Usine Bosch de Rodez : le début de 48 heures décisives

Est-ce la fin actée de l'usine Bosch de Rodez ? Autrefois spécialisée sur des produits liés à la motorisation diesel, sa diversification vers l'hydrogène est un flop. Deux réunions décisives sont programmées ces prochaines heures pour décider son destin, et celui de ses 800 salariés. Explications.
L'avenir de l'usine Bosch de Rodez est en sursis.
L'avenir de l'usine Bosch de Rodez est en sursis. (Crédits : Pierrick Merlet)

Comme un air de déjà vu... Les salariés de l'usine Bosch de Rodez, premier employeur privé de l'Aveyron, avaient compté les heures jusqu'à ce matin du vendredi 5 mars 2021. Ce jour-là, la direction de l'équipementier allemand avait annoncé aux équipes la suppression de 700 équivalents temps plein (sur les 1.200 présents sur le site), après une série de réunions. Dans quelques heures, ce lundi 11 décembre, les élus locaux et les dirigeants du groupe, doivent se réunir, en présentiel et visioconférence, sous l'égide du préfet de région, Pierre-André Durand, pour aborder la situation du site industriel.

Contactée par La Tribune, la direction France de Bosch confirme l'organisation de cette entrevue, mais s'abstient de tout commentaire. Le lendemain, Beate Grota, la patronne de la division Powertrain Solutions dont dépend l'usine, et Heiko Carrie, le PDG de Bosch France Benelux, s'entretiendront sur place toute la matinée avec les représentants du personnel. Les deux dirigeants ont prévu de prendre la parole en milieu de journée devant l'ensemble des salariés pour annoncer ce à quoi doit ressembler l'usine Bosch de Rodez à l'avenir.

« Ce qui va se jouer, c'est l'avenir de l'usine après 2028 », témoigne Cédric Belledent, le représentant SUD au sein de l'usine Bosch de Rodez. « Nous craignons une fermeture à la fin de l'année 2028 », ajoute Pascal Raffanael, son homologue de la CFE-CGC.

Une sortie du diesel complexe

Pourquoi les syndicats restent fixés sur cette échéance de 2028 ? Pour comprendre, il faut revenir deux années en arrière. Au début du mois de décembre 2021, et après plusieurs mois de négociations intenses, la direction de Bosch et l'intersyndicale parviennent à signer « un accord de transition ». Au programme ? La suppression des 700 emplois sans licenciement contraint pour arriver à environ 550 ETP fin 2025, la diminution drastique des activités liées au marché du diesel au profit de nouvelles activités, notamment sur l'hydrogène et un maintien du site jusqu'à fin 2028 au moins.

« Aujourd'hui, nous sommes 760 ETP. Selon l'accord de transition, 80 départs sont prévus en 2024 et le reste au cours de l'année 2025 », précise Cédric Belledent. « Nous restons convaincus que Bosch respectera son engagement de maintenir 513 ETP à fin 2025 », ajoute Pascal Raffanael.

Une véritable saignée pour un site industriel qui, par le passé, employait plus de 2.000 personnes. Mais cette diminution des effectifs est la conséquence directe de la chute des ventes de véhicules à motorisation diesel en Europe et dans le monde ces dernières années. Le site disposait de plusieurs lignes de production dédiées à la fabrication d'injecteurs pour moteur diesel, alors sa spécialité. Aujourd'hui, cette activité n'est quasiment plus présente à l'usine Bosch de Rodez, le groupe allemand ayant réduit la voilure sur cette activité comme expliqué par plusieurs sources.

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De nouvelles activités espérées

En contrepartie de ce désengagement du diesel de l'usine Bosch de Rodez et la réduction des effectifs, le groupe allemand s'est engagé à pérenniser 250 ETP avec des activités autres que celle du diesel. Bosch a ainsi dégainé son projet Fresh2, un projet de pile à combustible à hydrogène pour les remorques frigorifiques, alimentées surtout par des groupes électrogènes au diesel pour le moment.

« Bosch a annoncé son souhait de confier au site de Rodez la responsabilité globale de l'industrialisation d'une solution hydrogène innovante pour les containers frigorifiques, actuellement en phase de développement sur le site. Rodez serait ainsi chargée de la définition des process et des standards en vue d'une potentielle production sur le site. L'usine intégrera le réseau mondial d'usines du Groupe travaillant sur la thématique hydrogène », avait ainsi déclaré Bosch en mars 2021.

Si cette ambition semblait alors séduisante sur le papier, sa concrétisation a été au rendez-vous avec un développement réussi du projet par les équipes de Rodez, et des tests en conditions opérationnelles avec un client pilote. Pas suffisant pour la direction de l'équipementier, qui a décidé en juin dernier de suspendre le projet pour plusieurs années en raison « d'un manque de visibilité » sur les débouchés commerciales de sa nouvelle technologie.

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Les syndicats attendent donc beaucoup de ces deux réunions de ce lundi 11 et mardi 12 décembre. « La direction de Bosch doit tenir ses engagements. Il nous reste quatre ans pour trouver de nouvelles productions et activités. Mais pour cela, il faut des investissements sur le site », appelle de ses voeux Pascal Raffanael, qui se dit prêt à employer des moyens juridiques si elle ne respecte pas ses engagements de diversification prévus dans l'accord. « Nous attendons des annonces en ce sens », prévient Cédric Belledent. Selon nos informations, deux pistes semblent se dégager. Tout d'abord, Bosch pourrait prolonger la production de buses pour moteur diesel au-delà de 2026, date initiale d'arrêt de cette production. Enfin, un transfert d'activité en faveur du site de Rodez prévu pour 2025 devrait sécuriser 80 emplois.

En attendant une issue positive, les salariés ont prévu « une mobilisation » pour l'arrivée des dirigeants de Bosch à l'usine de Rodez, fixée un peu avant 9 heures. Selon l'intersyndicale, l'idée est de démontrer leur attachement à cette usine et leur détermination à protéger leurs emplois.

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Commentaires 2
à écrit le 11/12/2023 à 9:19
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pourquoi personne ne donne a ces gens le nom et l'adresse des ecolos qui ont detruit la filier pour se donner bonne conscience, ils pourraient leur expliquer les choses avec tolerance et bienveillance car de gauche? en novemvre 2034, certains a gauch...

le 11/12/2023 à 13:37
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@churchill- Curieux qu'en bon tolérant enchanté de droite vous n'applaudissiez pas à ce qui se passe chez Bosch est de la destruction créatrice. Concept Schumpetrien que les les tolérants bienveillants de droite (et d'extrême droite) sont adeptes v...

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