Le sous-traitant aéronautique AHG va fabriquer le meltblown des masques dans l'usine MKAD

Ateliers de la Haute-Garonne, entreprise aéronautique toulousaine centenaire et spécialisée dans la production de rivets, investit 12 millions d'euros pour reprendre l'usine ariégeoise du sous-traitant MKAD, en grande difficulté. Le site fabriquera du meltblown, la matière première utilisée pour le filtre des masques chirurgicaux et qui est aujourd'hui largement importée depuis la Chine, faute de production française. Entre 50 à 100 créations d'emplois sont envisagées à terme.
Le groupe AHG va investir dans une machine de 10 mètres de haut pour produire le meltblown, matière première pour le filtre des masques chirurgicaux.
Le groupe AHG va investir dans une machine de 10 mètres de haut pour produire le meltblown, matière première pour le filtre des masques chirurgicaux. (Crédits : AHG)

"Fabriquer des masques chirurgicaux, c'est exactement comme produire des rivets aéronautiques. Mis à part que les matières et les machines sont différentes, dans les deux cas, il s'agit d'un produit avec de la technicité, en très gros volume et avec très peu de marge", lance Stéphane Auriol, l'un des quatre dirigeants du groupe AHG (Ateliers de la Haute-Garonne).

Cette entreprise familiale centenaire (fondée en 1915 par Marcellin Auriol) et implantée à Flourens, près de Toulouse, avait atteint avant la crise une capacité de production de neuf millions de rivets par jour. Hélas, la crise sanitaire a durement impacté son activité (-30% de chiffre d'affaires en 2020). AHG a alors investi sept millions d'euros pour lancer une activité de production de masques chirurgicaux (25 millions d'unités produites entre juin et décembre 2020).

"Sur les rivets, nous arrivons à être compétitif au niveau mondial, y compris en Chine où nous vendons nos produits. Nous avons l'ambition d'être désormais compétitif à l'échelle mondiale sur la production de masques, annonce Stéphane Auriol. Pour y arriver, nous allons reproduire exactement la même recette : réaliser une intégration verticale de la production, autrement dit faire un maximum de choses soi-même plutôt que d'acheter et automatiser au maximum."

AHG MASQUES

Ateliers de la Haute Garonne a commencé en juin la production de masques chirurgicaux (Crédits : groupe AHG).

Remédier à la pénurie en France de matière première pour les masques

Dans cette optique, le groupe AHG a signé le 15 janvier une promesse de vente portant sur l'achat de l'usine MKAD, à Varilhes (Ariège). Les 10.000 m2 de bâtiment de ce sous-traitant aéronautique en grande difficulté vont être mobilisés pour accueillir la production actuelle de masques chirurgicaux (commercialisés sous le nom Auriol Masques) ainsi qu'une nouvelle activité d'ici à l'été, la production de meltblown. C'est ce matériau textile non tissé qui est au cœur du filtre des masques chirurgicaux et FFP2.

"Il existe aujourd'hui une pénurie au niveau mondial du meltblown. Sur les quatre fabricants qui en réalisent en France, aucun n'est détenu par des capitaux français. Pour y remédier, la France a lancé un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour fabriquer sur le territoire en aidant d'un point de vue financier à l'investissement, parce que les investissements sont tellement lourds que la rentabilité n'est pas atteignable à ce jour. Nous faisons partie des onze dossiers retenus et le seul pour le grand Sud-Ouest.", décrit Stéphane Auriol.

30 millions de masques par mois

Au total, le groupe AHG va investir 12 millions d'euros dans le projet (dont 3,6 millions pris en charge par l'État dans le cadre de l'AMI et 2,5 millions de soutien financier de la Région Occitanie) pour l'achat de l'usine et l'acquisition d'une machine très atypique pour produire le meltblown (elle coûte 7,4 millions d'euros et culmine à dix mètres de hauteur).

Lire aussi : Aéronautique : comment la région Occitanie va investir dans les entreprises industrielles

Le sous-traitant vise une production de 30 millions de masques chirurgicaux et de 1,5 million de m2 de meltblown par mois. Cette nouvelle activité pourrait ainsi peser 20 millions d'euros dès 2021, sachant que le groupe AHG affichait en 2019 un chiffre d'affaires de 48 millions d'euros (mais plus que 33 millions en 2020 et des perpectives similaires sont attendues pour cette année).

Ce grand programme d'investissement va déboucher sur la création de 50 emplois "très rapidement" et jusqu'à 100 embauches à terme avec notamment le recrutement d'agents de maintenance et des opérateurs pour les machines. Une partie de la cinquantaine de salariés de MKAD pourrait être repris par le groupe AHG.

Jusqu'à présent, AHG avait concentré la vente de masques en B2B à destination d'industriels et de pharmacies. Elle vient de lancer un site internet pour les vendre également à destination du grand public. Le meltblown produit sera utilisé pour fabriquer les masques du groupe mais sera également vendu à d'autres fabricants français de masques. "Nous voulons avoir trois mois de stock de meltblown, ce qui permet d'avoir une réactivité importante, souligne Stéphane Auriol. Il peut y avoir un mois de bateau pour acheminer cette matière première depuis certains pays".

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Commentaire 1
à écrit le 21/01/2021 à 16:45
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