AéroForum : les quatre déclarations à retenir qui illustrent les défis de la filière aéronautique

La neuvième édition de l'AéroForum organisée par La Tribune, vendredi 16 septembre à Toulouse, a été riche en enseignements. Ce grand rassemblement annuel dédié à l'industrie aéronautique a permis d'aborder les questions de sobriété énergétique et ses conséquences, de l'attractivité des métiers en tension auprès des jeunes et de la consolidation nécessaire des compagnies aériennes. La rédaction vous propose quatre déclarations à retenir et entendues lors de cette matinée.
La neuvième édition de l'AéroForum organisée par La Tribune s'est tenue vendredi 16 septembre à l'aéroport Toulouse-Blagnac.
La neuvième édition de l'AéroForum organisée par La Tribune s'est tenue vendredi 16 septembre à l'aéroport Toulouse-Blagnac. (Crédits : Rémi Benoit)

Inflation sur les énergies : quel partage du surcoût de production ?

« Nous avons des contrats avec des prix fermes et fixes, et même décroissants. C'est compliqué pour Duqueine Group, comme les autres acteurs de la filière aéronautique. Nous sortons de deux années Covid qui nous ont fragilisé, avec une baisse de chiffre d'affaires de 54% (...) On va devoir renégocier au cas par cas nos contrats pour passer des hausses de prix et nous permettre de survivre et retrouver un peu de rentabilité ».

Duqueine Group

(Crédits : Rémi Benoit)

Ces propos ont été tenus par Stéphanie Burgun, la directrice générale de Duqueine Group, une ETI lyonnaise et sous-traitant important de la filière aéronautique. Comme d'autres acteurs de la supply chain, la dirigeante dénonce des discussions aujourd'hui complexes voire impossibles avec ses clients comme Airbus et d'autres pour que l'inflation énergétique soit prise en compte dans leurs contrats négociés des mois voire des années à l'avance.

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Revoir les aides sur les énergies pour l'industrie aéronautique ?

« Le gouvernement met en place des aides pour aider les entreprises qui ont une forte dépendance énergétique, autrement dit si leurs factures excédent les 3% de chiffre d'affaires de 2021. Malheureusement, on ne pourra pas en profiter parce que Duqueine a une société en Roumanie qui est un atelier déporté pour la production de pièces élémentaires que nous terminons en France et qui fausse ce ratio de consommation énergétique. J'appelle les membres du Gifas à discuter avec le gouvernement pour que nous puissions en bénéficier parce qu'on se retrouve pénalisés à vouloir répondre aux demandes de compétitivité de nos clients en produisant dans des zones best-cost. On veut conserver de l'emploi industriel en France à vouloir réaliser un maximum d'opérations ici et on se retrouve également pénalisé ».

Là encore, ces mots sont attribués à Stéphanie Burgun. Selon ses dires, le fait de délocaliser une partie de son activité industrielle bloque l'obtention des aides proposées par le gouvernement pour limiter les effets économiques de l'inflation sur les énergies. Seulement, dans la filière, cette organisation industrielle d'avoir des sites de production dans les pays dits "best-cost" est très répandue afin de répondre aux exigences de prix de leurs clients dont les avionneurs. Le Gifas, le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, s'est donc doté d'une cellule chargée de ces questions énergétiques pour monter au front auprès du gouvernement selon des informations de La Tribune. Pour le moment, ce sujet des implantations internationales n'a été évoqué dans la volonté de simplification du dispositif annoncée par le gouvernement lundi 19 septembre.

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Bientôt moins de compagnies, mais plus fortes ?

« Le sujet de la consolidation des compagnies aériennes va se poser et il est inéluctable. La tentative de rapprochement entre Corsair et Air Austral n'a pas réussi. Mais je pense que l'histoire n'est pas terminée ».

PDG de la compagnie française Corsair et futur président de la Fnam, la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers, Pascal de Izaguirre n'a pas caché ses inquiétudes face au devenir de nombreuses compagnies aériennes et notamment les plus petites. Explosion des coûts du carburant, trafic revenu quasiment à son niveau d'avant-crise sanitaire mais chiffre d'affaires moindre, consommateurs plus imprévisibles, coûts générés par la réglementation environnementale... Les challenges ne manquent pas pour les compagnies aériennes aux reins fragilisés par la crise sanitaire. Par conséquent, à l'image de la consolidation actuellement en cours chez les acteurs industriels de la filière aéronautique, les transporteurs pourraient connaître un destin similaire.

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pascal de izaguirre

(Crédits : Rémi Benoit)

Comment attirer à nouveau les jeunes dans l'industrie aéronautique ?

« Attention aux lobbys. L'aéronautique oui ça pollue et on en est conscient (...) Nous sommes en train d'évoluer et quoi de plus intéressant et opportun que de faire partie de cette filière pour faire partie du changement ? On ne peut pas toujours dire que c'est de la faute de l'autre, alors rentrez-y et faites changer les choses ».

Ludovic Asquini

C'est un appel à destination des jeunes qu'a lancé Ludovic Asquini, au cours de sa prise de parole, alors interrogé par deux étudiants sur divers sujets comme la féminisation de l'industrie, l'apprentissage et l'attractivité des métiers auprès des jeunes. Le président du sous-traitant Nexteam, nouveau vice-président du bureau Aéro-PME au sein du Gifas, demande aux jeunes gens de s'intéresser à la filière aéronautique pour la changer de l'intérieur sur cette question de l'environnement. Ludovic Asquini propose ainsi de profiter des milliers d'emplois à pouvoir dans tous les métiers du secteur, confronté à une remontée des cadences de production mais aussi au challenge de l'avion bas carbone. Face aux difficultés de recrutement rencontrées sur le terrain, le Gifas vient d'ailleurs de lancer l'opération "L'Aéro Recrute" pour centraliser et communiquer sur les besoins des entreprises de la filière.

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