AFNT : 900 millions d'euros qui ouvrent la voie à un RER métropolitain à Toulouse

La SNCF Réseau se met en ordre de marche pour réaliser dans les délais les Aménagements Ferroviaires du nord-toulousain (AFNT), étape prioritaire pour l'arrivée à Toulouse d'une LGV. La filiale de l'opérateur ferroviaire vient ainsi de signer une charte de partenariat avec la FRTP pour que les 900 millions d'euros fléchés vers ce projet bénéficient aux entreprises locales dès 2024, date de début des travaux. Par ailleurs, ces aménagements doivent aussi favoriser la naissance d'un RER dans la Ville rose.
Le chantier des AFNT doit démarrer dans les prochaines semaines à Toulouse.

Le rendez-vous est donné à l'Esplanade Compans-Caffarelli, à Toulouse. C'est dans l'un de ses immeubles de bureaux que la SNCF Réseau a décidé d'installer le plateau qui accueillera l'ensemble des équipes qui œuvreront sur l'AFNT, les aménagements ferroviaires du nord-toulousain.

« Nous sommes en phase projet et tout l'intérêt d'avoir toutes les entreprises associées au projet (Setec et Systra notamment, ndlr) sur un même lieu est de pouvoir faire travailler ensemble tous les bureaux d'études pour mieux gérer l'interface entre les parties. Ce plateau peut permettre de résoudre plus facilement des problèmes en se réunissant autour d'une maquette », justifie Pierre Capdupuy, le directeur du projet AFNT chez SNCF Réseau Occitanie.

Actuellement, les équipes de SNCF Réseau sont en pleine phase d'acquisition du foncier pour mener à bien ces travaux qui devront débuter d'ici la fin de l'année 2023, avec des travaux préparatoires de déviation de réseaux principalement.

« Nous allons faire tout ce que nous pouvons faire au préalable de l'enquête environnementale, qui doit se dérouler en septembre 2023. À l'issue de celle-ci, une autorisation environnementale doit nous être délivrée et cela sera le vrai go des travaux, attendus en 2024. L'étape de pré-instruction du dossier auprès des services de l'État montre que nous avons plutôt un bon dossier pour obtenir cette autorisation », poursuit Pierre Capdupuy.

En ce sens, la fédération régionale des travaux publics (FRTP) d'Occitanie a signé, mercredi 15 février, une convention de partenariat avec SNCF Réseau pour aller vers une éco-réalisation du chantier avec la mise en place d'une économie circulaire sur le site concerné (une vingtaine de kilomètres) et le réemploi des matériaux notamment.

Plusieurs centaines d'emplois devraient voir le jour

Pour mémoire, les AFNT sont une étape cruciale et prioritaire dans la réalisation de la ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux, le projet GPSO (le Grand Projet du Sud-Ouest) d'un montant total de 14 milliards d'euros avec aussi une LGV entre Bordeaux et Dax. Cet aménagement ferroviaire au nord de la quatrième ville de France consiste notamment à la mise en quatre voix de la ligne existante entre Toulouse et Saint-Jory (contre deux aujourd'hui) sur 20 kilomètres, afin d'accueillir cette future LGV. Les AFNT devraient consommer environ 900 millions d'euros de l'enveloppe totale de GPSO.

« Entre 30 à 40 millions d'euros vont être fléchés vers les acquisitions foncières, pas moins de 500 à 600 millions d'euros sur la phase travaux, 200 millions pour l'achat des matériaux et 100 millions pour la sécurité et la logistique », énumère Frédéric Boulière, le directeur des projets AFNT et AFSB (aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux) chez SNCF Réseau.

