Comment le centre commercial de Blagnac a obtenu sa réouverture

Comme tous les centre-commerciaux de Haute-Garonne, la zone commerciale de Blagnac a rouvert ses portes lundi 11 mai. Une reprise d'activité possible grâce à l'instauration d'un protocole sanitaire strict, mêlant innovation technologique et rubalise à l'ancienne. Plongée au coeur d'un pôle économique qui accueille sept millions de visiteurs chaque année habituellement.
Des sens de circulation ont été instaurés au centre-commercial de Blagnac (Haute-Garonne), condition pour la réouverture de sa galerie marchande.
Des sens de circulation ont été instaurés au centre-commercial de Blagnac (Haute-Garonne), condition pour la réouverture de sa galerie marchande. (Crédits : Pierrick Merlet)

Elle est l'une des principales communes de la Métropole, après Toulouse. Mais la ville de Blagnac est surtout réputée pour abriter Airbus, l'aéroport qui génère un trafic annuel d'environ 10 millions de passagers et un grand centre commercial composé de dizaines d'enseignes, avec en fer de lance un hypermarché Leclerc.

"Le centre commercial est aussi un pôle économique important pour la ville de Blagnac, mais aussi pour la région. Chaque année, ce sont pas moins de sept millions de personnes qui s'y rendent pour y faire leurs achats. Mais aujourd'hui, c'est un pôle économique amputé par une baisse de fréquentation de 35 à 40% par rapport à une période habituelle, depuis sa réouverture le 11 mai, avec néanmoins un meilleur taux de transformation. Cela reste une bonne surprise car nous nous attendions à une fréquentation bien plus faible. En Allemagne, les centres commerciaux enregistrent une fréquentation de 30 à 40 % en moins par rapport à une période hors crise sanitaire", le directeur du centre commercial, Thierry Cammas.

Pour obtenir sa réouverture en parallèle du déconfinement, la direction de ce centre commercial de 25 000 mètres carrés, dont 15 000 rien que pour l'hypermarché, a du soumettre rapidement un protocole sanitaire strict à la préfecture de Haute-Garonne, tout comme les six autres centres commerciaux du département.

"J'ai écrit à chacun des directeurs des centres commerciaux au début du mois de mai pour leur demander leur protocole sanitaire afin d'évaluer s'ils étaient en capacité ou non de rouvrir les galeries marchandes. Sur la base de leurs retours, nous avons pu constater que toutes les mesures nécessaires étaient là, ce qui n'empêche pas des contrôles réguliers", raconte Étienne Guyot, le préfet du département de l'Occitanie, en visite au sein du centre commercial le 15 mai.

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Une application toulousaine pour contrôler le nombre de visiteurs

D'ailleurs, il ne faut pas bien longtemps pour constater les mesures prises. À peine la porte d'entrée passée, un agent de sécurité nous demande de nous avancer doucement le temps de passer devant une caméra reliée à plusieurs écrans. Plus concrètement, c'est une caméra thermique qui mesure quasiment instantanément la température du visiteur avant de l'afficher sur les écrans de contrôle. Une fois ce premier check-point passé, la route est tracée par des rubalises afin de séparer les flux entrants et sortants, et donc ainsi limiter les risques de contact.

"Ce centre commercial a la chance de disposer d'allées centrales très larges qui permettent de respecter naturellement les mesures de distanciation sociale. Ainsi, avec nos aménagements, nous avons repris le système de l'autoroute pour éviter au maximum le mélange des flux propices à la propagation du virus", explique Thierry Cammas.

De plus, des bornes sans contact de distribution de gel hydroalcoolique ont été installées à l'entrée de l'hypermarché (Crédits : Pierrick Merlet).

Malgré cette séparation physique, les consignes sont strictes dans cet environnement : une personne pour 20 mètres carrés dans l'hypermarché et une personne pour 10 mètres carrés dans la galerie commerçante et ses boutiques. Alors pour contrôler au maximum ces fameux flux de clients, l'hypermarché Leclerc a fait appel à une startup incubée au VillageByCA de Toulouse, Bleu122.

"Nous avions un système de comptage défectueux même avant la crise. Le contexte sanitaire et les contraintes ont été l'occasion pour le changer ainsi. Grâce à cette application, reliée au système de comptage, les équipes de sécurité disposent en temps réel du nombre de personnes à l'intérieur de l'hypermarché", explique le directeur du centre commercial.

Pour le moment, cette collaboration d'une quinzaine de jours avec la jeune pousse entamée le 11 mai est limitée à l'hypermarché. En cas de succès, l'application pourrait être pérennisée dans le temps, et surtout étendue à l'ensemble du centre commercial, qui a réalisé en 2019 un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros hors hypermarché.

Des boutiques confrontées au manque de personnel

Grâce à une courbe analyse générée chaque soir par l'application, l'hypermarché et les enseignes de la galerie pourraient ainsi adapter leurs équipes en fonction des pics d'affluence. Une question qui est devenue centrale au moment de la reprise d'activité pour ces enseignes, qui ont placé leurs effectifs en chômage partiel.

"Après une longue période d'inactivité, les discussions avec la direction de la zone commerciale ont tournée autour des horaires d'ouverture. Un commerce dans un centre commercial a des obligations à ce niveau, pour ce qui est de Blagnac, une boutique doit être 9h30 et ce jusqu'à 20h30. Mais aujourd'hui aucun commerce n'a les effectifs pour assurer une telle plage horaire. Alors, il a été convenu avec la direction du centre commerciale qu'il était toléré que les commerces soient seulement ouverts de 10 heures à 19 heures", Mme Roux, responsable de la boutique "Du bruit dans la cuisine" et présidente de l'association des commerçants de la galerie marchande.

Au-delà des horaires d'ouvertures, qui devraient revenir à la normale d'ici la fin du mois de mai, la représentante s'inquiète surtout du non-respect des consignes sanitaires par environ 20% des visiteurs de la galerie, notamment ceux qui ne portent pas le masque. "Je pense aujourd'hui que tout le monde peut s'équiper d'un masque pour se déplacer dans les lieux publics", s'insurge-t-elle auprès du préfet venu à sa rencontre. Si celui-ci rappelle qu'il ne peut, sur le plan légal, rendre légal son utilisation, Étienne Guyot rappelle que celui-ci est "vivement recommandé". D'ailleurs, la direction du centre commercial laisse la possibilité aux commerçants de refuser l'accès au sein de leurs boutiques à des clients qui ne porteraient pas le fameux masque. Refaire sa garde-robe pour l'été devra donc se faire masqué !

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