Pas de communication officielle et pourtant le rendez-vous était connu : rendez-vous à 14 heures, place Saint-Georges à Toulouse, samedi 16 mai. Alors qu'ils craignent un retour des manifestations du mouvement des Gilets Jaunes les samedis, des représentants de commerçants de la Ville rose ont décidé de mener un contre-mouvement le même jour pour délivrer un message.
"Nous ne voulons plus de samedi comme on les a connu ces 18 derniers mois entre le mouvement des Gilets Jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites et le confinement. Leur retour serait la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. Aujourd'hui, nous sommes au bord du gouffre pour ne pas dire au bord de la faillite. Tous les commerces indépendants de Toulouse sont surendettés. Avec notre mobilisation, l'objectif est d'alerter le préfet et l'État", justifie Jonnhy Dunal, à la tête d'un commerce à Toulouse et président de l'association des commerçants du Carré Baragnon.
Car une fois cette intention connue, la préfecture le rappelle : "toute manifestation à Toulouse ce jour est interdite". Ce qui n'a pas empêché à une vingtaine de commerçants toulousains de venir se rassembler sur l'une des places les plus réputées de Toulouse. "Nous avons limité la fréquentation des commerçants pour ne pas donner le mauvais exemple", tient néanmoins à souligner Jean-Marc Martinez, le président de la fédération des commerçants de Toulouse, aussi présent sur les lieux.
Des Gilets jaunes sont venus se mêler au rassemblement des commerçants de Toulouse, sur la place Saint-Georges (Crédits : Rémi Benoit).
Malgré ces bonnes intentions et un climat apaisé, celui-ci ne va pas le resté bien longtemps. L'heure et le lieu ayant été diffusés dans la presse, une dizaine de Gilets Jaunes sont venus se mêler au rassemblement pour rappeler aux gérants de commerce l'interdiction de manifester à Toulouse. "C'est une blague ?! Depuis quand les Gilets Jaunes respectent la loi ? Cassez-vous, on en a marre du virus jaune !", lâche un participant à la manifestation, excédé par leur présence. La tension monte, les échanges verbaux à haut volume sonore se multiplient et les insultes fusent des deux côtés.
Jean-Luc Moudenc présent, mais à bonne distance
Dans le même temps, annoncé par son adjoint au commerce et à l'artisanat Jean-Jacques Bolzan (présent au milieu des commerçants), le maire de Toulouse et président de la Métropole arrive sur la place Saint-Georges, par la rue Boulbonne. Néanmoins, Jean-Luc Moudenc reste à une cinquantaine de mètres du rassemblement... Quelle image enverrait un maire en fonction, surtout candidat à sa réélection, à participer à un rassemblement interdit ? Preuve que les élections municipales, aujourd'hui suspendues, sont dans toutes les têtes.
"Je suis venu soutenir symboliquement cette initiative pacifique et exprimer mon ras-le-bol face à ce mouvement, après 18 mois de samedis noirs et 2 mois de confinement les commerçants sont au bord du gouffre ! Il fallait un contre-message. C'est aussi un cri de liberté... Il y a une clientèle qui a pris l'habitude de ne plus venir dans le centre-ville. Pourtant, ce dernier n'est pas fréquenté que par des Toulousains, mais par des habitants de toute la région", lâche le maire sortant de Toulouse.
Le maire sortant de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, s'est tenu à bonne distance du rassemblement interdit, tout en affichant son soutien (Crédits : Pierrick Merlet).
Après avoir annoncé au début du confinement un plan d'urgence d'une trentaine de millions d'euros pour les commerces indépendants, bars, restaurants et hébergements touristiques, la Métropole prépare un plan de relance économique désormais.
"J'ai eu une première réunion avec Dominique Faure (vice-présidente de la Métropole en charge du Développement économique) il y a quelques jours pour dégager les grandes lignes de ce plan. Une seconde réunion est prévue prochainement pour entrer dans les détails", admet l'élu.
Les Gilets Jaunes tentent de se reformer
D'ici là, ce plan sera-t-il suffisant si le contexte social vient perturber la reprise économique ? Après le passage éclair de Jean-Luc Moudenc au rassemblement des commerçants, les forces de l'ordre ont dispersé le mouvement face à la montée des tensions. Néanmoins, dans les heures qui ont suivi, le samedi 16 mai, le mouvement des Gilets Jaunes a fait plusieurs tentatives de rassemblements dans Toulouse. À Jean-Jaurès d'abord, puis sur la rue Alsace-Lorraine ensuite.
"Quelques rassemblements de plus de 10 personnes ont pu être constatés mais rapidement dispersés dans le calme par les forces de l'ordre. Ces infractions ont donné lieu à 1 interpellation (délit) et à 49 verbalisations pour participation à une manifestation interdite (contravention de 4ème classe). Aucun blessé ni dégradation ne sont à déplorer", a communiqué samedi soir la préfecture de Haute-Garonne.
Les forces de l'ordre n'ont procédé qu'à une seule interpellation, samedi 16 mai, à Toulouse malgré de multiples attroupements de Gilets Jaunes dans les avenues commerçantes de la ville (Crédits : Rémi Benoit).
Si les forces de l'ordre ont réussi à contenir ces premières tentatives de rassemblement, arriveront-elles à tenir sur la durée ? Les Gilets Jaunes ont prévu de se rassembler de nouveau dans les samedis à venir.
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