Ce que veut faire le fonds RedBird Capital du Toulouse Football Club

Le nouveau président du Toulouse Football Club, Damien Comolli, a présenté mercredi 22 juillet sa stratégie pour le club de la quatrième ville de France. Soutenu par le fonds d'investissement américain RedBird Capital, il vise une remontée immédiate en première division grâce au plus gros budget de seconde division. Une sortie médiatique dont a profité Olivier Sadran pour dresser un bilan de sa mandature de 19 ans évoquant de "nombreuses erreurs" et une "passion moins grande que par le passé". Les détails.
Damien Comolli est le nouveau président du Toulouse Football Club, avec le soutien du fonds américain RedBird Capital Partners.
Damien Comolli est le nouveau président du Toulouse Football Club, avec le soutien du fonds américain RedBird Capital Partners. (Crédits : Rémi Benoit)

Après une étude de marché du football européen et 70 clubs analysés, le fonds d'investissement américain RedBird Capital Partners a jeté son dévolu sur le Toulouse Football Club. Représenté par Damien Comolli, qui dispose d'une solide expérience dans le football européen, RedBird Capital a donc entamé les discussions avec Olivier Sadran, alors actionnaire principal et président du club de la Ville rose, en octobre 2019. "Après de longues discussions et des nuits entières à négocier, la vente officielle du club a eu lieu tard un dimanche soir il y a trois semaines et demi (et donc fin juin, ndlr)", se remémore Damien Comolli, le désormais nouveau président du Toulouse Football Club. Mais à quel prix la transaction s'est effectuée, dans un contexte économique incertain en raison de la crise sanitaire et surtout, de la relégation sportive du club en seconde division du football professionnel ?

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"C'est absolument confidentiel. Il y avait un prix en cas de maintien en Ligue 1 et un autre en cas de relégation en Ligue 2, proposés par Olivier Sadran. C'est un prix que nous n'avons pas négocié. Cela n'a pas été au centre des discussions", assure le nouvel homme fort des Violets, de manière à contredire les informations publiées dans les médias au cœur du processus de vente.

Pour y mettre le prix sans discuter, selon Damien Comolli, RedBird Capital Partners a pris en compte cinq arguments pour valider son investissement. Il y a tout d'abord eu l'importance de la ville (4ème de France), le soutien d'un partenaire local (Olivier Sadran), la qualité des infrastructures (le stade a été rénové en 2016), le potentiel du club et son projet de formation. "Les fondations du club laissées par Olivier Sadran sont excellentes, mais tous les secteurs sont améliorables", ajoute le nouveau président.

Damien Comolli

Damien Comolli a presque 30 ans d'expérience dans le football européen (Crédits : Rémi Benoit).

Le budget le plus important de la deuxième division professionnelle

Et le travail ne va pas manquer pour le dirigeant ! En plus de reconstruire une équipe compétitive sur le plan sportif, Damien Comolli va devoir retisser du lien avec les divers clubs de supporters, qu'il a prévu de rencontrer prochainement, et faire revenir le public qui boude le stade depuis des années face à la mauvaise qualité du jeu produit par l'équipe locale. Tout cela, en ayant l'objectif d'une remontée immédiate en Ligue 1 à l'issue de la saison 202-2021.

"Pour cette saison, et grâce notamment à des droits télévisés confortables, le Toulouse Football Club aura le budget le plus important de Ligue 2, ce qui nous place devant nos responsabilités. La moyenne de la masse salariale pour une montée de L2 vers la L1 est de 12,5 millions d'euros sur la saison. Nous serons largement au-dessus, cela veut bien dire que nous n'avons pas le droit de passer à côté", a prévenu Damien Comolli, mettant déjà la pression sur le staff et ses joueurs dont il assure, à leur sujet, qu'il n'est pas dans l'obligation de vendre, sur le plan financier.

En plus d'investissements dans l'effectif avec le recrutement de "trois ou quatre joueurs sans départ de notre côté, pour renforcer l'équipe", la cellule médicale a été structurée avec l'arrivée d'un responsable de la cellule à temps plein, tout comme plusieurs kinés. De plus, le club s'est offert les services d'un responsable des analyses et de la data, point qui manquait cruellement au TFC ces dernières années par rapport aux grosses écuries, sans parler du recrutement d'un responsable du business pour développer les ressources du club.

