Usine Bosch de Rodez : la direction du groupe a fait trois propositions pour l'avenir du site

Faute de mieux, la direction du groupe Bosch propose de (re)donner des activités en lien avec les moteurs thermiques à l'usine de Rodez, après avoir suspendu sa diversification vers l'hydrogène. C'est le début d'une « mort industrielle » annoncée pour les syndicats, qui n'entendent pas accepter les propositions de la direction du groupe allemand, pour le moment. Les détails.
L'usine Bosch de Rodez n'est pas plus éclairée sur son avenir, après la réunion entre les syndicats et la direction de ce mardi 12 décembre.
L'usine Bosch de Rodez n'est pas plus éclairée sur son avenir, après la réunion entre les syndicats et la direction de ce mardi 12 décembre. (Crédits : Pierrrick Merlet)

C'était une échéance attendue avec une certaine impatience par les près de 800 salariés encore présents au sein de l'usine Bosch de Rodez. Après une réunion la veille avec les élus locaux, la direction de l'équipementier allemand était dans la capitale de l'Aveyron, au sein de l'usine, pour rencontrer les représentants du personnel. « Nous avons eu une première réunion avec les syndicats le matin, une prise de parole devant les salariés, puis un second point avec les syndicats dans l'après-midi », a retracé une porte-parole du groupe Bosch présente sur place.

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L'enjeu de ce déplacement était clair : offrir des perspectives industrielles d'avenir à ce site qui a fait l'objet d'une suppression de 700 postes en 2021 et qui, dernièrement, s'est vu annuler sa conversion vers l'hydrogène en raison d'un manque de visibilité sur les débouchés commerciaux potentiels, comme révélé par La Tribune en juin dernier, après avoir pourtant investi 15 millions d'euros sur le site ruthénois pour ce projet dénommé « Fresh2 ».

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« Nous avons toujours un manque de progrès sur le marché des applications de l'hydrogène en Europe, contrairement à d'autres marchés, comme l'Asie. Si le marché vient à se développer, alors le projet Fresh 2 (qui repose sur la production d'une pile à combustible à hydrogène pour les remorques frigorifiques, ndlr) sera produit à Rodez », assure cette même porte-parole.

Une nouvelle production encore mystérieuse

Dans les rangs des syndicats, on ne croit pas à la relance de ce projet de diversification à hydrogène alors qu'il devait sécuriser 250 équivalents temps plein jusqu'en 2028, soit la moitié des emplois que doit maintenir l'usine Bosch de Rodez à cette échéance après la réduction des effectifs définie par « l'accord de transition » signé entre la direction et les représentants du personnel fin 2021.

« Un véritable travail de fond est engagé pour transformer l'usine. C'est un travail long que nous adaptons en fonction de l'évolution du marché », insiste la direction du groupe allemand.

Par conséquent, celle-ci est venue faire « trois propositions » aux salariés ce mardi 12 décembre, « dans un contexte économique difficile et incertain pour l'industrie automobile », précise-t-elle. Il y a quelques heures, cette même direction a annoncé la suppression de 1.500 postes en Allemagne.

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La première de ses propositions consiste à maintenir les activités de diversification engagées et particulièrement l'internalisation à l'usine de Rodez de certains produits autrefois sur d'autres sites du groupe, ainsi que l'activité de conseil en industrialisation et ingénierie proposée par les ingénieurs du site. Ils ont, par exemple, accompagné la startup toulousaine Hycco dans la définition de ses besoins de sa première usine pour la production de ses plaques bipolaires pour la mobilité à hydrogène. Ces deux activités, qui ont nécessité une vingtaine de millions d'euros d'investissement sur place, sécurisent aujourd'hui une centaine d'emplois.

« Nous proposons également de maintenir la production de buses sur le site, contrairement à ce que prévoit l'accord signé en 2021, en raison de la stabilité observée sur le marché des moteurs thermiques. Enfin, nous proposons également d'amener un nouveau produit pour assurer la stabilité du site et de ses emplois, qui est déjà dans le giron du groupe Bosch. Nous donnerons davantage d'informations dans le courant du premier semestre 2024 à ce sujet », détaille le porte-parole du groupe Bosch.

Selon plusieurs sources syndicales, les prises de parole des dirigeants ont été très mal accueillies par les salariés présents sur le site et réunis dans une salle pour écouter les discours. Certaines huées ont même été lancées, tandis que d'autres salariés ont préféré prendre la parole pour partager leur mécontentement et leur inquiétude.

« Nous sommes en soins palliatifs et on nous donne des pansements dans le moteur thermique pour donner à manger aux salariés jusqu'à la fin de l'accord. La direction accompagne le site de Rodez vers une mort industrielle et non pas vers une transformation pour le pérenniser », critique Stéphan Roumenc, délégué syndical chez SUD au sein de l'usine, qui a participé aux échanges.

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Déception dans les rangs des syndicats

En parallèle de ses propositions, la direction de l'équipementier allemand s'est dite prête à prolonger l'accord de transition jusqu'en 2030, contre 2028 actuellement. Pour mémoire, ce document engage le groupe sur le maintien en activité du site pendant toute sa période de validité.

« Nous nous attendions à avoir davantage d'informations sur les recherches du board pour ramener à Rodez des activités hors diesel (...) Le nouveau produit évoqué sera lui aussi dans la motorisation thermique, ce n'est pas ce que nous voulons. Nous voulons des garanties sur la transformation du site et non pas sa stabilité. Nous ne négocierons rien avec la direction de Bosch tant que nous n'aurons pas de garanties sur l'obtention de 250 emplois non liés à des activités autour des moteurs thermiques, et des productions pérennes évidemment, à horizon 2028 comme le prévoit l'accord. Nous, nous sommes engagés auprès des salariés de l'usine pour une transformation du site », prévient Cédric Belledent, autre délégué chez SUD.

Pour les syndicats, réunis en fin de journée mardi 12 décembre sur place, il est impératif que l'accord de transition soit prolongé automatiquement tant que ce cap des 250 emplois hors diesel ne sera pas atteint au sein de l'usine Bosch de Rodez. Faute de quoi, ils ne discuteront pas davantage avec la direction. L'intersyndicale demande également à la direction « d'injecter du sang neuf et jeune » dans les rangs des salariés pour accompagner cette transformation, autrement dit mener un plan de recrutement. Syndicats et salariés ont donc prévu de se retrouver en janvier 2024 pour s'accorder sur une réponse à donner à la direction du groupe allemand. « S'il doit y avoir un combat social, il y aura un combat social », met en garde Stéphan Roumenc. Mais la piste juridique est aussi sur la table...

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Commentaire 1
à écrit le 13/12/2023 à 9:42
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bosch devrait donner les adresses des ecolos qui ont coule cette industrie, histoire que les salaries, et en particulier des cgtistes tolerants facon goodyear, puissent leur demander quelques explication, dans la pedagogie et la tolerance, bien sur.....

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