Dans l'impression 3D, eMotion Tech poursuit sa percée tout-terrain dans l'industrie

Le fabricant toulousain d'imprimantes 3D eMotion Tech avance ses pions auprès des professionnels, dont majoritairement l'industrie aéronautique. Si la société réfléchit aussi à s'insérer dans l'univers de la fabrication d'instruments musicaux, elle garde dans un coin de sa tête l'idée de développer l'exportation. En attendant, elle vient d'officialiser une nouvelle collaboration avec l'Oncopole, établissement spécialisé dans la recherche contre le cancer.
La gamme d'imprimantes 3D Strateo du Toulousain eMotion Tech séduit dans toutes les industries.
La gamme d'imprimantes 3D Strateo du Toulousain eMotion Tech séduit dans toutes les industries. (Crédits : Rémi Benoit)

« Nous avons vendu plus de 300 exemplaires pour nos deux modèles d'imprimantes 3D de notre gamme Strateo », confie Franck Liguori, le CEO d'eMotion Tech. Une performance commerciale notable pour la petite PME toulousaine d'une dizaine de salariés, qui a opéré un pivot fin 2019. Depuis sa création en 2012, eMotion Tech s'était positionnée sur le marché du particulier et du scolaire avec des imprimantes 3D d'une valeur de quelques centaines d'euros. Mais l'arrivée de la concurrence chinoise a poussé l'entreprise à se concentrer exclusivement sur une clientèle professionnelle voire industrielle, avec une machine beaucoup plus haut de gamme contre 7.000 à 15.000 euros.

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Tout récemment, c'est l'Oncopole, un centre de recherche et de traitement de pointe dans la lutte contre le cancer installé au sud de Toulouse, qui a fait appel aux services du spécialiste de la fabrication additive.

« Ils ont une problématique pour la calibration (autrement dit le réglage, ndlr) de leurs scanners et particulièrement les nouveaux. L'établissement a besoin de produire un nouveau 'fantôme', qui est un ensemble de matières avec une certaine densité, censé imiter le corps humain. Notre imprimante Strateo a donc été utilisée pour imprimer les premiers composants », détaille le dirigeant.

C'est au milieu de l'année 2021 que la prise de contact est effectuée, à l'initiative Département de physique médicale de l'Oncopole. Après deux ans de travail, nous avons conclu que nous sommes arrivés à un rendu exploitable. Néanmoins, il reste encore deux à trois ans de travail pour arriver à un fantôme complet et fidèle aux besoins de l'établissement de soins, projette Franck Liguori. Pour mener à bien ce travail, le client d'eMotion Tech a recruté une doctorante pour deux années.

L'industrie aéronautique, dominante

Cette collaboration a aussi permis à la société toulousaine de boucler la vente d'une imprimante 3D Strateo auprès de l'Oncopole, et plus particulièrement auprès de la société TACHYONS du professeur Olivier Caselles. Cette entité a été créée pour permettre de porter plus facilement des projets collaboratifs dans l'univers médical qui portent une part d'innovation, avec in fine une meilleure prise en charge des patients.

Néanmoins, eMotion Tech n'en est pas à son coup d'essai dans l'univers de la santé et du bien-être. Les laboratoires Boiron se sont portés acquéreurs d'une imprimante 3D auprès du Toulousain, tout comme le groupe Pierre Fabre. « La santé n'est pas notre plus gros marché », concède le CEO.

Pour lui et ses équipes, le million d'euros de chiffre d'affaires réalisé en 2022 est lié à l'industrie, et tout particulièrement à l'aéronautique. « Nous allons encore livrer une machine à Thales ce mois-ci », indique l'ingénieur de formation. Depuis quelques années désormais, l'industrie aéronautique est séduite par les avantages de la fabrication additive, comme le gain de matière première et sa faible consommation énergétique.

Dès lors, parmi les clients d'eMotion Tech, figurent des grands noms comme Safran, Airbus, Liebherr Aerospace, Airplane ou encore ST Luxury (ST Composites). Pour certains, plusieurs commandes ont été passées, pour d'autres il s'agit d'une première et unique acquisition pour valider l'intérêt stratégique et industrielle de la fabrication additive dans la supply chain. En parallèle, d'autres acteurs de filière font appel au savoir-faire de la PME pour produire certaines pièces en petites quantités sans pour autant passer commande pour imprimante 3D, pour le moment.

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Bientôt, la musique et l'exportation ?

Le groupe LVMH, qui s'intéresse de près à l'arrivée de ST Luxury sur la maroquinerie de luxe, dispose lui aussi d'imprimantes 3D d'eMotion Tech dans ses ateliers, ou encore l'équipementier automobile Faurécia. Preuve une nouvelle fois que la fabrication additive peut avoir des intérêts dans toutes les industries. En ce sens, des acteurs de la défense s'intéressent aussi aux machines du Toulousain.

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Aussi, la PME regarde de près le marché des fabricants d'instruments de musique et croit avoir trouvé là un nouveau relais de croissance. Au-delà de se pencher sur ce nouveau marché et continuer à creuser son sillon dans l'industrie aéronautique, eMotion Tech concède que son principal levier de développement réside dans l'exportation. « Une décision devra être prise en ce sens dans les prochains mois », admet Franck Liguori. Certaines machines de la société sont déjà en service du côté de la République Tchèque, le Danemark, la Lettonie ou encore la Norvège. Suffisant pour encourager le constructeur d'imprimantes 3D à emprunter cette voie ?

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