Elle fait partie des derniers lauréats du dispositif « Rebond Industriel », qui permet de soutenir des investissements productifs dans des territoires touchés de plein fouet par la mutation des transports et particulièrement la filière automobile. Située dans le département de l'Aveyron, secoué par les dossiers de la fonderie SAM et l'usine Bosch, MP Usicap a été naturellement retenue par le comité de pilotage État-Région. Spécialisée dans l'usinage et la mécanique de précision, l'entreprise s'est lancée dans une modernisation de son parc machines.
« Le soutien de l'État va nous accompagner dans la modernisation de nos moyens de production, pour un montant total de 800.000 euros d'investissement. Nous avons acheté un robot et une fraiseuse 5 axes, qui permet d'usiner des pièces d'une dimension que nous ne pouvions pas atteindre jusqu'à présent, soit près d'un mètre carré », souligne Alain Cornelles, le directeur général de MP Usicap.
Cette PME de 40 salariés (dont quelques anciens de la fonderie SAM qui travaillait pour le groupe Renault) est aujourd'hui totalement dédiée à l'industrie aéronautique. 100% de son activité est assurée par des collaborations avec des fournisseurs de rang 1 de la filière. Mais cette mono activité l'oblige à diversifier son portefeuille clients face à des mouvements capitalistes annoncés dans la filière...
« Nous sommes engagés dans une course contre la montre. Nous devons repartir de l'avant, nous n'avons pas le choix », constate le dirigeant.
Une vente non sans conséquence
Fondée en 1990, MP Usicap a été rachetée quatre années plus tard par Jean-Claude Maillard, le PDG de Figeac Aéro. Si la petite entreprise aveyronnaise n'a aucun lien capitalistique avec le grand acteur lotois, en revanche cet actionnaire majoritaire commun a forcément favorisé les liens industriels entre les deux entités.
« Pendant des années, nous avons énormément travaillé ensemble. La société a grandi grâce au travail proposé par Figeac Aéro. Nous avons fait beaucoup de prototypes pour eux, et petites et moyennes séries. C'était un partenariat gagnant-gagnant », témoigne Alain Cornelles.
Cette relation profonde a notamment permis à MP Usicap de décoller au milieu des années 2010. La TPE de 15 salariés, en 2015, a déménagé dans 2.000 mètres carrés d'ateliers neufs, à Boisse-Penchot (Aveyron), contre trois millions d'euros. Cette même année, la société est alors montée à 38 collaborateurs.
« Désormais, Jean-Claude Maillard a exprimé la volonté que nous diversifions nos clients face à la vente annoncée de Figeac Aéro d'ici deux à trois ans, qui pourrait avoir des conséquences sur cette relation industrielle », témoigne le directeur de l'usine.
Faire tomber le chiffre d'affaires avec Figeac Aéro à 30%
Quatre ans après le début de la crise sanitaire, qui a fortement fragilisé le groupe lotois, Figeac Aéro retrouve des couleurs avec un dernier exercice bouclé très proche des 400 millions d'euros de chiffre d'affaires. Par conséquent, un tel retour en force, notamment porté par le programme de l'A350, rapproche un peu plus l'imminence d'une consolidation du sous-traitant de rang 1 à moyen terme. Comme Figeac Aéro, MP Usicap a aussi connu des difficultés pendant la crise sanitaire et a dû faire tomber à 30 personnes ses équipes pendant le creux de la vague avant de retrouver une dynamique plus positive.
Passé de 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires en 2014 à plus de 3 millions en 2018, la société était retombée à 2 millions d'euros pendant la Covid-19, le tout avec une dépendance à 90% de Figeac Aéro. Désormais, la PME qui côtoie les cinq millions d'euros de chiffre d'affaires vise une dépendance de Figeac Aéro de maximum 30% d'ici deux à trois ans, contre 70% actuellement.
« Depuis 2021, nous avons enfin réussi à rentrer chez la concurrence en commençant à travailler avec le groupe Mecachrome. C'est une vraie avancée pour nous car nous étions jusqu'à présent trop estampillés Figeac Aéro et d'autres acteurs étaient frileux de travailler avec nous », raconte le dirigeant, actionnaire minoritaire de MP Usicap.
La PME aveyronnaise a débuté des collaborations aussi avec le groupe Daher et travaille même avec Safran, notamment pour la réalisation de prototypes. Elle aimerait également collaborer avec Liebherr Aerospace dans un futur proche. Pour ce faire, elle mise sur sa connaissance et son engagement dans divers programmes (A320, A350, Rafale, Embraer et même Boeing) pour séduire de nouveaux clients. Mais en attendant d'y voir plus clair sur le développement commercial, MP Usicap remet à plus tard l'extension de 500 mètres carrés de ses ateliers qui était jusqu'à présent une priorité.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !