Comment Airbus Defence and Space veut nettoyer l’espace

À travers son projet Remove Debris, la filiale Defence and Space du groupe Airbus travaille sérieusement sur la problématique des débris dans l’espace. Ce projet né d'un consortium européen prévoit quatre expériences pour tester différentes techniques de capture de débris dans l’espace. À Toulouse, deux ingénieurs sont en charge du volet "optique et vision" de cette mission expérimentale, étape préalable à toute capture de débris.
La question des débris dans l'espace est désormais devenue une problématique majeure.
La question des débris dans l'espace est désormais devenue une problématique majeure. (Crédits : ESA)

La ministre des Armées Florence Parly y a fait longuement référence lors de son discours présentant la future stratégie spatiale militaire française à Toulouse, le 7 septembre dernier. La problématique des débris spatiaux, longtemps mise de côté, est devenue désormais une question majeure à traiter.

"Cela fait maintenant quelques années que la communauté s'intéresse au sujet des débris dans l'espace car cela devient un problème pour les satellites actuels et futurs. Il y a un risque de collision de plus en plus important. Un tel événement serait catastrophique et c'est d'ailleurs déjà arrivé", explique Thomas Chabot, ingénieur navigation basée vision au sein d'Airbus Defense and Space.

Avec un autre confrère toulousain, cet ingénieur travaille depuis fin 2012 sur le projet Remove Debris. Sponsorisée par la Commission européenne, cette mission est réalisée dans le cadre d'un consortium européen incluant plusieurs entités d'Airbus à l'étranger et l'université du Surrey, en Angleterre, comme coordinatrice du projet.

"L'objectif final est de pouvoir désorbiter de gros débris, des satellites morts ou des derniers étages de lanceurs, qui font entre un et plusieurs mètres d'envergure. Mais récupérer un débris dans l'espace cela n'a jamais été fait. Il faut donc développer les technologies nécessaires. Et le projet Remove Debris, qui est une mission expérimentale et non opérationnelle, a pour objet de mettre au point ces technologies", poursuit l'ingénieur basé à Toulouse.

La problématique des rendez-vous spatiaux

Cette mission de "démonstration" est composée au total de quatre expérimentations. Il y a tout d'abord la capture d'un débris à l'aide d'un filet, une expérience réalisée avec succès au début du mois de septembre. Prochainement, aux alentours du 20 octobre, ce sera au tour de la technologie développée depuis Toulouse d'être testée.

"Le satellite principal de la mission, le Remove Sat, qui porte les différentes expérimentations, va déployer un cubesat (petit satellite) qui jouera le rôle de débris. Ensuite, nous allons faire de l'imagerie sur ce débris à l'aide de deux caméras standard et d'un lidar qui émet un faisceau laser (outil qui permet de calculer la distance, ndlr). Une fois ces images récupérées, nous allons tester nos différents algorithmes de traitement des images. L'objectif est d'analyser le débris, d'anticiper sa trajectoire, et pouvoir programmer ainsi un rendez-vous spatial avec lui en s'approchant à quelques mètres du débris. Mais jusqu'à présent, ces rendez-vous spatiaux étaient programmés, tandis que là on va chercher une rencontre avec un débris (ou satellite) qui n'est pas coopératif et qui n'est pas prévu pour des rendez-vous de ce type. C'est nouveau et c'est l'étape préalable à toute capture", tient à préciser Thomas Chabot.

En effet, dans le cadre d'une véritable mission opérationnelle avec comme objectif la capture d'une quantité de débris donnée, l'observation et l'étude des débris se feraient avant de lancer le filet ou un harpon.

Fin de la mission en mars 2019

Après cette seconde expérimentation, la technique de capture par harpon va être expérimentée en février 2019. Quelques semaines plus tard, au mois de mars, la mission s'achèvera sur une dernière expérience. Le Remove Sat va déployer une voile de trainée pour que le satellite effectue sa propre désorbitation en seulement huit semaines sans laisser de nouveaux débris. "Le but n'est pas de rajouter de nouveaux débris avec cette démonstration", concède Thomas Chabot.

Si le bilan de la mission Remove Debris s'avère concluant, l'objectif est de partir ensuite sur une mission opérationnelle cette fois-ci, en collaboration avec une agence spatiale, afin d'entamer la "dépollution" de l'espace.

Lire aussi : Quel poids pour la filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest ?

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Commentaire 1
à écrit le 05/10/2018 à 14:32
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Nettoyer l'espace ok, il fallait le faire mais les océans qui nous touchent directement eux jamais ? Les failles majeurs du capitalisme que l'on a prit pour un guide pour tous alors que ce n'était un guide que pour les nihilistes. " Trajet de...

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