
"Quand on est élève dans une école aéronautique, par les temps qui courent, on est questionné à l'extérieur ne serait-ce que par ses amis et sa famille sur l'impact environnemental du transport aérien. Pour un élève pilote, dire qu'on a volé sur un avion électrique, c'est quand même la meilleure réponse que l'on peut donner à ceux qui pourraient penser que ce secteur est totalement polluant et n'engage pas les réformes qui s'imposent. Surtout que ces jeunes de 20 ans seront probablement amenés dans les 30 ans qui viennent à basculer vers des avions avec des énergies différentes que les énergies fossiles", lance Mathy Gonon, directeur des études de l'Enac.
Les premiers avions électriques certifiés par l'Easa
L'école nationale de l'aviation civile forme chaque année dans ses murs 1.700 élèves qui deviendront pilote, contrôleur aérien ou ingénieur aéronautique. Depuis la rentrée, l'établissement dispose de deux Velis Électro, les premiers avions électriques au monde à avoir reçu en 2020 une certification de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Installés sur le campus de Carcassonne (Pyrénées-Orientales), les deux aéronefs légers sont utilisés en début de formation des élèves pilotes.
"Une école comme la nôtre se doit de préparer ses élèves au changement de paradigme à l'oeuvre dans le transport aérien. L'arrivée de ces avions électrique symbolise aussi la réflexion que nous menons pour réduire notre empreinte carbone. Remplacer des avions avec des motorisations thermiques par des avions électriques sur une partie de la formation peut y contribuer", met en avant Olivier Chansou, directeur général de l'Enac.
Éco-conduite, nouvelles énergies et bilan carbone
Mais au-delà des Velis Électro, l'établissement a engagé depuis un an un vaste chantier pour renforcer la présence des enjeux de transition écologique dans ses formations et répondre aux aspirations grandissantes au sein de ses effectifs. "Nous n'avons pas constaté de crise des vocations depuis le début de la crise sanitaire. Mais nous avons remarqué lors des oraux d'admission que les candidats nous interpellent sur les sujets environnementaux. Ils nous disent : moi, je suis toujours intéressé par l'aviation, mais je viens aussi avec des préoccupations de développement durable. Et est-ce que l'école sait répondre à ces deux préoccupations ?" poursuit Olivier Chansou.
Depuis des années, les élèves de l'Enac sont formés à l'optimisation des trajectoires de vol pour réduire l'empreinte carbone, la consommation de carburant et les nuisances sonores des trajets. Mais l'établissement veut aller plus loin et intégrer de nouveaux modules au sein de la trentaine de formations dispensées dans ses murs.
"Cela va des enjeux scientifiques à des aspects très pratiques : réduire la masse des avions, diminuer le temps de roulage sur les pistes ou faire baisser le nombre de conflits dans le ciel. Nous allons aussi apprendre à nos étudiants à établir un bilan carbone en prenant en compte les émissions de CO2 et non-CO2. Enfin, il est possible de réaliser des architectures avioniques embarquées, plus sobres, moins consommatrices en énergie", conclut Mathy Gonon.
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