
C'est en misant sur l'un des plus vieux métiers du monde, que Freyssinet Aéro Equipment compte se démarquer dans l'univers très concurrentiel de la sous-traitance aéronautique mécanique. Cette PME tarnaise d'une centaine de salariés investit huit millions d'euros pour créer une fonderie titane 4.0, dernière pierre à l'édifice de la diversification de la société.
"Depuis que j'ai repris la société en 1994, j'ai fortement développé l'activité aéronautique sans participer à la supply chain d'Airbus. Nous réalisons de l'usinage de pièces plutôt pour les équipementiers, notre plus gros client étant Safran. Pour nous différencier du sous-traitant en mécanique simple, nous avons ajouté au fil des années ajouté des compétences, des cordes à notre arc. Nous avons d'abord racheté une société qui fait du traitement de surface qui s'appelle Freyssinet Aero Coating. Il y a deux ans, nous avons investi dans Fusia, une société qui fait de la fabrication additive métal et dans la rectification (CB Rectif Aero Services)", détaille Philippe Parsoire, le dirigeant de la société.
Un savoir-faire inexistant en France
Et maintenant la fonderie titane, qui représente selon le chef d'entreprise, un intérêt stratégique pour la filière aéronautique française.
"Il existe très peu de sociétés dans le monde positionnées sur cette activité. Les trois grands acteurs sont américains, un acteur chinois commence à monter en puissance et les entreprises européennes ont été rachetées par des Américains. La fonderie titane pose des questions stratégiques en matière d'approvisionnement notamment pour les usages militaires."
Le projet a d'ailleurs reçu un soutien de 2,6 millions d'euros via France Relance, le programme gouvernemental pour réindustrialiser l'Hexagone.
Une fonderie automatisée et numérisée
Forte de sa solide expérience dans l'usine du futur (Freyssinet Aéro Equipment a déployé il y a cinq ans une usine 4.0 pour automatiser et numériser la fabrication en série de pièces pour les moteurs Leap de Safran), la PME compte fortement moderniser les processus ancestraux de fonte des métaux.
"Aujourd'hui, on fait encore de la fonderie à l'ancienne. Nous voulons apporter cette révolution numérique aux procédés de fabrication, à savoir récupérer toutes les données à tous les stades de la production pour être capable d'améliorer le processus et le rendre plus robuste", ajoute Philippe Parsoire.
L'activité de fonderie sera implantée courant 2021 dans un nouveau bâtiment de 1.000 m², à proximité immédiate de son usine tarnaise, avec l'objectif de livrer les premières pièces en 2022. Une dizaine de personnes seront recrutées dès 2021 pour le projet et 50 emplois pourraient être créés à plus long terme.
De quoi rebooster une activité aéronautique en berne depuis quelques mois. Freyssinet Aero Equipment a d'abord été impactée par les difficulté du Boeing 737 Max (qui pesait un tiers de son activité), puis par la crise de la Covid-19. L'entreprise qui culminait en 2019 à 30 millions d'euros de chiffre d'affaires a chuté à 13 millions en 2020. Pas de quoi abattre l'optimisme de Philippe Parsoire : "Entrer dans cette crise avant les autres nous a permis d'être plus offensif et de saisir des opportunités comme ce projet fonderie", conclut-il.
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