Enfin diront certains ! Sur le papier, plus rien n'empêche SNCF Réseau de débuter les travaux au nord de Toulouse dans la perspective de la future LGV entre la Ville rose et Bordeaux. La préfecture de Haute-Garonne et d'Occitanie vient de notifier officiellement la délivrance de l'autorisation environnementale, par le préfet Pierre-André Durand, pour les aménagements ferroviaires du nord toulousain (AFNT).
Pour mémoire, les AFNT sont une étape cruciale et prioritaire dans la réalisation de la ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux, le projet GPSO (le Grand Projet du Sud-Ouest) d'un montant total proche des 15 milliards d'euros avec aussi une LGV entre Bordeaux et Dax. Cet aménagement ferroviaire au nord de la quatrième ville de France consiste notamment à la mise en quatre voix de la ligne existante entre Toulouse et Saint-Jory (contre deux aujourd'hui) sur 20 kilomètres, afin d'accueillir cette future LGV. Ces aménagements devraient coûter autour d'un milliard d'euros.
« La décision de ce jour est l'ultime étape du processus d'autorisation environnementale, qui s'est déroulé pendant près d'un an, pour le démarrage des travaux relatifs à la liaison Bordeaux-Toulouse (phase 1 du projet) », confirme la préfecture dans un communiqué.
Cette autorisation a été accordée à l'issue d'une enquête publique qui s'est déroulée entre novembre et décembre derniers, menant à 162 contributions « majoritairement en faveur du projet » selon la préfecture. En s'appuyant sur celle-ci, la commission d'enquête a émis un avis favorable accompagné de quatre recommandations, dont la vigilance sur la préservation de la biodiversité, les nuisances pour les riverains à proximité et la nécessité d'augmenter la cadence ferroviaire sur ce tronçon à l'issue des travaux.
« Cette nouvelle étape déterminante démontre une fois encore que la coopération entre les partenaires est garante de notre capacité à améliorer les mobilités, pour les trains du quotidien comme pour la longue distance », a notamment réagi Carole Delga, présidente de la région Occitanie et présidente de la société GPSO.
Début des travaux en mars ?
SNCF Réseau avait déposé en février 2023 un dossier de demande d'autorisation environnementale concernant les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse, notamment auprès de l'Autorité environnementale. Mais cette dernière avait pris tout le monde de court en ne se positionnant pas. « L'Ae ne pourra instruire ce dossier que s'il lui est de nouveau présenté avec une étude d'impact actualisée », écrivait en septembre dernier en conclusion de son rapport de 22 pages l'autorité en question. « L'Ae a pris une position inédite. C'est un avis qui n'est pas un avis », s'amusait à l'époque Guy Kauffmann, le patron de la société de projet GPSO, joint par La Tribune.
Cette prise de position avait poussé les équipes de SNCF Réseau à fournir un mémoire en réponse en quelques semaines, pressées par son partenaire numéro un, le conseil régional d'Occitanie. L'Ae demandait notamment à la filiale du groupe ferroviaire une actualisation des chiffres sur l'étude d'impact qui dataient d'environ dix ans dans le dossier transmis. Depuis, la situation a été remise dans le droit chemin.
« La commission a apprécié la qualité de l'étude d'impact et estimé que les mesures environnementales proposées sont suffisantes tant pour réduire l'impact du projet que pour en compenser les effets », partage-t-elle dans ses conclusions.
Forte de ce feu vert de la commission et du préfet, la société de projet du GPSO va pouvoir débuter les travaux « en mars 2024, en vue de la mise en service des AFNT en 2031 », selon la société GPSO. Initialement, ils devaient commencer avant la fin de l'année 2023, toujours avec l'optique de mettre en service la LGV entre Toulouse et Bordeaux en 2032.
Aussi pour favoriser le SERM
Au-delà de la ligne à grande vitesse entre les deux capitales du sud-ouest, qui doit permettre de mettre Toulouse à 3h10 de Paris, ces AFNT auront un impact majeur sur l'avenir du projet de service express régional métropolitain de Toulouse (SERM).
À la fin du mois de janvier, les trois collectivités (région, département et métropole de Toulouse) ont officialisé leur candidature commune pour un SERM, ou RER métropolitain, auprès du gouvernement. Il est question d'un SERM en étoile, à six branches. Une vers le nord et Castelnau-d'Estrétefonds voire Montauban concernée en premier lieu par ces AFNT, une vers l'Est et Montastruc-la-Conseillère, le Sud-est et Baziège, au Sud vers Venerque voire Auterive, au Sud-ouest vers Muret et Carbone et enfin une à l'Ouest vers Brax-Léguevin et même l'Isle-Jourdain. Une étoile ferroviaire connectée en certains points au réseau de métro toulousain, avec une offre de service de 5 heures à 23 heures, le tout d'ici 2040.
Seulement, ce projet est estimé à près de quatre milliards d'euros par ses initiateurs. Par conséquent, cette candidature doit permettre de mettre sur pied là aussi une société de projet et un co-investissement de la part de l'État, avec pourquoi pas de nouvelles ressources financières comme une augmentation du Versement mobilité payé par les entreprises.
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