Seulement près de deux millions d'euros ont pour le moment été distribués à des entreprises pour les travaux. Là encore, la convention signée entre la FRTP et la SNCF Réseau aura pour mission de favoriser « l'encouragement du recours aux PME/TPE via différents outils comme la mise en place d'un interlocuteur unique chez SNCF Réseau pour ces TPE/PME » et aussi « une politique d'allotissement » afin de favoriser le positionnement de ces petites entreprises aux chiffres d'affaires modérés. Une aubaine pour l'économie locale. « Nous considérons qu'un million d'euros investi génère dix emplois directs et cinq indirects », souligne Frédéric Charmasson, le président délégué de la FRTP Occitanie. Dans le même temps, la filiale de la SNCF prévoit de recruter 100 personnes pour ce projet AFNT rien qu'en 2023. « Des postes tels que opérateur signalisation électrique, technicien de maintenance de la voie et aiguilleur du rail sont à pourvoir », précise-t-elle.

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Trois nouvelles haltes ferroviaires

Néanmoins, la mise en service commerciale de l'AFNT n'est pas attendue avant 2031. Soit presque simultanément à la livraison de LGV entre Toulouse et Bordeaux espérée en 2032. Mais ce calendrier se justifie par le fait que les travaux devront être réalisés avec un trafic ferroviaire maintenu, et donc par l'intermédiaire d'opérations de nuit principalement. Cette date de 2031 pourrait aussi être celle du coup d'envoi d'un véritable RER métropolitain à Toulouse. La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, a d'ailleurs toujours répété que l'existence même d'un RER métropolitain à Toulouse serait forcément conditionné à la réalisation des AFNT devant la saturation du réseau actuel.

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« Les AFNT permettront d'augmenter la capacité du transport ferroviaire du territoire. Ces aménagements seront une grosse composante des transports du quotidien. Ils permettront une desserte cadencée toutes les 15 minutes entre Toulouse Matabiau et Castelnau d'Estrétefond et toutes les 30 minutes entre Toulouse et Montauban, grâce à ce passage à quatre voix entre Toulouse et Saint-Jory. Si les autorités régulatrices le veulent, cela sera possible », fait savoir Pierre Capdupuy.

Au-delà de la mise en quatre voies, les travaux doivent effectivement permettre la création d'un terminus partiel des TER en gare de Castelnau d'Estrétefond et la création de six pôles d'échanges multimodaux. Ainsi, trois nouvelles haltes ferroviaires vont voir le jour à Fenouillet, Laborde et sur la route de Toulouse à Launaguet, des potentiels futurs arrêts d'un RER métropolitain ?

Les discussions sont engagées entre l'État, Tisséo, la Région Occitanie, Toulouse Métropole et le conseil départemental de Haute-Garonne pour étudier le dispositif et les scénarios possibles de sa création. Là encore la question du financement risque d'être au coeur des débats alors que des récentes études multimodales estiment le projet à 1,6 milliard d'euros. « Tisséo et Toulouse Métropole n'ont pas vocation à financement une infrastructure de transports en dehors de ses compétences », n'a pas manqué de rappeler Jean-Michel Lattes, adjoint au maire de Toulouse et président de Tisséo, en marge d'un conseil syndical le 8 février, renvoyant de fait la balle dans le camp du conseil régional.

 Jean-Luc Moudenc rassurant sur le calendrier de la LGV

En ouverture du conseil métropolitain de ce jeudi 16 février, Jean-Luc Moudenc, maire et président de Toulouse Métropole, a tenu à rassurer les élus locaux sur la tenue du calendrier du GPSO, qui prévoit l'arrivée de la LGV à Toulouse en 2032. Cette sortie fait suite à un prochain rapport (pas encore officiellement présenté) du Conseil d'orientation des infrastructures (COI), composé de 16 personnalités, qui préconise de reporter au-delà de 2038 la réalisation d'une partie du projet GPSO. Ce qui a provoqué une levée de boucliers des porteurs du projet, Région Occitanie et Toulouse Métropole en tête. Jean-Luc Moudenc a récemment rencontré à Paris la Première ministre, Élisabeth Borne, pour partager avec elle ses inquiétudes. « Elle m'a rassuré (...) Il est heureux que nous préservions ce grand projet », a-t-il conclu son intervention à ce sujet.

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