superposent. Une troisième bobine intègre le fil pour ajuster le masque au niveau du nez. Puis la matière est pré-plissée par l'outillage.

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Plissage du masque chirurgical (Crédits : Rémi Benoit).

Une production de masse pour être compétitif au niveau mondial

Pour l'instant en test, la machine sera pleinement opérationnelle courant mars avec pour commencer une production de 30.000 masques chirurgicaux par jour. Mais l'équipement pourrait culminer à 150.000 exemplaires en s'appuyant sur une équipe en 3x8. "Nous objectif est d'atteindre 10 millions de masques vendus en 2021", lance Philippe Billebault, le président d'Aertec. Une production de masse qui doit permettre à terme de concurrencer le made in China.

"Au début, nous allons mettre en vente à six euros la boîte de 50 masques sur notre site internet, un prix qui pourra être plus faible dans le cadre de grandes commandes pour des marchés publics. Nous n'irons pas concurrencer les prix pratiqués par la grande distribution. Mais nous pourrions atteindre un prix de trois euros la boîte d'ici cinq mois, soit les prix pratiqués par les produits chinois, à condition d'avoir de grands volumes à produire", poursuit-il.

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Aertec a tenu faire figurer la mention "made in France" sur chaque masque. (Crédit : Rémi Benoit).

Le fait que l'assemblage du masque soit réalisé en France pourrait constituer un avantage compétitif. D'ailleurs, la société a pris le soin de faire mentionner un "Made in France" sur chaque exemplaire. Pour l'instant, les matières premières sont importées de Chine, mais depuis quelques mois le gouvernement a sélectionné plusieurs sociétés en France pour se pencher sur la fabrication du meltblown et du spunbound. À l'image en Occitanie, d'une autre entreprise aéronautique Les Ateliers de la Haute-Garonne.

Lire aussi : Le sous-traitant aéronautique AHG va fabriquer le meltblown des masques dans l'usine MKAD

Pour autant, cette conversion à la production de masques ne permettra pas de combler le vide laissé par la crise aéronautique. Aertec réalisait sur ce segment 23,5 millions d'euros de chiffre d'affaires sur ce segment avant la crise, contre seulement près de 16 millions en 2020. Une partie des effectifs de l'entreprise dans la région parisienne sont d'ailleurs toujours en chômage partiel. Mais les masques ont permis de générer 2,5 millions d'euros en seulement huit mois d'activité. Pas négligeable en temps de crise.

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