 "Notre objectif est d'augmenter nos ressources financières pour la réinjecter dans l'équipe et avoir un effectif compétitif sur le terrain pour ramener le club à la place qu'il mérite. Nous sommes la quatrième ville de France, et comme les autres grandes villes, il n'y a pas de raison pour qu'on ne soit pas en haut du classement (de Ligue 1)", dresse comme objectif celui qui est né à Béziers, en évoquant le top 8 de la première division professionnelle du football français.

"Une passion moins grande", pour Olivier Sadran

C'est donc une nouvelle ère pour le Toulouse Football Club, qui a débuté mercredi 22 juillet à l'occasion d'une conférence de presse commune entre Damien Comolli et son prédécesseur désormais, Olivier Sadran. L'entrepreneur toulousain reste néanmoins "un actionnaire non exécutif", selon ses dires, au sein du nouveau conseil d'administration en conservant 15% du capital. Par ailleurs, celui qui a récupéré le club au tribunal de commerce en 2001 a profité de l'occasion pour dresser un constat lucide sur sa mandature.

"Il y a eu trois grandes périodes. Une première de passion sur les premières années avec des prises de décision risquées et démesurées sur le plan économique et sportif, et avec une dynamique extraordinaire, qui nous ont offert des résultats extraordinaires comme ce tour préliminaire de Ligue des Champions face à Liverpool en 2007, avant une période plus stable pour moi. Enfin, les cinq à six dernières années sont une période qui n'est pas bonne, avec une passion moins grande, au cours de laquelle il y a eu beaucoup d'erreurs dans le choix des joueurs et des entraîneurs. Je l'ai ressenti mais je ne l'ai pas assez mesuré car il y avait toujours des miracles sportifs pour rattraper. J'ai le sentiment que des choses devaient évoluer", constate froidement Olvier Sadran.

Olivier Sadran

Olivier Sadran se dit "heureux" à l'issue de ce deal (Crédits : Rémi Benoit).

Depuis quelques années, l'entrepreneur toulousain, aussi patron de Newrest, se disait ouvert à une prise de capital dans son "club de cœur", pour l'aider à relancer le Toulouse Football Club. "Beaucoup de personnes se sont présentées à moi, dont des opportunistes, d'autres qui voulaient s'ouvrir les portes du monde économique local et des candidats qui aspiraient à un avenir dans la politique", a fait savoir Olivier Sadran. Le club anglais de Manchester City s'était notamment manifesté deux années avant la prise de pouvoir de RedBird Capital Partners. "Un jour que j'attendais depuis longtemps", a même lâché, soulagé, Olivier Sadran qui ne tarit pas d'éloges à propos des nouveaux actionnaires.

"Dans leur projet, j'ai retrouvé le sérieux, que j'ai en tant que chef d'entreprise, mais que je n'ai pas toujours eu dans le football. Je suis certain que le travail sera bien fait et je souhaite le meilleur à Damien Comolli et RedBird Capital", a déclaré l'ancien président du club.

Jean-Luc Moudenc en invité de dernière minute

Pour assister à cette passation de pouvoirs, un invité surprise de dernière minute s'est présenté au Stadium, en la personne de Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et le président de Toulouse Métropole, preuve de son soutien aux nouveaux actionnaires. Depuis l'ouverture du processus de vente, l'élu s'est surtout montré très intéressé par le projet afin d'éviter le scénario conflictuel vécu entre la ville de Bordeaux et les actionnaires américains à la tête des Girondins arrivés il y a quelques années.

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"Je souhaite la bienvenue à RedBird Capital, avec qui nous avons eu un bon contact. En tant que maire, je voulais connaître votre éthique. Il était impossible pour moi d'avoir une hypothèse à la bordelaise, avec une approche uniquement financière", a tenu à rassurer Jean-Luc Moudenc qui n'a pas manqué de remercier Olivier Sadran "pour tout ce qu'il a fait au club pendant ces 20 ans dans les bons comme dans les mauvais moments, avec un grand investissement personnel".

Jean-Luc Moudenc

Une présence en signe de soutien pour Jean-Luc Moudenc, à l'occasion de la première sortie médiatique du nouveau patron du TFC (Crédits : Rémi Benoit).

Pourtant, les deux hommes n'ont pas toujours eu des relations "idylliques" durant ces nombreux années. Dernièrement, la renégociation du loyer du Stadium payé par le club avait créé quelques tensions entre ces deux personnalités. Mais tout cela n'est que de l'histoire ancienne désormais.

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