Toulouse en quête d'un délicat compromis entre réduction des nuisances et essor de l'aéronautique

Dans la quatrième ville de France, la croissance du trafic aérien a exacerbé les tensions avec les riverains. Pour rétablir le dialogue, pendant un an et demi, acteurs économiques, élus et associations ont pris part à un Atelier des territoires qui a débouché sur un pacte pour le devenir de la zone aéroportuaire. Reste encore à trouver un compromis sur les vols en coeur de nuit, un point d'achoppement majeur dans la capitale de l'aéronautique.
L'aéroport Toulouse-Blagnac a retrouvé près de 8 millions de passagers en 2023.
L'aéroport Toulouse-Blagnac a retrouvé près de 8 millions de passagers en 2023. (Crédits : Rémi Benoit)

« La situation était tellement tendue que les participants ne voulaient plus rester dans la même pièce », rappelle Sébastien Vincini, président du conseil départemental de Haute-Garonne. A Toulouse, quatrième ville de France, le trafic aérien a connu une croissance exponentielle en passant de trois à près de dix millions de passagers entre 1989 et 2019. Dans le même temps, la Ville rose a connu une vague démographique très importante : Toulouse a ainsi passé, en 2023, le cap du demi-million d'habitants d'après l'Insee avec 6.000 nouveaux arrivants en l'espace d'une année. Un enjeu encore plus marqué dans l'ouest de la métropole, au coeur de la zone aéroportuaire où sont concentrées les activités d'Airbus et ses sous-traitants, engagés pour atteindre des niveaux de production d'avion jamais atteints dans l'histoire de l'aéronautique. De quoi exacerber les tensions entre les acteurs économiques, l'aéroport et les riverains au sujet des nuisances aériennes, qui avaient atteint un point culminant avant la crise sanitaire.

« Face à des tensions accumulées au fil des années, la préfecture de la région Occitanie a initié, début 2022, l'organisation d'un Atelier des territoires pour rétablir le dialogue entre les acteurs économiques, les élus et les associations », explique le préfet Pierre-André Durand.

Au terme d'un an et demi d'échanges, l'ensemble des acteurs ont adopté, ce jeudi 21 mars, une déclaration d'intention pour l'avenir de la zone aéroportuaire. Le pacte comprend trois ambitions et douze objectifs, évoquant à la fois la réduction des nuisances aériennes, notamment nocturnes, et la valorisation du secteur aéronautique. Des termes à la fois larges et consensuels, préparant le terrain pour une étude d'impact entamée en septembre dernier et qui pourrait déboucher sur des mesures coercitives pour réduire les nuisances aériennes.

Restrictions à venir sur les vols de nuit

Le point majeur d'achoppement entre les parties reste le devenir des vols en coeur de nuit.

« L'été 2023 a été marqué par un nombre record de vols passagers commerciaux sur la période nocturne », dénonce le collectif toulousain contre les nuisances aériennes (CCNAAT) qui a manifesté la semaine dernière devant la préfecture, avant une action devant le ministère des Transports.

En moyenne, l'aéroport Toulouse-Blagnac totalise quatre vols entre minuit et 6h du matin. Dans le viseur des riverains, les compagnies low-cost : « Ryanair et Easyjet, totalisent à elles deux 82% des décollages en cœur de nuit », d'après le CCNAAT.

A Toulouse, capitale de l'aéronautique, la question d'instaurer un couvre-feu pour les vols de nuit n'est plus taboue.

« L'aéroport Toulouse-Blagnac nous a annoncé qu'il souhaitait ne plus programmer de décollage après 23h durant la saison estivale », relate Chantal Beer-Demander, présidente du CCNAAT.

La plateforme aéroportuaire ne souhaite pas officialiser pour le moment cette information mais pourrait communiquer sur le sujet lors de sa conférence de presse du 26 mars prochain.

Lire aussiAéroport Toulouse-Blagnac : la fin des vols de nuit dès cet été ?

Au-delà de cette programmation, qui est décidée de manière volontaire par l'aéroport, l'étude d'impact pilotée par la préfecture pourrait déboucher sur des mesures de restriction des vols nocturnes sous la forme d'un arrêté qui pourrait entrer en vigueur à l'été 2025. D'ores et déjà, pour Sébastien Vincini, « le couvre-feu total n'est pas la solution ». Il appelle à « des amendes administratives » pour les compagnies aériennes qui, en accumulant les retards au fil de la journée, finiraient par décoller en pleine nuit même si leurs vols n'étaient pas programmés. Patrick Piedrafita, président de la CCI de Toulouse Haute-Garonne, se dit favorable à un soutien à l'activité économique « sans mesures restrictives pour les vols de nuit mais en poursuivant les démarches vertueuses de réduction de ces derniers ». Ce qui fait dire au président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc qu'« il reste encore du travail à faire pour arriver à des points de convergence pour allier le développement économique du territoire et que les populations ne subissent pas davantage de nuisances aériennes ».

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