Aéronautique : l'Enac rejoint le groupe Isae face à la concurrence internationale

L'École nationale de l'aviation civile (Enac), formation de référence pour les pilotes de ligne et les contrôleurs aériens, devient une école associée du groupe d'écoles d'ingénieurs Isae. Ce rapprochement soutenu par la filière aéronautique vise à gagner en visibilité alors que la compétition avec les universités américaines et européennes est plus forte que jamais.
Le groupe Isae compte désormais 6.500 étudiants dont 4.000 élèves ingénieurs.

C'est une étape majeure dans l'histoire de l'Enac. Fondée en 1949 et basée depuis les années 60 à Toulouse, l'École nationale de l'aviation civile forme la plupart des corps de métier du transport aérien (contrôleurs aériens, pilotes, ingénieurs, etc) et compte de nombreux alumni à la tête des plus hautes instances du secteur : Patrick Ky, président de l'Agence européenne de la sécurité aérienne, Marc Houalla, directeur de l'aéroport Paris Charles-de-Gaulle, Philippe Crébassa qui dirige l'aéroport de Toulouse, sans oublier Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports. 

L'établissement annonce ce mardi 1er février rejoindre comme école associée le groupe Isae. L'Enac, qui accueille chaque année entre ses murs 1.800 étudiants, fait désormais partie d'un ensemble de 6.500 élèves dont près de 4.000 élèves ingénieurs. Le groupe rassemble l'Isae-Supaero (Toulouse), l'Isae-Ensma (Poitiers), l'Isae-Supméca (Saint Ouen), l'Estaca (Saint-Quentin-en-Yvelines et Laval), l'École de l'Air et de l'Espace (Salon-de-Provence) mais aussi depuis 2020 trois écoles aquitaines (l'Estia, l'Eigsi et Elisa Aerospace).

Compétition mondiale pour attirer les meilleurs élèves

Pour Olivier Chansou, directeur général de l'Enac, ce rapprochement est nécessaire pour briller sur la scène internationale : "Nous constatons une transformation de l'enseignement supérieur. Les grandes unités se regroupent, nous sommes tous soumis à des obligations en termes de classement, de visibilité et de rayonnement. Il est de l'intérêt de l'Enac de rejoindre un réseau qui va le rendre plus visible."

Une vision partagée par Olivier Lesbre, président du groupe Isae et directeur général de l'Isae-Supaero.

"Il existe une véritable compétition internationale pour attirer les étudiants les plus brillants des pays émergents comme l'Inde ou la Chine, mais aussi d'Europe du Sud. Nous sommes en concurrence avec les départements aérospatiaux des grandes universités américaines mais aussi avec des universités européennes comme Cranfield en Grande-Bretagne ou TU Delft aux Pays-Bas.

Nous devons également faire face aussi à de nouveaux entrants soutenus de manière très significative par les États. Le signe le plus marquant est la création à la rentrée 2019 d'un nouveau département Aerospace Engineering à l'Université technique de Munich qui a bénéficié d'un soutien de 700 millions d'euros du Land de Bavière."

Avant d'ajouter : "La compétition dans le domaine de la formation aéronautique a toujours été forte mais elle se renforce ces dernières années, d'où l'importance au niveau français de rassembler nos forces." Ce rapprochement était d'ailleurs souhaité par le ministère des Transports dont dépend l'Enac et les industriels du secteur en quête d'une structuration des formations aéronautiques du pays.

Le groupe Isae compte aller plus loin et renforcer ses collaborations avec l'Onera et l'IRT Saint-Exupéry. Un mouvement qui rejoint l'une des recommandations formulées par les députés occitans Jean-Luc Lagleize et Sylvia Pinel dans un rapport parlementaire sur l'avenir du secteur avec la création d'un champion européen de la formation aéronautique.

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Adapter les cursus à l'aviation décarbonée

La mutualisation des forces doit aussi permettre de renforcer la mise en place d'enseignements communs autour de l'impact de la crise écologique sur le transport aérien. "Nous travaillons sur le développement de formations en matière d'enjeux climatiques et de décarbonation de l'aviation avec notamment des supports pédagogiques numériques qui, par nature, sont très faciles à mutualiser", précise Olivier Lesbre.

L'Isae-Supaero a été la première école en France à tester la fresque du climat un jeu collaboratif où les participants co-construisent une fresque résumant les mécanismes du changement climatique à l'oeuvre dans les rapports du GIEC. Elle a aussi intégré dans ses programmes des modules spécifiques sur ces thématiques environnementales et a conçu, en partenariat avec Dassault, l'Euroglider, un planeur capable de décoller que de façon entièrement autonome grâce à des moteurs électriques. De son côté, l'Enac fait voler depuis la rentrée ses élèves pilotes sur des avions électriques (Velis Électro).

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Pas de crise des vocations ou de l'insertion

"Quand on est élève dans une école aéronautique, par les temps qui courent, on est questionné à l'extérieur ne serait-ce que par ses amis et sa famille sur l'impact environnemental du transport aérien", relevait en octobre dernier Mathy Gonon, directeur des études de l'Enac.

Pas de quoi pour autant créer de crise des vocations à l'entrée des écoles d'ingénieurs aéronautiques. "Certaines de nos écoles avaient connu une petite baisse de candidatures en 2020. Cette baisse est derrière nous et nous sommes revenus à des niveaux de recrutement en moyenne supérieurs à ceux d'avant la crise", observe Oliver Lesbre.

Côté insertion, la crise du transport aérien n'a pas bouleversé les débouchés des anciens du groupe Isae. "Deux tiers des diplômés avaient un emploi avant même de sortir de l'école en 2019, ce chiffre est passé à 52% pour la promotion sortie en 2020 au plus fort de la crise. Mais deux à quatre mois après la fin de leur cursus, leur insertion est excellente (97% en emploi quatre mois après le diplôme). Et même si la proportion de CDD a progressé, 70% de nos jeunes diplômés décrochent un CDI à la sortie de l'école", conclut-il.

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Commentaire 1
à écrit le 02/02/2022 à 5:35
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Bonne nouvelle pour l'ENAC !

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