Ingénierie : comment l'Isae-Supaero tente de féminiser ses effectifs étudiants

Alors que ses cursus de formation scientifique et d'ingénierie sont boudés par les profils féminins, l'école toulousaine Isae-Supaero tente d'y remédier à travers son association "Ose l'Isae-Supaero". Avec sa multitude de projets, la structure agit auprès des 4.000 collégiens et lycéens pour déconstruire les stéréotypes de genre et séduire les jeunes filles.
L'Isae-Supaero tente de mobiliser ses étudiants afin d'attirer davantage de jeunes filles dans ces cursus de formation à Toulouse.

À l'occasion de la journée internationale des femmes, mardi 8 mars, c'était l'occasion pour certains de faire le bilan. "Nos formations d'ingénieur, chez nous, rassemblent en moyenne entre 25 et 30% de femmes. C'est une proportion significative mais nettement minoritaire", ne peut que constater Olivier Lesbre, le directeur général de l'Isae-Supaero. Mais dans les faits, en fonction des cursus de formation, l'école qui rassemble près de 4.000 élèves (avant l'arrivée dans son giron de l'ENAC) voit sa proportion d'étudiantes varier de 15 à 40%.

Lire aussi 6 mnAéronautique : l'Enac rejoint le groupe Isae face à la concurrence internationale

Par ailleurs, la situation n'est pas identique dans toutes les écoles d'ingénieurs à en croire le directeur général de l'école par laquelle est notamment passé l'astronaute français Thomas Pesquet. "Dans celles dédiées à l'agronomie, les femmes sont majoritaires à 70%, au contraire de celles consacrées notamment à la mécanique où elles sont en moyenne 15%". "Il y a encore un certain nombre de secteurs et de professions à féminiser dès la formation. Il y a encore des Bastilles à conquérir et donc encore des messages à faire passer afin de sortir des stéréotypes. Nous devons féminiser les parcours", abonde le préfet d'Occitanie, Etienne Guyot, en visite au sein de l'Asie-Supaero pour cette journée.

Mettre en lumière des personnalités scientifiques

Pour ce faire, l'établissement d'enseignement supérieur a lancé le dispositif "Ose l'Isae-Supaero" en 2006. Cette structure, financée notamment par des subventions du Gifas, de l'État et des dons privés, fait même l'objet en interne d'une équipe de permanents, soutenue dans ses actions par des bénévoles (150 étudiants impliqués et des alumnis). Ose, pour Ouverture sociale étudiante, a pour ambition et objectif l'égalité entre les filles et les garçons, ou les femmes et les hommes. Ainsi, afin d'attirer davantage de profils féminins dans les cursus de formation de l'Isae, elle travaille avec une trentaine d'établissements scolaires de l'agglomération toulousaine voire de la région Occitanie.

Avec ses partenaires, l'association a donc lancé deux ans en arrière le dispositif Post'Her, qui consiste à mettre en lumière des femmes scientifiques, à travers l'élaboration d'une page sur le site Wikipédia (aujourd'hui, seulement une page sur six sur la plateforme serait dédiée à une femme) et la réalisation d'une affiche graphique sous forme de portrait afin de constituer une exposition par la suite. Pour la première édition, une dizaine d'affiches ont été produites. Davantage devraient voir le jour à l'avenir à travers des personnalités impliquées dans l'aéronautique, le spatial, la géophysique, l'astronomie, la santé, la microbiologie ou la chimie par exemple. C'est ce travail partenarial qu'est venu découvrir le représentant de l'État mardi 8 mars afin de mettre en lumière cette initiative.

Une grande conférence sur le sujet fin 2022 ?

Mais l'implication des étudiants de l'école d'ingénieurs ne s'arrête pas à ce dispositif. Ils ont également mis sur pied le projet "Ça plane pour elles", qui permet chaque année de faire découvrir à 14 collégiennes et 14 lycéennes l'activité de planeur. "On leur fait découvrir la question de la physique autour des avions, les jeunes font ensuite quelques vols dans notre simulateur et on termine l'année scolaire par un vol réel en planeur à l'aérodrome de Graulhet", commente un étudiant impliqué dans ce programme. Cette démarche de découverte a pour espoir d'initier des jeunes au secteur aéronautique, sur le volet scientifique, et plus particulièrement des femmes. Déjà près de 170 ont suivi cette expérience, mais aucun suivi n'a été fait par l'association sur leurs choix d'orientation professionnelle pour le moment.

Surtout, jeudi 10 mars, l'Isae-Supaero compte accueillir sur son campus 130 collégiennes et 120 lycéennes dans le cadre de sa journée "Campus au féminin". Les invitées, encadrées par une centaine de bénévoles (étudiants et femmes ingénieures), se verront proposer trois ateliers différents pour rencontrer des femmes ingénieures, déconstruire les stéréotypes de genre et un dernier autour du simulateur de vol.

Avec cette multitude d'actions, ce sont 900 collégiens et lycéens qui sont accompagnés chaque année par Ose l'ISae-Supaero et 4.000 qui sont touchés de près ou de loin par ces initiatives. D'ici fin 2022, la structure souhaite organiser un événement labélisé TEDx, avec des personnalités féminines scientifiques, à Toulouse, pour toucher encore un public plus large.

Lire aussi 5 mnL'Isae-Supaero inaugure Innovspace, un lieu d'innovation et d'accueil des startups

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.