« Cela monte crescendo ! », se réjouit Bruno Bouteille, le PDG. Ces derniers mois, lui et les équipes de la société castraise Sirea multiplient les conférences et les prises de parole devant le tissu économique. Ensemble, la quarantaine de collaborateurs mettent en lumière l'un de leurs derniers produits, leur système de stockage d'énergie par batterie, présenté notamment au salon EnerGaïa de Montpellier, en fin d'année 2023.
« Avec cette technologie, nous voulons augmenter le taux de pénétration des énergies renouvelables dans le tertiaire, l'industrie et sur le résidentiel. Nous pouvons nous intégrer dans une architecture électrique existante ou bien être associé au lancement d'un projet », souligne le dirigeant.
En raison de la hausse du prix de l'énergie, beaucoup d'entreprises s'intéressent au marché de l'autoconsommation électrique, une aubaine pour Sirea et sa technologie de stockage par batterie. Selon le gestionnaire du réseau électrique Enedis, à mi 2022, la France comptait plus de 184.000 installations d'autoconsommation pour un gigawattheure de production. Dans le même temps, des projets pour un total de 207 mégawattheure étaient dans les cartons, toujours selon Enedis.
« Quand le marché de l'autoconsommation a commencé à décoller au début de la décennie, nous nous sommes réorientés. Nous avons commencé avec une gamme de stockage pour le résidentiel, puis pour l'industrie. Aujourd'hui, cette activité de stockage représente 55% de notre chiffre d'affaires », se félicite Bruno Bouteille.
Des batteries de seconde vie
Pour tenter de séduire un maximum de prospects, la société tarnaise propose des systèmes de conversion et de stockage d'énergie d'une capacité allant de 20 kilowatt heure à 500 kilowattheure pouvant stocker jusqu'à un mégawatt heure. Pour offrir une telle marge de service, la technologie de Sirea repose principalement sur des batteries dédiées initialement à l'industrie automobile.
« Nous achetons des batteries de constructeurs automobiles qui ne sont pas mises sur le marché car elles sont jugées inaptes pour être intégrées dans le véhicule par le constructeur pour un petit défaut, notamment des soucis de pic de puissance. Mais pour nous, ces batteries qui peuvent délivrer jusqu'à 800 ampères sont largement suffisantes. Nous n'avons besoin de pics de puissance que jusqu'à 70 ampères. Cette utilisation nous permet de garantir à nos clients une durée de vie très intéressante de 10 à 20 ans », détaille l'entrepreneur.
Malgré cette structure énergétique avantageuse, la technologie de Sirea est très gourmande en batterie : pour un équipement de 100 kilowattheure, il faut compter 10 batteries. Dans ce contexte, la société tarnaise privilégie l'usage de batteries de seconde vie dans ses installations.
« La plupart des batteries sont produites en Chine. Nous, nous cherchons à être le plus possible en circuit court en utilisant des batteries recyclées. Au départ, nous avions un partenariat avec la société aveyronnaise SNAM pour nous fournir en batteries recyclées. Mais ils ont stoppé le projet avec le changement de direction. Depuis, nous sommes parvenus récemment à ficeler un partenariat avec la société espagnole BeePlanet Factory pour nous approvisionner, avec une exclusivité sur la France. La moitié de nos installations de stockage fonctionne aujourd'hui avec des batteries de seconde vie », se réjouit Bruno Bouteille.
Le cap des 20 millions en ligne de mire
Nombreuses sont les sociétés à proposer un tel service avec la montée en puissance de la mobilité électrique et donc la multiplication des sources d'approvisionnement en batterie. À Toulouse, une startup vient de se lancer avec la même idée, en misant cependant sur les batteries des bus électriques. Preuve du dynamisme du marché, Sirea, de son côté, a déjà déployé en trois ans 11 megawattheure de stockage en France, mais aussi à l'étranger, et particulièrement en Afrique.
Ce marché croissance lui a permis de boucler l'exercice 2023 avec 7,5 millions d'euros de chiffre d'affaires. Pour la suite, Sirea vise les 20 millions d'euros de chiffre d'affaires dans cinq ans. « Nous avons des demandes de la part des collectivités locales », précise notamment Bruno Bouteille.
En plus d'être demandé, une grande partie du système de stockage d'énergie commercialisé par Sirea est produit en interne, à Castres. Hormis les batteries, distribuées par son nouveau partenaire espagnol, seul le convertisseur de puissance est lié à un approvisionnement extérieur. Pour autant, Sirea a été lauréat du plan France Relance en 2021 pour développer un convertisseur de puissance français, production totalement délocalisée actuellement.
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