Le premier sous-traitant aéronautique européen vient d'officialiser une étape majeure dans son redressement post-Covid. Figeac Aéro a officialisé, mardi 5 avril, la signature d'un accord sur l'aménagement de la structure financière de la société, avec l'ensemble de ses partenaires financiers.
L'objectif est de redonner une aisance financière à l'industriel fondé en 1989 après avoir été fortement secoué par la crise sanitaire, lui qui a vu son chiffre d'affaires passer de 441 à 205 millions d'euros entre mars 2020 et mars 2021. "La Covid-19 a causé une baisse de 61% de notre chiffre d'affaires", rappelle Jean-Claude Maillard, le PDG de Figeac Aéro. Néanmoins, la reprise d'activité est déjà amorcée et la guerre en Ukraine n'affecte pas les opérations de la société, selon sa direction, permettant à celle-ci de se montrer optimiste. Selon l'exercice financier clôturé fin mars, le chiffre d'affaires du groupe est remonté entre 265 et 280 millions d'euros, début 2022, avec un EBITDA de 28 à 33 millions d'euros. L'accord financier signé ce jour doit permettre d'entretien et d'accompagner cette dynamique de relance.
"C'est un accord avec l'ensemble de nos partenaires financiers pour desserrer l'étreinte et régénérer notre cash-flow (capacité d'autofinancement, ndlr). Cela témoigne de la confiance en la société, ses performances et son avenir", a commenté le dirigeant lors d'une visioconférence organisé ce même mardi 5 avril, visant à terme l'objectif de devenir le premier sous-traitant aéronautique mondial.
Tikehau, un actionnaire minoritaire plus fort que prévu
La première brique de cet accord sur la restructuration financière de Figeac Aéro repose sur l'entrée dans son capital de Tikehau Ace Capital, annoncée en septembre dernier et qui devrait effective d'ici la fin du mois de mai. Seulement, depuis cette annonce, les contours autour de l'arrivée de ce nouvel actionnaire ont changé. "Les discussions avec Tikehau Ace Capital ont abouti à la conclusion le 4 avril 2022 d'un avenant à l'accord annoncé le 9 septembre 2021", précise le sous-traitant aéronautique lotois.
Avec une action toujours fixé à un prix de 5,60 euros, l'investisseur va non plus injecté 35 millions d'euros, mais plutôt 58,5 millions. L'accord prévoit également une émission obligataire de 10 millions d'euros. Ainsi, la famille Maillard dispose désormais de 54,84% du capital et de 71,06% des droits de vote contre respectivement 75,36% et 86,30% avant l'arrivée de Tikehau Ace Capital. Ce dernier, de son côté, récupère 26,61% du capital et 17,27% des droits de vote. Par conséquent, le conseil d'administration va aussi être revu avec désormais quatre administrateurs nommés par Jean-Claude Maillard, deux par le nouvel actionnaire minoritaire et deux autres autres indépendants.
"Cette entrée de Tikehau Ace Capital dans l'actionnariat de Figeac Aéro nous donne des fonds propres largement suffisants pour être crédibles auprès de nos divers créanciers", estime le PDG.
Nouveaux crédits et nouveau plan d'amortissement
La réorganisation du capital est effectivement "interdépendante", selon le sous-traitant de rang 1, avec d'autres actions financières officialisées ce mardi 5 avril également. Parmi elles, Figeac Aéro a négocié avec ses créanciers un nouveau échelonnement pour le remboursement de plusieurs emprunts bancaires. Ainsi, "la maturité de la totalité des emprunts bancaires dont l'échéance était plus précoce est repoussée à septembre 2028", précise la société.
Par ailleurs, cette dernière a obtenu une nouvelle enveloppe de 66 millions d'euros au titre des Prêts Garantis par l'État (PGE) dits "Aéro", avec un amortissement de quatre ans, deux ans après leur obtention. Un premier crédit auquel il faut ajouter une ligne de financements sur stocks obtenue et d'un montant de 20 millions d'euros ainsi qu'une ligne de financement de matériels industriels de 12 millions d'euros, qui ont été accordées. En parallèle, des opérations de couverture de change sur le dollar US sont prévues, pour un montant cumulé de 227 millions d'euros à horizon mars 2025. "Figeac Aero commercialise principalement avec le dollar dans ses activités", justifie Jean-Claude Maillard.
Dernière mesure emblématique de sa restructuration financière, Figeac Aéro a également trouvé un accord pour le remboursement des ORNANEs 2022 (une obligation remboursable en numéraire et en actions nouvelles et existantes). "Aujourd'hui, il y a un peu plus de 88 millions d'euros d'ORNANEs en circulation, avec une date de maturité en octobre 2022, mais nous sommes parvenus à un accord avec les principaux porteurs d'ORNANEs pour repousser cette date de maturité à octobre 2028, avec une valeur inchangée. Cela permet au groupe de respirer", explique Joël Malleviale, le directeur administratif et financier de la société. Néanmoins, l'accord prévoit également un rachat partiel des ORNANEs 2022, à hauteur de 20 millions d'euros, mais à 93% de leur valeur nominale.
Restructuration des finances avant une fusion ?
La globalité de la restructuration financière de Figeac Aéro, de par sa multitude d'acteurs concernés, a nécessité l'intervention du Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI). "Il a été un facilitateur entre toutes les parties et a aidé à ce qu'on se parle correctement à un bon rythme", témoigne Jean-Claude Maillard.
La participation du CIRI dans cette opération, avec surtout l'entrée au capital de Tikehau Ace Capital, mandaté par l'État et les grands donneurs d'ordre de la filière pour mener une consolidation au sein de l'industrie aéronautique, présage-t-elle une opération de fusion concernant Figeac Aéro ?
"On peut imaginer des rapprochements avec d'autres sociétés du portefeuille de Tikehau Ace Capital, mais pas à court terme. Figeac Aéro doit se concentrer sur son redressement, qui va prendre deux à trois ans et ensuite nous serons prêts à discuter d'éventuelles fusions ou bien d'autres solutions. Il n'y a pas que l'opportunité de la fusion, il y en a d'autres", commente le PDG et fondateur de la société.
Parmi les scénarios sur la table, figure un rapprochement avec le futur grand sous-traitant aéronautique qui résultera de la fusion entre Mecachrome et WeAre. Le rapprochement de Mecachrome et WeAre vise à créer un groupe qui générera dès 2022 un chiffre d'affaires combiné supérieur à 450 millions d'euros et fort d'environ 3. 600 collaborateurs. L'opération en cours de finalisation, et soutenue par Tikehau Ace Capital et Bpifrance, prendrait la forme d'une acquisition de WeAre par Mecachrome, le nouveau groupe devant être dirigé par Christian Cornille (Mecachrome) en qualité de président exécutif, et Pascal Farella (WeAre) deviendrait directeur général délégué en charge des opérations. Le nouvel ensemble prendra le nom de Mecachrome.
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