Quel est le vrai visage du préfet Étienne Guyot ?

Fraîchement arrivé de la direction générale de la Chambre de commerce et d'industrie d'Île-de-France, le nouveau préfet d'Occitanie Étienne Guyot est en poste depuis le mois de novembre 2018. Féru d'économie, cet homme adepte du dialogue fait consensus partout où il passe grâce à un management unique. Portrait.
Étienne Guyot est en poste depuis quatre mois à Toulouse.
Étienne Guyot est en poste depuis quatre mois à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Le rendez-vous est fixé à la première heure, un mercredi, dans son bureau à la préfecture de Toulouse. Arrivé aux manettes seulement quelques jours avant l'acte I des Gilets jaunes, le nouveau préfet de Haute-Garonne et d'Occitanie, Étienne Guyot, a vu son intégration dans ce territoire, aussi grand que la moitié des pays de l'Union européenne, chamboulée par ce mouvement social inédit dans sa forme. "Ce qui est formidable avec ce métier et cette région, c'est que je traite des sujets extrêmement variés par la diversité géographique de l'Occitanie. Alors, aucune de mes journées ne ressemble à celle de la veille, hormis mes week-ends passés au sein des cellules de crise (pour suivre les manifestations du samedi, ndlr)", analyse le nouveau représentant de l'État en région. Néanmoins, ce territoire n'est pas totalement inconnu pour lui, ayant occupé la fonction de préfet du Gers entre 2005 et 2007.

Le nouveau préfet de la région Occitanie a également été sous-préfet à Lyon (1992-1994), des Landes (2007-2009) et de Meurthe-et-Moselle (2009), sans oublier un passage comme conseiller aux transports et à la sécurité routière au cabinet du ministre des Transports (1995-1997), pour ne citer que ces lignes de son curriculum vitae. Un passé au service de l'État et de l'intérêt collectif non sans lien avec ses origines.

"La logique de servir l'État est une tradition familiale... Mon père était magistrat et ma mère médecin, j'ai baigné dans tout ça dès mon enfance."

Ce natif de Nancy partage sa scolarité entre sa ville natale et Reims, avant de décoller pour Paris, où il sera diplômé de Sciences Po en 1984, puis de l'Ena quatre ans plus tard.

Il lance sa carrière à la Ville de Paris

Après son parcours étudiant, Étienne Guyot ne quitte pas pour autant la Ville lumière. Au contraire, il intègre la mairie et y occupe un poste qui va déclencher chez lui une certaine appétence pour la sphère économique.

"Au début de ma carrière, je m'occupais des concessions économiques à la Ville de Paris, notamment celles concernant les parcs des expositions à la porte de Versailles, les restaurants, les théâtres, le palais des congrès, etc. C'était donc un poste avec une dimension économique très forte, qui m'est toujours restée depuis, et que j'ai retrouvée après à la CCI d'Ile-de-France".

En effet, durant les quatre années qui ont procédé son retour dans la région Occitanie, l'homme à la voix posée a été directeur général de cette institution. Il y a d'ailleurs connu les côtés sombres de la logique économique. Face aux coupes budgétaires qui impactent depuis plusieurs années les Chambres de commerce et d'industrie, Étienne Guyot avait dû mener un plan social avec la suppression de 1 000 emplois. Pour autant, son amour de l'économie est resté.

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 "L'économie est absolument fondamentale. Quand vous regardez comment fonctionne notre système, ce sont les entreprises qui créent de la valeur ajoutée, de l'emploi et qui permettent de créer de la croissance", analyse celui qui a prévu de faire une visite d'entreprise par semaine en tant que préfet pour comprendre au mieux les problématiques du territoire et son écosystème.

Le préfet Étienne Guyot

Étienne Guyot a récemment visité l'avionneur européen ATR (Crédits : Rémi Benoit).

À la tête du chantier du métro parisien

En plus de cet attrait pour l'économie, l'homme âgé de 57 ans a un faible pour la question des transports. Tout en étant directeur de cabinet du ministre des Collectivités territoriales entre 2009 et 2010, il a supervisé la création de la société publique du Grand Paris Express, avec une fiscalité dédiée. Il a par la suite pris la tête du directoire de cette entité les quatre années qui ont suivi. De ce fait, les collectivités locales de la région toulousaine se réjouissent de son arrivée, estimant qu'il a un CV taillé pour la région Occitanie, territoire qui milite pour obtenir la construction rapidement de deux LGV, à savoir Bordeaux-Toulouse et Perpignan-Montpellier, avec un financement identique à celui du Grand Paris Express.

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"Ce sont des projets fondamentaux de développement du territoire, d'aménagement et d'attractivité. Ce sont pour moi des sujets absolument prioritaires. Il y a actuellement à l'étude diverses hypothèses de financement dont celui de créer une société de financement afin d'accélérer la construction de ces deux lignes. Alors, si je peux apporter mon expérience aux élus locaux sur ce projet, je le ferai", fait savoir Étienne Guyot.

Les entrevues à ce sujet, entre le préfet et les collectivités, se sont multipliées depuis son arrivée et ces dernières semblent ravies des premiers pas de leur collaboration professionnelle. "C'est un homme affûté, facilitateur, qui amène de bons conseils. Surtout, il est très à l'écoute, ce n'est pas un homme qui impose", avance Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la Métropole.

