Covid-19 : le tricoteur Missegle fabrique des masques pour les particuliers

Les machines de l’atelier de Missegle tournent à plein régime. L’entreprise, qui d’habitude tricote des chaussettes et pulls, s’est lancée dans la réalisation de masques barrières anti-projections en cette période de pénurie. Fabriqués à partir de matières naturelles, ils ont été testés et validés par la Direction générale de l’armement. Aujourd’hui, les commandes affluent sur le site internet de la marque qui s’adresse principalement aux particuliers. Une partie des bénéfices de la PME est par ailleurs reversée à la recherche médicale.
En deux jours, le site internet de la marque a comptabilisé près de 30 000 commandes.
En deux jours, le site internet de la marque a comptabilisé près de 30 000 commandes. (Crédits : Missegle)

Face au désarroi des entreprises et des salariés souhaitant continuer leur activité durant la crise sanitaire du Covid-19 mais n'ayant pas de protection, Missegle a décidé d'agir. Basée à Burlats, aux portes de Castres, dans le Tarn, l'entreprise familiale s'est lancée dans la fabrication de masques barrières anti-projection. Spécialisée dans le tricotage de chaussettes, pulls et accessoires (colants, leggings, écharpes, plaids, etc.) d'hiver à partir de fibres naturelles, elle confectionne dorénavant des masques tricotés en 3D sans couture, grâce à des machines ultra-spécialisées.

"Au départ, nous nous sommes lancés dans la production de masques car au début du confinement, nos voisins majoritairement des industriels qui voulaient continuer à travailler avaient besoin de ces protections. Ils sont donc venus nous trouver. Le but n'était pas d'en faire une activité économique", raconte Myriam Joly, fondatrice de Missegle.

Le modèle de masque conçu au sein l'atelier de la PME a été validé par la Direction générale de l'armement (DGA). Lavable et donc réutilisable, il est réalisé à partir de matériaux 100 % naturels dont du coton, et est disponible en trois couleurs, bleu, blanc et rouge, pour préciser la fabrication Made in France. Il respecte la norme AFNOR SPEC S76-00.

"La DGA nous a contacté afin de lui faire passer des échantillons à analyser, notamment à la perméabilité aux particules et de respirabilité. Selon les tests réalisés, notre masque tricoté a une perméabilité aux particules élevée et une protection aux aérosols quasi parfaite de 99,7 %. La DGA nous classe en catégorie 1, la plus haute pour ce type de masque. Comme tous les masques barrières, il ne garantit pas la protection totale contre le virus et ne se substitue pas aux masques FFP2 ou FFP3. Cependant, c'est un masque efficace si tout le monde en porte", explique la cheffe d'entreprise.

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Missegle

Myriam Joly au sein de l'atelier de fabrication (Crédits : Missègle).

Une partie des bénéfices reversée à la recherche

L'entreprise tarnaise qui, au départ, voulait seulement réaliser quelques masques pour aider "ses voisins", s'est aujourd'hui entièrement réorganisée pour ne faire que des masques. Son activité principale de tricoteur de pulls et chaussettes est à l'arrêt.

"Depuis le 3 avril, nous avons décidé de transformer tout notre atelier en production de masques. Nous sommes en train de monter en puissance afin de répondre aux commandes qui émanent principalement de particuliers, nos clients habituels. L'idée est de réaliser 5 000 à 6 000 masques par jour. Pour les particuliers, trouver un masques est aujourd'hui quasiment impossible. C'est pour cela que dès que nous avons débuté les ventes, nous avons comptabilisé 30 000 commandes en deux jours."

Disponibles sur le site internet de Missegle, les masques barrières sont vendus à 6 euros pièce. Une partie de cette somme, un euro, est reversée pour la recherche médicale, à l'Institut Saint-Jacques, fondation d'utilité publique pour la recherche médicale au CHU de Toulouse. Près de 60 000 euros ont été récoltés pour l'instant.

De plus, afin que certains clients, qui habitant à proximité de l'atelier, puissent venir récupérer leur commande sur rendez-vous, un système de drive, où les gestes barrières sont respectés, a été mis en place par l'entreprise.

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45 couturières en renfort

Aujourd'hui, 24 des 35 employés de l'atelier Missegle sont mobilisés autour de cette nouvelle mission. Afin de renforcer ses équipes et sa force de production, la société familiale va, dans les jours qui viennent, faire appelle à près de 45 couturières professionnelles ou bénévoles qui fabriqueront des masques à domicile.

"Pour nous, il n'était pas question d'arrêter le travail durant cette période. Les employés qui ont des enfants qu'ils ne peuvent faire garder ou qui sont des personnes à risques qui présentent des pathologies sont restés chez eux. Il y a un très bel élan d'entraide et de solidarité qui va perdurer", espère Myriam Joly.

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"Sans les masques, nous serions au chômage technique"

Cette nouvelle activité, bien que temporaire permet à Missegle de générer du chiffre d'affaires, la vente de pulls et chaussettes était ralentie. Sur le mois de mars, une baisse de 40 % d'activité a ainsi été constatée.

"Nous avons la chance que cette crise se passe à un moment de l'année où l'activité est moins importante. Si cela s'était déroulé en novembre ou en décembre, cela aurait été une catastrophe pour nous. Sans les masques, nous serions au chômage technique. Cela démontre également que notre savoir-faire permet de répondre à une demande tout en démontrant que nous sommes souples, agile et là où nous avons besoin de nous."

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"L'industrie textile est indispensable pour notre pays"

Chaque année, Missegle confectionne près de 220 000 paires de chaussettes, 25 000 pulls et accessoires par an. Pour cela, l'entreprise réalise 70 % de ses ventes en direct, aux particuliers, via son site marchand. Elle dispose de près de 120 000 clients en France. Devant ce nombre croissant, la société recrute trois à quatre personnes chaque année. En 2019, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 5,2 millions d'euros.

"Lorsque j'ai repris l'entreprise, en 2007, à la barre du tribunal de commerce, le textile était condamné. Je me suis quand même lancée avec la certitude que nous aurions besoin de ce savoir-faire. Et c'est le cas aujourd'hui. L'industrie textile est indispensable pour notre pays. Notre but n'est pas de devenir très gros, mais de continuer à travailler et rendre les gens heureux", conclut Myriam Joly.

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Commentaire 1
à écrit le 15/04/2020 à 11:16
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Bien, mais insuffisant. Un pays "en économie de guerre" , comme le dit si bien le Président, pas capable de fabriquer, en plus d’un mois, un ou deux petits masques en tissu à chaque Français, et obligé d’aller les quémander en Chine …

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