UnaBiz, le repreneur de Sigfox, va réduire sa masse salariale à Toulouse et en Asie

Près de 18 mois après la reprise de l'ancienne licorne française de l'internet des objets (IoT) Sigfox, la société UnaBiz est confrontée à une nécessité urgente de réduction de ses charges. Plusieurs dizaines de postes vont donc être supprimées avant Noël, à Toulouse en partie. Les salariés, le CSE et la direction, sollicités par La Tribune, justifient cette décision dans nos colonnes.
Le repreneur de Sigfox, UnaBiz, doit réduire la voilure.
Le repreneur de Sigfox, UnaBiz, doit réduire la voilure. (Crédits : Rémi Benoit)

« Pour certains salariés, cela va être le troisième plan social qu'ils subissent », témoigne un collaborateur d'UnaBiz à Toulouse. Le repreneur asiatique de l'ancienne licorne de la tech française Sigfox a annoncé à ses 220 collaborateurs son intention de réduire sa masse salariale. « L'annonce a été faite le 27 juillet à l'occasion d'une réunion mensuelle que tient la direction avec le personnel depuis la reprise (actée en avril 2022, ndlr). Actuellement, le PSE est en cours de validation par les services de la DREETS », poursuit ce salarié. « La procédure du PSE est en cours », confirme le CSE d'UnaBiz, sollicité par La Tribune.

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Selon nos informations, 30 personnes sont concernées par ce plan social pour les équipes françaises d'UnaBiz, et tout particulièrement le site de Labège, en région toulousaine (sur 115 collaborateurs dans l'Hexagone). Mais autant de postes seraient menacés au sein des équipes asiatiques à Singapour et Taïwan. Autrement dit, près de 25% de l'effectif total d'UnaBiz est sur la sellette.

« Nous nous y attendions, mais pas de si tôt. À l'époque de la reprise, les conseils du CSE avaient alerté sur un risque de licenciements dans le cadre d'une fusion-acquisition comme celle-ci avec des services en doublon... Nous savions qu'il y avait cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes », témoigne un salarié.

Au moment de la reprise, à la barre du tribunal de commerce de Toulouse, la société singapourienne avait déjà décidé de supprimer 70 postes à Toulouse, menant ainsi à 46 licenciements secs, certains postes étant vacants. Dans l'histoire récente de ce qui était encore Sigfox, un plan de départs volontaires avait été notamment mené au début des années 2020.

Une levée de fonds qui tarde à se concrétiser

Si en interne cette annonce n'a pas surpris, sur le plan de communication l'impression est tout autre. Au début du mois de juillet, le Ceo d'UnaBiz, Henri Bong, et ancien salarié de Sigfox, avait tenu à dresser un premier bilan devant les médias près de 18 mois après la reprise de l'ancienne licorne qui a mis au point un réseau bas débit pour l'internet des objets (IoT). L'entrepreneur avait alors témoigné d'une certaine satisfaction et d'une confiance en l'avenir. Avait-il déjà ce plan social en tête ? « Le chiffre d'affaires du groupe a pratiquement doublé en 2022Cela sera moins important en 2023, mais nous serons toujours en croissance », disait-il alors. Mais sa volonté de ne pas partager de chiffres précis avait retenu l'attention de son auditoire.

« Nous avons une croissance du chiffre d'affaires de 20 à 30% chaque année, mais nous partons de tellement loin que le plafond de verre est loin d'être atteint », souligne un cadre d'UnaBiz. « Le chiffre d'affaires 2023 est en hausse mais inférieur aux prévisions », ajoute le CSE, interrogé par La Tribune.

Lors de sa prise de parole devant les médias, Henri Bong n'avait pas caché que son entreprise perdrait encore de l'argent en 2023, environ 15 millions d'euros selon lui, et ce malgré un lourd processus de réduction des coûts réalisé ces 12 derniers mois et salué par tout le monde en interne. Aussi, la direction d'UnaBiz n'avait pas caché être actuellement à la recherche de cash pour un tour de table en série C supérieure à 50 millions de dollars. « Le PSE a lieu car cette levée de fonds n'aura pas lieu avant la fin de l'année 2023 », estime un salarié.

« Le contexte économique international actuel n'a pas permis de pouvoir faire un refinancement via de nouvelles levées de fonds. Le PSE est mené afin de réduire les coûts opérationnels et donc de rapprocher la date pour atteindre la rentabilité. Celle-ci a été recalculée par rapport à la croissance organique effectivement observée ces dernières années et elle a été planifiée au second semestre 2024. Cette réduction des coûts et ce nouvel objectif de rentabilité devraient permettre d'être plus attractif pour les investisseurs potentiels et nous permettre de lever les fonds nécessaires jusqu'à l'atteinte de la rentabilité », explique le CSE de l'entreprise qui poursuit le développement du réseau bas débit pour l'internet des objets (IoT) initié par Sigfox.

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Deux services de l'entreprise touchés

Il y a donc une certaine urgence à agir, bien qu'en interne règne une certaine omerta sur l'état réel de la trésorerie de l'entreprise de l'aveu même de certains. Les salariés s'attendent à être sellés sur le sort avant les fêtes de fin d'année.

« Dans l'immédiat, UnaBiz ne peut apporter de commentaire tant que le processus n'est pas finalisé et que les employés directement impactés n'ont pas été informés », s'est contentée de réagir la direction d'UnaBiz.

Selon nos informations, ce seront principalement les fonctions supports qui seront touchées ainsi que les équipes d'ingénierie. Les départs devraient commencer à partir du 20 décembre environ d'après le CSE d'UnaBiz.

« En tant que représentant des salariés, nous avons essayé de nous assurer que les personnes licenciées partent dans les meilleures conditions au vu du contexte. Nous avons été accompagnés par un cabinet d'expertise comptable qui nous a également aidé à challenger la direction sur les différents aspects du PSE, notamment sur la pérennité du futur projet », précise le porte-voix des salariés du groupe.

Malgré tout, un certain optimisme règne sur le devenir des personnes concernées au regard des compétences développées au sein de Sigfox. Il y a un an, Pôle Emploi Occitanie s'était étonné de l'excellent taux de reclassement des 46 personnes victimes d'un licenciement économique au moment du changement de propriétaire.

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Commentaire 1
à écrit le 16/11/2023 à 8:00
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Où des investisseurs qui manquent cruellement d'ancrage à la réalité car la domotique est là pour nous faire payer des produits courants toujours plus chers tout en nous imposant des achats pré-programmés, alors par nous-mêmes selon eux mais qui a to...

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