Le dialogue, son moteur

À l'image des propos de l'édile, Étienne Guyot parvient à faire consensus partout où il passe. Pour ses anciens collaborateurs, ce paramètre est le résultat de son management. "Il est doté d'un esprit d'ouverture. Il n'a pas de position ferme et définitive. Il prend position après avoir écouté et confronté tous les points de vue. Il a cette capacité d'intérêt pour tout le monde. Il n'y a pas les petits d'un côté et les grands de l'autre, tout le monde est important à ses yeux", estime Isabelle Rivière, directrice des relations territoriales au sein du Grand Paris Express. Une méthode qu'il a appliqué pour lancer le chantier du métro parisien. Tout d'abord sur le plan économique. "La CCI IDF a lancé sous sa direction la plateforme CCI Business. Dans le cadre du chantier du Grand Paris Express, cet outil permet aux petites entreprises de rentrer en contact avec les grands groupes afin que pas seulement ces derniers profitent des opportunités économiques de ce projet hors norme", relate Didier Kling, le président de la CCI en région parisienne qui a travaillé avec Etienne Guyot entre février 2014 et son départ pour le sud-ouest de la France.

Le préfet Étienne Guyot

Il a accompagné la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher, lors d'un déplacement à Toulouse sur les conséquences du mouvement des Gilets jaunes sur les commerçants de la ville en février (Crédits : Rémi Benoit).

"C'est un chantier qui implique pas moins de huit départements, 160 communes et des millions d'habitants. Malgré la pression qui pesait sur lui, Étienne évitait d'aller trop vite dans l'action et prenait toujours le temps de la réflexion et d'écouter les autres", ajoute Thomas Hantz, le responsable de l'information à la société du Grand Paris Express depuis janvier 2012.

"Dès le début du projet, sa patte a été d'être à l'écoute des territoires, de réaliser le Grand Paris Express en co-construction avec eux, et ses successeurs ont suivi ce sillon, il a laissé son empreinte au sein de cette entreprise", surenchérit Christian Garcia, un autre directeur des relations territoriales au sein du Grand Paris Express.

Soucieux des rapports humains

Pour preuve, son directoire s'est efforcé d'organiser des dizaines de réunions publiques de tronçon (les futures lignes de métro), réunissant toutes les collectivités concernées par une ligne potentielle et les habitants des quartiers impactés. Des réunions qui parfois se préparaient dans des conditions atypiques.

"Je me rappelle qu'une fois nous avions une réunion publique de ce genre très importante. Nous avons passé tous les deux des heures à genoux dans une salle avec des tonnes de post-it par terre afin d'organiser au mieux l'animation du débat qui se déroulait le soir-même. C'était assez drôle mais si d'autres gens nous avaient vu, nous serions passés pour des fous !", se remémore Isabelle Rivière.

Qualifié par ses compagnons de route de "personne exigeante", "travailleur acharné", "qui déteste être en retard et les retardataires", Étienne Guyot accorde tout de même, selon eux, une importance particulière aux rapports humains. "Il a une très grande considération et attention pour les personnes avec qui il travaille malgré les situations de stress auxquelles il est parfois confronté", juge Thomas Hantz.

"Quand il était directeur général de la CCI et qu'il a dû supprimer ces 1 000 postes au sein de notre institution en deux ans, pour chaque collaborateur impacté, il se préoccupait des conséquences sur sa famille et il tentait de trouver une réaffectation", se souvient Didier Kling.

Le préfet Étienne Guyot

Par son expérience, Étienne Guyot pourra-t-il débloquer la situation au sujet des LGV d'Occitanie ? (Crédits : Rémi Benoit)

Marié et papa

Malgré cet épisode qui l'a marqué, ce papa de deux enfants aime travailler dans la bonne humeur avec ses collaborateurs. Pour l'anecdote, la photo de ses deux filles sur son bureau à la préfecture de Toulouse est même accompagnée d'un chevalet avec l'inscription "Profitez-en, le patron est de bonne humeur".

"Une fois, il avait été invité à une partie de chasse par un élu local important. Alors, Étienne se voyait mal refuser l'invitation, même s'il n'est pas un adepte de la chasse. Il s'y est donc rendu, mais sans fusil à la main. Le lendemain, avant qu'il arrive à son bureau, on lui avait acheté une peluche en forme de lapin sur laquelle était inscrit "Étienne m'a tué" qu'on avait posé sur son poste de travail", se souvient Christian Garcia.

Une plaisanterie qui témoigne de la proximité qu'il entretient avec ses équipes. À la préfecture de Toulouse, on apprécie également "sa bonne humeur et son attention malgré un agenda surchargé". Même si ce dernier lui laisse peu de répit, Étienne Guyot prend le temps de chanter dans des chorales avec son épouse.

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Commentaire 1
à écrit le 08/04/2019 à 17:09
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Son dossier a été étudié a la fois par Mr Macron et l'UE de Bruxelles et n'ont rien trouvé a redire pour le laisser a ce poste! Mais au service de qui?

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