Cybersécurité : IMS Networks veut faire son trou sur le marché avec le chiffrement « post-quantique »

Après s'être faite un nom en sept ans dans la cybersécurité, la PME IMS Networks s'est engagée dans un projet de R&D autour du chiffrement post-quantique. La société tarnaise constitue un consortium européen pour aller plus vite dans le développement de cette technologie. En parallèle, elle prépare une opération de croissance externe, toujours dans la cybersécurité, après avoir ouvert une nouvelle fois son capital. Les détails.
IMS Networks, qui s'est faite un nom dans la cybersécurité en sept ans, veut désormais s'atteler au chiffrement post-quantique.
IMS Networks, qui s'est faite un nom dans la cybersécurité en sept ans, veut désormais s'atteler au chiffrement post-quantique. (Crédits : IMS Network)

C'est la matérialisation d'un tournant engagé en 2017 chez IMS Networks. Sous l'impulsion de son président, Thierry Bardy, la PME castraise s'est lancée dans la cybersécurité. Pour ce faire, l'une des références françaises sur le déploiement d'infrastructures télécoms critiques et leur infogérance (qui jouit de clients comme Airbus, Latécoère, Météo France, ou Nutrition & Santé, par exemple) a tout d'abord déployé un centre d'opérations de sécurité (SOC) pour la gestion des incidents en matière de cybersécurité.

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« Nous avons désormais des clients, pour qui nous faisons du réseau, qui convergent vers ces nouveaux services que nous proposons, comme la Caisse nationale des allocations familiales. Les acteurs doivent s'intéresser à leurs infrastructures réseaux essentielles et la cybersécurité, c'est complémentaire. Dans cette logique, nous venons de déployer un très gros réseau protégé pour EDF et ses data centers », commente Thierry Bardy.

Le dirigeant, qui s'est entouré d'une nouvelle équipe pour proposer cette nouvelle offre à ses 400 clients - majoritairement des institutions, des grands comptes et des ETI - a tout d'abord concentré ses efforts sur le chiffrement de longueur d'onde. Mais IMS Networks s'est aussi déployée sur le chiffrement de la fibre optique, sur demande de ses clients. « Pour de la donnée hypersensible, nous avons besoin d'aller sur les couches des réseaux de transport de ces données », justifie-t-il, avant d'ajouter : « ce n'est que le début ». L'entreprise s'est lancée dans un important projet de R&D dédié à la cybersécurité.

« Quand les ordinateurs quantiques seront rendus accessibles, une clé de cryptage qui nécessite plusieurs jours voire semaines pour la casser ne tiendra pas plus d'une journée avec le quantique. En interne, nous appelons cela le (chiffrement) post-quantique mais notre sujet est de mettre au point des clés de cryptage quantiques avant le déploiement massif de cette technologie pour rendre invulnérables les réseaux. Nous sommes engagés dans des discussions pour mettre sur pied un consortium européen à ce propos », annonce le président.

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Dans l'idéal, IMS Networks aimerait s'entourer d'un constructeur de technologies comme Nokia, avec qui l'entreprise du Tarn travaille déjà, des installateurs de réseaux comme elle et des utilisateurs, sans oublier le tissu académique. Une fois le groupement arrêté, la société compte se rapprocher dès cette année 2024 de la Commission européenne pour obtenir un soutien (financier) et pourquoi pas de guichets de l'État français pour rentrer dans les radars du plan France 2030.

Une spin-off qui va prendre son envol

Si ce projet de cryptographie post-quantique semble bien engagé, IMS Networks ne met pas tous ses oeufs dans le même panier et développe en parallèle d'autres approches sur la cybersécurité. Depuis 2019, elle soutient sans compter sa filiale Custocy, qui n'est autre qu'une spin-off de la PME. « Nous avons investi six millions d'euros en R&D et nous avons recruté une équipe d'une vingtaine d'ingénieurs informatique et intelligence artificielle dédiés à cette entreprise », souffle Thierry Bardy.

Cette entité, biberonnée par la PME tarnaise, travaille sur le développement d'une plateforme de détection et de réponse automatiques à des cyberattaques, constituée d'intelligence artificielle.

« Développer une vraie intelligence artificielle et faire de la réponse automatique en la matière est d'une complexité effroyable mais nous y sommes parvenus. En 2023, nous sommes sortis de la phase R&D et nous sommes actuellement en implémentation chez nos premiers clients, en France et en Belgique, avec une première version. Pour cette nouvelle année, nous allons attaquer le déploiement commercial. Les solutions concurrentes procèdent à ce que nous appelons un reset IP (un reset du réseau, ndlr), ce qui est efficace mais brutal. Quant à notre solution, notre intelligence artificielle va dialoguer avec le firewall de l'entreprise et lui donner les ordres. C'est beaucoup plus subtile comme réponse et c'est une vraie différenciation avec nos concurrents étrangers. Ce segment n'est pas couvert par des solutions françaises aujourd'hui », décrit Thierry Bardy.

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Jusqu'à présent développée sur les fonds propres d'IMS Networks, la filiale Custocy devrait prendre son envol dans les prochains mois. « Elle va échapper à IMS Network », confirme Thierry Bardy. Ce dernier compte aller chercher un soutien capitalistique au travers d'une levée de fonds, d'au moins 10 millions d'euros, pour doubler les équipes de sa spin-off d'ici deux ans et lui offrir « une nouvelle dynamique ».

Une opération de croissance externe à venir

À contrario, si l'entreprise de 120 salariés (sans sa filiale) se dit prête à laisser son bébé voler de ses propres ailes, IMS Network se promet d'être active dans le domaine des fusions-acquisitions sur la cybersécurité, alors que les acteurs ne cessent de s'y multiplier et que les opérations de concentration ont déjà débuté.

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« Nous regardons les opérations que nous pouvons faire dans la cybersécurité. Nous étions en négociations exclusives avec une entreprise parisienne de 25 salariés et cinq millions d'euros de chiffre d'affaires, mais nous avons coupé les discussions après l'audit des comptes. Nous cherchons des entreprises qui peuvent nous aider à accélérer notre croissance sur ce secteur et nous avons aussi une problématique de recrutement », fait savoir Thierry Bardy.

Entre les lignes, il faut comprendre que IMS Network cherche un partenaire capable d'étoffer ses effectifs, elle qui dispose d'une quarantaine de postes ouverts pour 2024. Mais cette volonté de croissance externe doit aussi lui permettre de faciliter son déploiement commercial en Europe, l'une de ses priorités en 2024, la PME ne travaillant majoritairement qu'avec des clients français. L'entreprise, qui ne dévoile pas son chiffre d'affaires, aimerait par la même occasion acquérir des briques technologiques.

« Nous avons fait rentrer à notre capital BPIFrance et le fonds Capital Croissance en 2022, ce qui nous donne les capacités d'aller chercher une cible un peu plus importante, ou bien de mener deux petites opérations », conclut le dirigeant.

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